"Le pape Jean Paul II disait que chaque ascension qui comporte des difficultés et de la fatigue est récompensée par la possibilité de toucher et expérimenter Dieu", rappelle dans son livre Pap Wojtyla e il generale (Le pape Wojtyla et le général) le général Enrico Marinelli, qui était pendant quinze ans, responsable de la sécurité de Jean Paul II lors de tous ses déplacements sur le territoire italien.
Protéger Jean Paul II, était parfois mission presqu’impossible. C’est bien connu : depuis sa jeunesse, outre la natation et le kayak, le grand amour de ce pape passionné de sports, c’était la montagne. Et une fois élu au trône de Pierre, ce grand amour n'a pas du tout diminué. Au contraire, il a fallu prendre des mesures inhabituelles pour que cet athlète en soutane blanche puisse pratiquer ses sports favoris. Alors, comment le général a-t-il fait ?
Athlète en soutane blanche
Jean Paul II s'échappait aussi souvent qu'il le pouvait dans les montagnes. Il gravissait des sentiers difficiles, laissant souvent loin derrière lui ses gardes du corps. Avant d’être élu pape, ce grand amateur de ski et de randonnées qui habitait Cracovie, située à une centaine de kilomètres des Tatras, pratiquait ces deux sports régulièrement. Quant aux sommets italiens, dès le début, il avait décidé de s’y échapper de temps en temps et d’y trouver des endroits où il se sentirait comme chez lui.
Comme l’explique Enrico Marinelli, il y a très rapidement pris goût : "Adamello, Lorenzo, Grań Sasso, la vallée d'Aoste : dans tous ces endroits, la blancheur de la neige pure cachait bien celle de la soutane du Saint-Père", se souvient-il. Bien évidemment ces escapades se déroulaient dans le plus grand secret. Seulement ceux qui supervisaient sa sécurité étaient au courant. "Lorsque le Saint-Père disait à son entourage qu’il voulait passer quelques heures, parfois quelques jours en dehors du Vatican, il étonnait toujours ceux qui pensaient tout naturellement à Castel Gandolfo, sa résidence d’été : pour Jean Paul II « en dehors du Vatican » signifiait partir dans un endroit sauvage, éloigné et bien isolé », explique Enrico Marinelli dans son livre.
Les voitures le transportaient jusqu'au point de départ de l'ascension de la montagne à gravir. Habituellement, c'était chaque mardi : le pape avait alors une journée relativement libre...
Le général organisait alors des contrôles de sécurité approfondis dans la région concernée, au moyen d’inspections locales par les carabinieri. Une fois le secteur sécurisé, la discrétion était poussée à son maximum. Même les habitants n’étaient pas au courant des excursions du pape. Les voitures le transportaient jusqu'au point de départ de l'ascension de la montagne à gravir. "Habituellement, c'était chaque mardi : le pape avait alors une journée relativement libre", écrit Marinelli.
Se ressourcer pour expérimenter Dieu
"Je ne l'ai pas mérité", a dit un jour le pape, plein de gratitude envers le service d’ordre, alors qu’il rentrait d’une escapade secrète en montagne. "Il s’est approché de moi, manifestement à la fois heureux et embarrassé", se souvient Enrico Marinelli. Jean Paul II avait pourtant bien accepté que chacun de ses déplacements secrets hors du Vatican devait impliquer une organisation spéciale des services de sécurité. Après la tentative d'assassinat, le 13 mai 1981 lorsque la menace sur sa vie est devenue une réalité, chaque écart par rapport au protocole quotidien était à la fois un risque et un défi.
Mais Jean Paul II avait réellement besoin de ces moments d’isolement et d’exercice sportif. Il avait besoin de skierd en hiver, et de faire des randonnées en montagne les autres saisons. Les gardes personnels qui s'occupaient de lui au quotidien le comprenaient. Ils étaient également prêts à l'aider à réaliser ces quelques escapades secrètes qu'il demandait régulièrement. Ils sont ces serviteurs discrets qui ont certainement contribué, par leur efficacité, à permettre au pape polonais d’exercer un des pontificats les plus longs de l’histoire.