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Noël, un signal gravé dans l’espérance des hommes

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Benoist de Sinety - publié le 27/12/20 - mis à jour le 10/11/21
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Comme ces signaux fraternels lancés par les hommes depuis la nuit des temps, la crèche de Bethléem est un message.

Dans l’épaisse moiteur de la forêt colombienne, à des milliers de kilomètres d’ici, et à des années lumières de notre époque scintillante, des archéologues mettent à jour la plus formidable découverte de peintures rupestres datant de plus de 12.000 ans avant notre ère… Des milliers de dessins, représentant des formes géométriques, des animaux dont certains ont disparu il y a des millénaires : autant de signes étudiés avec passion par des savants de tous poils et des foules d’amateurs.

Il est presque hypnotisant de rechercher les traces de ce que nous avons été, de la manière dont, avant nous, les hommes s’en sortaient de cette vie sur terre. Mais le plus émouvant peut-être au milieu de ces dessins si riches et si précis, ce sont ces empreintes de mains, peintes à l’ocre rouge, sur la roche, comme un salut gravé pour toujours, adressé au futur par ceux qui, il y a si longtemps, ont goûté la joie et les incertitudes de l’existence humaine.

Bouteilles à la mer

En rentrant chez moi l’autre soir, remontant seul une petite ruelle peu fréquentée, j’avisai deux jeunes filles qui, me tournant le dos, face à un téléphone posé en équilibre sur une fenêtre d’un rez-de-chaussée accueillant, se trémoussaient au son d’une mélodie rythmée. Elles répétaient une sorte de chorégraphie dont elles me dirent, croisant mon regard incrédule, qu’elle était destinée à un message de Noël qu’elles postaient sur TikTok (au cas où ce nom n’évoque rien, je vous invite à interroger ceux qui autour de vous ont moins de 20 ans : ils seront ravis de vous instruire).

Venu du fond des temps, ou du nuage de la Modernité, cette main peinte ou ces signes filmés ont cette fragilité touchante des bouteilles à la mer. Signaux lancés vers l’inconnu qui un jour le lira et l’accueillera peut-être avec reconnaissance. Gestes d’amitié qui enjambent les siècles ou les distances et qui, multipliés, nous relient en nous rendant plus solidaires les uns des autres.

Le salut de Noël

Des forêts colombiennes aux ruelles de Paris, il y a cette aspiration de toujours à oser tendre la main plutôt qu’à la refermer, comme si le réflexe premier était d’ouvrir plutôt que de rejeter, d’accueillir plutôt que de refuser, de sauver plutôt que de perdre. Ces saluts anonymes qu’ils soient motivés par les rêveries d’un retour de chasse pour nos lointains ancêtres, ou par la légèreté plus contemporaine d’une atmosphère de fête, se ressemblent en fait.

En célébrant au long de cette semaine l’octave de Noël, il est bon de reconnaître dans ce signe de l’enfant né dans la crèche, le salut que nous adresse Celui qui s’y révèle. Apparemment plus fragile que le roc indestructible au fin fond d’une forêt inexplorée, apparemment plus discret que la puissance de diffusion d’une image sur Internet, ce salut-là est pourtant gravé plus profondément encore dans l’Espérance du monde. Il n’en sera que plus accessible si nous n’oublions pas, dans la joie de la fête, de répercuter au-delà de nos frontières intimes les gestes qui le rendent décryptable à tous.

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