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Avec Jésus, il n’y a pas de place pour les petits arrangements avec Satan

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Jean-Michel Castaing - publié le 05/03/22
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En refusant de pactiser avec le démon, Jésus nous met en garde contre un être malfaisant qui est plus redoutable qu’une certaine imagerie ne le laisse penser. Dans l’amour du Christ, il n’y a pas de place pour les demi-mesures et les compromissions.

Par sa lutte contre les desseins de Dieu, le diable a démontré qu’il est un être foncièrement irrationnel. Cependant, étant un ange très intelligent et doué de volonté — en vertu de quoi il est responsable de son péché —, il est également doué de raison. Or, c’est à cette raison — raison partielle, partiale et tronquée — que le Malin en appelle pour convaincre le Christ de l’adorer en se jetant à ses pieds ! Telle est la seconde tentation que nous raconte saint Luc dans l’évangile du premier dimanche du carême (Lc 4, 1-13) ?

Le raisonnement biaisé de Satan

Comment le diable s’y prend-il pour suggérer au Christ de l’adorer ? Il semble dire à Jésus : « Tu vois bien que le penchant des hommes pour le mal est irrésistible et inguérissable ! Si tu veux régner sur les cœurs, tu ferais mieux de tenir compte de cette constante de la condition humaine et de pactiser avec moi ! Tu sais bien que je règne sur les royaumes de la terre ! Quelle idée de vouloir éradiquer à la racine le mal dans lequel se complaisent les créatures humaines ! Crois-moi, la meilleure solution consiste à passer un modus vivendi avec moi : à toi les velléités de bonnes actions des fils d’Adam, les bonnes intentions (« sans lendemain » pense le Malin), une bonne conscience de façade, de petites bonnes actions de loin en loin, à moi le disque dur et la mémoire longue du mal qui constitue le fond de leurs cœurs ! Regarde la réalité en face ! Ils seront toujours égoïstes, querelleurs, jaloux les uns des autres ! Partageons-nous leurs cœurs ! » Tel est l’accommodement « raisonnable » que Satan propose au Christ ! Sa proposition de se faire adorer par Jésus est moins grossière qu’elle n’y paraît. Elle part du constat de la solidité du règne du mal sur nos esprits. Superbe, madré et calculateur, Satan offre au Christ un compromis.

Satan devine que le Christ lui ravit son pouvoir

Or, de cet accommodement raisonnable, Jésus ne veut à aucun prix. Il est venu pour extirper le mal jusqu’à ses ultimes profondeurs dans les consciences. À cet instant, est-ce que le diable juge le projet du Christ réalisable ? On l’ignore. Toutefois, s’il a deviné que Jésus est le Fils de Dieu, peut-être a-t-il alors l’intuition que l’entreprise radicale de vaincre le mal à la racine — entreprise qui n’est pas à la mesure humaine — est à la portée du Christ. Dans ce cas, c’est tout son pouvoir qui est menacé ! D’où l’urgence pour le diable de passer un deal avec le Fils de Dieu. Nous, nous savons que Jésus a réussi. Nous savons que Jésus nous aime follement parce qu’il a décidé et réalisé ce projet que Dieu seul pouvait mener à bien : extirper le mal à la source en se rendant maître des cœurs. Et cette victoire passera par la Croix. D’ailleurs, ce règne sans contrainte sur les cœurs de la part de Dieu relève de la plus stricte justice puisque c’est Dieu qui les créa à l’origine. 

Le Christ ne nous aime pas à moitié

En ne pactisant pas avec Satan, en refusant le compromis que celui-ci lui propose, Jésus nous révèle quatre choses. D’abord, il a conscience d’être le Fils de Dieu. Ensuite, en cette qualité, il sait pouvoir régner pacifiquement sur les cœurs à la place du diable qui a usurpé la domination de Dieu sur eux.

Troisième révélation : en vainquant cette tentation, Jésus porte au jour son amour pour nous parce qu’on ne s’engage pas dans un tel combat pour la libération de notre esclavage spirituel — combat que le Christ, comme Satan du reste, sait être ardu et douloureux — sans être motivé par une charité prête à tous les sacrifices ! Car le véritable amour se reconnaît à ce qu’il ne transige pas avec le bonheur de la personne qui en est l’objet. Paradoxalement, en soulignant la difficulté de la tâche qui attend le Christ — difficulté qui motive son outrecuidance à se faire adorer par le Fils de Dieu —, Satan démontre la valeur de l’amour que Jésus nous porte en acceptant de ne pas pactiser avec l’ennemi du genre humain et en choisissant l’option ardue de nous rendre parfaits. L’amour ne fait pas les choses à moitié : dans celui que nous porte Jésus, il n’y a pas de place pour les demi-mesures et les compromissions avec la laideur démoniaque. Avec le Christ, le diable ne pourra pas compter sur une hypothétique « part du feu » qui serait concédée aux penchants mauvais ou égoïstes. 

Enfin, quatrième révélation de cet épisode : Satan n’est pas un bouffon gentil et prêt aux « petits arrangements entre amis » —  arrangements ne tirant pas à conséquence. Satan est un être redoutable qui ne lâchera pas sa proie humaine dès lors que celle-ci lui aura cédé un peu de terrain. En déclinant sa proposition d’« accommodement raisonnable », Jésus nous met en garde contre les petites tentations du Malin qui peuvent entraîner de grandes conséquences.  

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