Six ans après le début du conflit, le nonce apostolique à Damas, le cardinal Mario Zenari, confie ses espoirs. “Espérons que l’année 2017 sera l’année du changement” et que la Syrie sortira enfin de “ce gouffre d’horreurs” dans lequel elle est tombée, il y a six ans, emportée par une guerre dont la “violence et les souffrances inouïes” relèvent de l’inimaginable, a déclaré le cardinal Mario Zenari, nonce apostolique à Damas, un an jour pour jour après les premières manifestations contre le régime du président Assad et le déclenchement de la guerre, en Syrie. Pour lui, a-t-il confié au micro de Radio Vatican, tout ce qui s’est passé en six ans est comparable à “une grosse vague, à un tsunami de violence, d’atrocités et de souffrance qui s’est abattu surtout sur la population civile”.
Le conflit en Syrie est “la pire catastrophe provoquée par l’homme depuis la Seconde Guerre mondiale”, a reconnu le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, à l’occasion de ce triste anniversaire. Comparant lui aussi ce conflit, à “un immense raz-de-marée de sang et d’atrocités”. Ses conséquences à ce jour : plus de 320 000 morts, plus de 11 millions de déplacés et de réfugiés, et un pays en ruine. Des pourparlers entre le gouvernement syrien et les groupes d’opposition doivent reprendre à Genève, sous l’égide de l’ONU, le 23 mars. Parallèlement sont en cours des négociations à Astana au Kazakhstan, parrainées par la Russie, alliée de Damas, et la Turquie, soutien des rebelles.
Entre scepticisme et espoir
Pendant ce temps-là, l’Église s’efforce sur place de semer et entretenir l’espérance d’un déblocage de la situation, les habitants devenus “sceptiques après tant de rencontres qui n’ont rien produit”, a relevé avec amertume le cardinal Zenari. “La guerre ne détruit pas que des immeubles”, a-t-il souligné, mais aussi le moral des personnes. Les personnes sont “détruites psychologiquement”, particulièrement les enfants mais aussi les adultes, les femmes surtout qui doivent porter le fardeau de leur famille, soit parce que leurs maris sont à la guerre soit parce qu’ils ont été tués. “Les familles sont détruites, femmes et enfants dépourvus de protection…”, témoigne le cardinal Zenari.
Le nonce espère encore en la communauté internationale pour débloquer la situation et porter la Syrie vers la paix et la réconciliation. “Les rencontres de Genève et d’Astana ont repris mais les gens sont partagés entre l’espoir et le scepticisme (…) Il faut absolument les aider à tenir bon, à ne pas perdre leur espérance”. Le nonce apostolique à Damas prie et souhaite que cette année 2017 soit l’année d’un véritable changement, ou qu’un terme au moins soit mis à cette descente aux enfers, que tous les efforts seront enfin déployés pour sortir la Syrie du gouffre dans lequel elle est tombée, il y a six ans.
Sur le terrain
La Syrie “continue à souffrir”. Tel est le message clef que le Jesuit Refugee Service (JRS) a voulu lancer en publiant un dossier contenant de nombreuses données relatives à la situation sur le terrain recueillies en prise directe, rapporte l’agence Fides. Selon les chiffres du JRS, aujourd’hui ce sont 13,5 millions de Syriens qui ont besoin d’assistance humanitaire, dont près de la moitié sont des enfants. Plus de 6,3 millions de personnes ont été évacuées. Et quelques 4,9 millions de personnes – en majorité des femmes et des enfants – ont fui dans les pays du Proche-Orient, dont le Liban, la Turquie, la Jordanie, l’Égypte et l’Irak. Mettant sous pression les communautés d’accueil, avec des répercussions importantes d’ordre social, économique et politique”.
“Oui, la souffrance et la douleur sont encore là, mais notre espoir et notre ténacité nous poussent à aller de l’avant”, témoigne néanmoins Lola Mousa, originaire de la campagne, près de la ville de Homs, en Syrie. Comme elle tant d’autres Syriens, malgré les souffrances endurées, veulent continuer à croire en “un nouveau monde”. Le JRS partage sur son site une série de “récits d’espoir pour l’avenir”, montrant comment on peut continuer à insuffler l’espoir dans le cœur des Syriens, dans le pays et hors du pays.