Noël continue jusqu’au baptême du Christ, fêté le 8 janvier cette année.
Noël remplit les catalogues et les enseignes de magasins dès que le mois de novembre approche, si bien que l’on est tenté, après deux mois de guirlandes, de tout bazarder dès le lendemain, en même temps que le sapin qui perd ses épines. Une triste habitude, très éloignée des coutumes de nos ancêtres, qui conservaient la crèche jusqu’à la Chandeleur, et pour qui l’Épiphanie n’était pas une fête de deuxième ordre.
Complot consumériste
Melanie Mac Donald, journaliste au Catholic Herald Tribune, voit dans la façon que nous avons de solder la fête, dès la fin décembre, une habitude héritée du XIXe siècle. Et une habitude déjà dictée par le consumérisme : “C’était dans l’intérêt de la société commerciale du XIXe siècle de remettre tout le monde au travail rapidement”, détaille-t-elle. Au XXIe siècle, on comprend facilement que la publicité évacue Noël après le 24 décembre, mais devrions nous suivre son exemple ? Cela nous laisserait dans une période assez grise, sans fête à l’horizon, avec un printemps encore très lointain, drôle de façon de commencer l’année… Peut-être, avance Melanie Mac Donald, que ce grand creux explique le succès de la saint Valentin.
Contre le consumérisme, faites la fête !
Outre les galettes de janvier et les crêpes de février, la période de Noël devrait être un moment pour se retrouver, ne pas laisser retomber la fête, assure la journaliste. Elle propose donc un programme chargé… Pourquoi, par exemple ne pas fêter dignement le baptême du Christ, comme le font notamment les Bulgares ?
Un acte de résistance
Elle voit dans cette réappropriation de symbole ancien un véritable acte de résistance. “Si la société séculaire s’est approprié l’Avent pour des célébrations prématurées, nous pouvons récupérer janvier pour conserver un esprit festif”, revendique-t-elle. Cette récupération n’est jamais qu’un retour aux racines de fêtes sécularisées. De même qu’elle explique à ses enfants que le père Noël est un saint Nicolas mal déguisé, elle met un point d’honneur à multiplier les invitations de la période de Noël, de l’Épiphanie à la Chandeleur. Évidemment, rien n’interdit d’avoir la main légère en cuisine, car si la période de Noël est riche en symboles, elle s’accompagne de traditions culinaires toute aussi riches. De galettes-frangipanes en crêpes au beurre, elles pourraient achever les courageux défenseurs de l’esprit de Noël. Personne n’est obligé de partager le sort de dom Balaguère, le chapelain des Trois messes basses d’Alphonse Daudet.