"Le pape François, informé de l’organisation de La Marche pour la vie qui aura lieu le dimanche 22 janvier, salue cordialement…". Ainsi commence la lettre du nonce apostolique en France, Mgr Luigi Ventura, envoyée aux participants, pour leur transmettre le soutien du Saint-Père à une initiative qui, "au-delà de la légitime manifestation en faveur de la défense de la vie humaine », doit les encourager à « œuvrer sans relâche pour l'édification d'une civilisation de l'amour et d'une culture de la vie", lit-on dans la lettre.
Chaque année, depuis 11 ans, La Marche pour la Vie rassemble à Paris des milliers de membres d’associations engagées dans la défense de la vie, dont le mot d’ordre est : « Pour chacun d’entre nous, la vie est ce que nous avons de plus précieux ! ». L’année dernière, la Marche avait été annulée pour cause d’état d’urgence mais l’année précédente elle avait attiré près de 45 000 manifestants, avec le soutien de la Confédération nationale des associations familiales catholiques et de plus en plus d’évêques. Le Pape, dans sa lettre, rappelle que "l’Église ne doit avoir de cesse d’être l’avocate de la vie, et ne doit pas renoncer à annoncer que la vie humaine doit être protégée sans condition, depuis le moment de la conception jusqu’à la mort naturelle".
Pas la première fois
Ce n’est pas la première fois que le Saint-Père transmet officiellement son soutien aux manifestants d’une marche pour la vie : en 2015, il avait apporté son soutien à celle de Washington par un tweet, "Chaque vie est un don", et en 2014 à celle de Paris, en invitant les participants à "garder le cap" sur "un sujet si important". Dans son sillage cette année, le cardinal Robert Sarah, préfet de la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, qui a fait part de son soutien, et de façon plus marquée encore les évêques de France, de plus en plus nombreux à faire acte de présence sur les lieux de la manifestation.
Germes d'une révolte?
Pour Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, et premier évêque à avoir participé à une Marche pour la vie, en 2010, "l’avortement est une question cruciale, il est important que les évêques soient présents (…) Mais c’est toute la société qui devrait se révolter", confie-t-il dans un entretien à Famille Chrétienne. Moins de deux mois après l’adoption par les députés français de la proposition de loi élargissant le délit d’entrave à l’avortement, cette marche, visant au contraire une "grande politique d’accompagnement des femmes enceintes et d’accueil de la vie", prend une tournure particulière.
Le thème de sa campagne "IVG tous concerné !" rappelle que la décision d’avorter est souvent le fruit "d’une lâcheté collective qui abandonne la femme en la sommant de faire un choix alors qu’elle est précisément dans une situation qui demande un engagement et des encouragements", comme soulignent les organisateurs dans leur appel à participer à la campagne et venir nombreux au rassemblement de Paris.
Droit civil et droit à la vie
Quelques jours après la sortie du rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) qui soutient l’extension du délit d’entrave à l’IVG, recommandant de faciliter encore plus l’IVG sans aucune proposition pour aider les femmes à l’éviter, la tension est montée d’un cran et les associations solidaires "des plus fragiles" comme Alliance Vita sont passés à la vitesse supérieure, encouragent leurs sympathisants à une participation massive. Comment le HCE, qui prétend défendre la cause des femmes, peut-il se réjouir de la suppression du critère de détresse et du délai de réflexion pour avoir recours à l’IVG ? Dans ce domaine, réagit Tugdual Derville, le délégué général d’Alliance Vita, l’instauration d’une police de la pensée relève du déni du réel : dans tout avortement subi, c’est le destin d’une autre vie humaine qui est scellé. Cela ne sera jamais anodin, ni pour les femmes, ni pour la société".
Au moment où le gouvernement veut faire taire, les personnes qui veulent aider les couples, les femmes seules, attendant un enfant, cette Marche pour la vie est "un encouragement pour chacun de nous à servir la vie naissante, à la protéger, la défendre, écouter les angoisses, la solitude et être le bon samaritain dont parle souvent le pape François », souligne la famille missionnaire de l’Évangile de la Vie. Le mouvement, né dans le sillage de l’encyclique Evangelium Vitae du pape Jean Paul II, en 1995, reconnaît que le soutien du Pape, en plein centenaire des apparitions de Notre-Dame à Fatima (13 mai 2017) – à laquelle il a consacré son pontificat – arrive à point nommé, "la vie et la famille" constituant le cœur de son message et donc celui du Pape qui se rendra à Fatima les 12 et 13 mai prochains pour les célébrer à travers elle.
"La vie humaine est sacrée et inviolable. Le droit civil repose sur la reconnaissance de ce droit à la vie, « primordial et fondamental » et « qui n’est subordonné à aucune condition ni qualitative, ni économique, ni idéologique », avait déclaré le pape François, en rencontrant les membres du mouvement italien pour la vie. Dans une forte allocution, largement répercuté par les medias, le Saint-Père dénonçait « une culture qui met l’homme à l’écart (la « culture du déchet » ou « du rebut ») et une économie qui fait de l’homme « un bien de consommation ».