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Pie XI, un pape au cœur de la montée de tous les périls 

PIE XI
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Marguerite Pradère - publié le 10/05/18
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Pendant près de vingt ans, Pie XI (1922-1939) a dirigé l’Église catholique avec courage et clairvoyance dans un contexte international chaotique, à la recherche de la paix entre les peuples. Retour sur son pontificat à l'occasion du 100e anniversaire de son élection.

En 2018, l’historien Marcel Launay a publié aux éditions du Cerf une biographie du pape Pie XI en s’appuyant sur les archives vaticanes mises à la disposition du public en 2003. Le 100e anniversaire de l'élection de Pie XI est l’occasion de revenir sur la vie et l’œuvre de ce pape qui « régna pendant près de vingt ans avec autorité et courage en combattant toutes les formes du mal », de la déchristianisation de la société à la montée des totalitarisme.

Pie, un nom de paix dans un chaos universel

À l'âge de 64 ans, Pie XI est élu pape le 6 février 1922, à la mort de son prédécesseur Benoît XV. Dans une encyclique Ubi arcano Dei, texte inaugural de son pontificat, il dresse un tableau pessimiste de la situation internationale au lendemain de la première guerre mondiale : « Au lieu de la tranquillité de l’ordre, gardienne de la paix, règnent un trouble et un chaos universels. Loin d’avancer indéfiniment dans la voie du progrès, comme l’on a coutume de s’en vanter, l’humanité semble retourner à la barbarie ».

Sa première préoccupation est la recherche de la paix véritable des peuples, qui est à trouver dans « la paix du Christ par le règne du Christ ». « Pie est un nom de paix », rappelle-t-il après son élection par le conclave. Il marque ainsi sa volonté de s’inscrire dans la lignée de son prédécesseur Benoît XV, surnommé le « Pape de la paix », qui pendant la première guerre mondiale n’a cessé d’appeler l’ensemble des belligérants à la paix. L’œuvre de pacification de Pie XI se déploie d’abord dans les relations avec l’Italie, grâce aux accords du Latran en 1929 par lesquels sont reconnues l’indépendance de l’Église et la création de l’État de la Cité du Vatican.

En 1937, le pape Pie XI publie coup sur coup trois encycliques portant condamnation de régimes qui ont en commun de persécuter l’Église : le communisme « bolchévique et athée », qualifié d’ « intrinsèquement pervers » par l’encyclique Divini Redemptoris, le nazisme par la célèbre encyclique Mit brennender Sorge et l’oppression des catholiques au Mexique pendant la guerre des Cristeros par l’encyclique Firmissimam Constantiam. Jusqu’à la veille de sa mort, Pie XI n’a cessé d’appeler à la paix. Lors d’une de ses dernières audiences, en 1939, recevant Chamberlain, premier ministre de Grande-Bretagne et son ministre des Affaires étrangères Lord Halifax, il les met en garde contre les dangers que représente Hitler.

Son secrétaire Carlo Confalonieri salue sa clairvoyance dans le combat pour la paix : « Sentinelle vigilante du règne de Dieu, Pie XI, dès qu’une nécessité se présentait ou qu’une menace se profilait à l’horizon, élevait la voix pour réconforter ou fortifier, et sa voix était un avertissement et une lumière dans un temps, non seulement pour la chrétienté mais pour le monde entier qui était à l’écoute ».

Le Pape de l’Action catholique

Dans ce contexte international chaotique, Pie XI défend un grand projet de rechristianisation de la société, qui place les laïcs au cœur de l’action. Comme l’explique Marcel Launay, il entend proposer « une vision chrétienne englobant toutes les sphères de la vie publique et privée » en « attribuant aux laïcs une responsabilité particulière dans son établissement ». C’est l’objectif de l’Action catholique, qui, avec son soutien, réunit l’ensemble des mouvements créés par l’Église à destination de catégories précises de la société. C’est l’exemple bien connu en France de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). Les laïcs sont appelés à se mobiliser face au laïcisme, en vue de la création d’une « culture catholique universelle capable de rivaliser avec les cultures rivales émergentes, comme le socialisme ou le totalitarisme, perçus comme fondamentalement destructeurs de la foi ». « Tous les fidèles sont appelés à collaborer (à l’apostolat), car tous peuvent travailler dans la vigne du seigneur », rappelle Pie XI.

Par les canonisations qui jalonnent son pontificat, Pie XI entend proposer au peuple chrétien des modèles de vie. Les premiers concernés par son appel à la sainteté sont les prêtres, avec la canonisation de Jean-Marie Vianney en juillet 1925. Les religieux et les religieuses ne sont pas oubliés, avec l’exemple de Thérèse de Lisieux, canonisée en 1925 et pour qui le pape avait une véritable dévotion. Comme visionnaire et exemple de modestie, Bernadette Soubirous est canonisée en 1933. C’est le cas aussi de deux fondatrices d’ordre : Madeleine-Sophie Barat en 1925 et Louise de Marillac en 1934.

Comme l’explique Marcel Launay, le pontificat de Pie XI, a porté du fruit : « Le pape laissait une Église en état de marche confortée dans le projet de rechristianisation de la société avec le rôle de l’Action catholique dont les fruits déjà sensibles se révèleront après la seconde guerre mondiale ».

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