Adieu enfance, bonjour puberté. Leur corps change anarchiquement, leurs notes vacillent, leurs amours patinent… et nous, leurs parents, on se sent bien démuni devant les signes de mal-être. Oreilles décollées ou mauvaises notes, les complexes empoisonnent la vie des adolescents. Comment les aider à s’accepter, et même, à réussir à s’aimer dans un monde qui valorise la perfection ? Voici cinq idées à tester en famille pour leur rendre la vie plus douce.
1Oser parler de nos échecs à leur âge
Même s’ils ont l’air de trouver leurs parents nuls, les ados entretiennent une certaine forme d’admiration à leur égard. Une bonne nouvelle pour nous, mais parfois un poids pour eux. Jordan, 19 ans redouble son bac et se voute sous le regard de son père : "Il a toujours tout réussi, moi je rate tout." Un découragement qui peut servir d’alibi à un manque de travail certain, mais à prendre en compte. Il a fallu qu’Éric, ce père admiré comme Joseph Pagnol le fut en son temps de Marcel, lui parle de ses échecs… en sport. Il était bon en maths, mais franchement nul pour tenir un ballon ou courir un cross. Cela a permis à Jordan de nouer une relation plus complice avec son père, n’étant plus envahi par la peur de le décevoir.
2Être souple dans le choix des habits
Emma déteste ses rondeurs et s’habille, été comme hiver, dans de gros pulls piqués à ses frères, ce qui exaspère sa mère qui ne peut s’empêcher de lui faire des remarques. Dans Paroles pour adolescents ou Le complexe du homard, Françoise Dolto souligne à quel point un ado est fragilisé par sa "mue". Les habits protègent, aident à s’intégrer dans un groupe, procurent un sentiment d’appartenance dont un adolescent à besoin pour surmonter ses complexes.
3Valoriser chaque succès
Quel parent n’a pas pointé les mauvaises notes en premier en regardant un bulletin ? Il paraît souvent normal de réussir une interro de maths, au risque de décourager celui qui a du beaucoup travailler pour avoir une bonne note. Sophie Delalonde, en formation à l’association Estimame, anime des ateliers d’estime de soi dans un collège des Yvelines.
Elle témoigne : "Les remarques des enseignants et des parents sur les notes sont parfois terriblement blessantes pour les adolescents que j’accompagne. Certains ont l’impression de n’être qu’un élève pour leurs parents, et de ne parler que de notes à la maison. Ce dont ils ont le plus besoin c’est d’être valorisés, de voir le positif, même dans un bulletin décevant pour les parents" pas question de jouer aux bisounours, mais savoir pointer aussi les progrès, et autoriser le jeune à en être fier. Ce n’est pas de la prétention, mais un moyen de lui donner confiance en lui. En panne d’idée pour féliciter un ado ? Demandez à son parrain ou sa marraine les cinq qualités qu’ils lui trouvent, une bonne aide pour changer de regard et trouver du positif .
4Ne se comparer qu’à soi-même
Jean Monbourquette, psychologue canadien, insiste "de par notre éducation nous avons été habitués à la comparaison, souvent à notre désavantage, et nous continuons avec nos enfants." Se rassurer en se trouvant supérieur à un autre n’est pas non plus une aide. Se comparer à soi-même, parce que chacun est unique, évite la dépendance aux autres et permet d’avoir un regard positif sur soi. Ainsi un ado a-t-il fait un progrès en sport, un autre en chant, en ponctualité ou en ordre. Donner plus d’importance à ses progrès personnels permet d’enlever la focalisation sur un défaut ou un échec complexant.
5Trouver un domaine d’excellence
Même couvert d’acné et en plein échec scolaire, certains ados semblent mieux dans leur peau que d’autres. Leur secret ? ils se reconnaissent des qualités. "C’est un bon moment avec mon groupe de jeunes, poursuit Sophie Delalonde, que celui où je les aide à trouver dix qualités. Ce qui paraît impossible au début se débloque avec quelques exemples et un peu de vocabulaire. Untel se découvrira pugnace, un autre serviable, attentionné, pétillant, à l’écoute, mais aussi certains seront fiers de la ligne de leurs sourcil, ou de leurs cheveux. D’autres parleront de leurs succès en équitation ou de leurs talents de cuisine." Amélie, 15 ans, a accroché dans sa chambre le grand cœur en papier coloré qu’elle a fabriqué, avec dessus ses qualités écrites. Elle le regarde pour s’encourager dans les moments de spleen.
Aider son adolescent à dépasser ses complexes, c’est aussi … savoir se faire aider dans sa mission de parents. Oser parler des ses doutes avec des amis, mais pourquoi pas aussi s’inscrire à un groupe de parentalité. Différentes associations et municipalités en proposent, de quoi arrêter, nous aussi, de complexer de ne pas être un parent parfait.