Après le choc et la consternation vient le temps d’accueillir les accablantes révélations du rapport de la Ciase en assemblée paroissiale. Une démarche particulièrement délicate pour les prêtres, bouleversés dans leur mission de pasteur et accablés de honte et de tristesse. Mais ne pas l'évoquer pourrait ressembler à de l'indifférence. Alors comment en parler de manière ajustée ? Que proposer aux fidèles désireux de répondre à l'appel à la conversion de l'Église ? Voici six idées, vécues au sein de différentes paroisses, pour rassembler la communauté autour de la prière et d'actes de pénitence.
1Une démarche pénitentielle spécifique
Habituellement, la prière Je confesse à Dieu est récitée au début de la messe, après le chant d'entrée. Une manière pour les fidèles d’avouer leurs péchés et de faire appel à la miséricorde divine. En cette période douloureuse où l’Église reçoit les révélations de la Ciase, une démarche pénitentielle spécifique peut être entreprise. Au début de la messe, au moment du Confiteor, les fidèles peuvent être invités à se mettre à genoux et à prendre un temps de silence. Des intentions dédiées peuvent ensuite être récitées par le prêtre. C'est ce qui a été vécu dans le diocèse de Pontoise. Les fidèles ont été invités à demander pardon au nom de l'Église :
2Une journée de jeûne
En signe de pénitence, à l'instar du Mercredi des Cendres et du Vendredi Saint, un jour de jeûne peut aussi être observé. Se priver du nécessaire, c'est se rappeler que Dieu est encore plus nécessaire. Le jeûne aide aussi à s'ouvrir à Dieu et aux autres. Une disposition qui, à l'aube de la conversion de toute l’Église qu’appelle le rapport de la Ciase, semble essentielle. C'est en ce sens que Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, demande à ce qu’une journée de jeûne soit observée par les fidèles de son diocèse ce vendredi 15 octobre : "Dans l’évangile de saint Matthieu, nous avons l’habitude d’entendre "ce que tu fais au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que tu le fais". Aussi je demande à tous les fidèles de s’engager sur ce chemin en lisant ensemble le rapport, en commençant par le recueil des témoignages des personnes victimes pour saisir leur souffrance qui est aussi celle du Seigneur. Pour nous préparer à cette conversion de toute l’Église, je demande aussi que soit observée une journée de jeûne le vendredi 15 octobre sur le diocèse de Paris."
3Ornements liturgiques violets
Dans la liturgie, le violet est la couleur des temps de pénitence. Il est utilisé pour les temps de l’Avent et du Carême, et pour les célébrations pénitentielles. Pourquoi ne pas le revêtir en signe de pénitence et de désir de conversion ? C'est ce qu'ont fait les prêtres du foyer de charité de Tressaint (22) en portant une étole et une chasuble violettes lors de la messe dominicale.
4Pendant l'homélie
L'homélie est le lieu où le prêtre peut s'exprimer le plus librement. Il peut ainsi faire part à ses paroissiens de ses réflexions, de son espérance, mais aussi de ses émotions ressenties à la publication du rapport. De nombreux prêtres ont ainsi partagé leur tristesse, leur douleur, leur honte, leur peur parfois, leur détermination à voir l'Église entreprendre les réformes nécessaires pour qu'elle soit une maison sûre pour tous. À Toulouse, le père Simon d’Artigue a souligné que le temps du dépouillement et de la réforme était venu.
5Des intentions de prière universelle dédiées
La prière universelle est l’occasion de confier au Seigneur les victimes, les prêtres et toute l’Eglise, afin que cette démarche de vérité contribue à faire de l’Eglise une maison sûre pour chacun. Les diocèses bretons de Quimper et Léon, et de Saint-Brieux et Tréguier proposent des intentions dédiées :
6Des temps de parole et de partage
En dehors de la messe, il peut être bienvenu d'organiser des temps de parole et de partage autour du rapport de la Ciase. Une manière d'accueillir les réactions des fidèles. Cela peut consister simplement à le lire ensemble, en petit groupe, et échanger. Cela peut aussi donner à lieu à des interventions de personnalités compétentes pour parler du sujet. Et c'est enfin l'occasion de prier pour les victimes, plus encore celles qui seraient dans sa paroisse, et pour la conversion de sa propre communauté.