La situation devient de plus en plus compliquée au Gabon, où la France compte une dizaine de milliers de ressortissants pour seulement 450 militaires.
Le manque de transparence aux élections a provoqué un violent mouvement de contestation. Si le bilan annoncé est pour le moment relativement léger (entre 1 et 2 morts), la situation n’en est pas moins préoccupante. Face à ces évènements quelles sont les perspectives d’action pour la France?
L’appel au calme
François Hollande a appelé “toutes les parties à la retenue et à l’apaisement”. En même temps, le site de la diplomatie transmettait le message suivant: “compte tenu des désordres actuels, il est vivement déconseillé de circuler à Libreville et sur l’ensemble du territoire gabonais. Il convient de se conformer strictement aux consignes de prudence et de rester à domicile”. Une cellule de crise a aussitôt été ouverte. Le porte-parole du chef d’état-major des armées, le colonel Steiger, a insisté sur le fait qu’il s’agissait “d”une affaire interne gabonaise”.
La présence militaire française
La France compte environ 450 hommes déployés au Gabon, au sein de la 6e BIMa (Brigade d’Infanterie de Marine). Depuis le début des affrontements, les ordres ont été donnés de ne plus effectuer la moindre sortie en ville afin d’éviter tout malentendu avec la population. Il est très probable que la base militaire soit victime de quelques harcèlements, certains profitant du chaos général pour régler leurs comptes avec les militaires français. Le fait n’est pas nouveau, mais ne met pas en danger la sécurité de la caserne.
Quelles options?
La diplomatie française consiste actuellement à se borner à demander que le décompte des voix soit à nouveau fait, cette fois-ci avec transparence. Cette position est évidemment la partie visible de l’iceberg. En parallèle, la France doit être en mesure d’évacuer ses ressortissants en toute sécurité si la situation venait à dégénérer. Les moyens à sa disposition sont limités. Les forces sur place sont trop peu nombreuses et les opérations dans les pays alentours impliquent que la France n’a actuellement pas les ressources nécessaires. La réduction drastique des forces prépositionnées à Djibouti ne permet plus de disposer d’un effectif suffisant (le Gabon compte 10 000 ressortissants français, Ndlr).
L’une des solutions possibles pour la France serait de décider de changer la mission du porte-avion Charles de Gaulle, initialement prévu pour un nouveau départ au large de la Syrie vers la mi-septembre. Le déploiement d’un GAN (Groupe AéroNaval) sur zone pourrait permettre de grandement faciliter la conduite des opérations si une évacuation générale devait être décidée.
Éviter le piège de l’interventionnisme
Actuellement, le problème le plus urgent et le plus délicat pour la France n’est pas le manque de transparence ou le décompte des voix. Les annonces du président français font partie d’un jeu diplomatique nécessaire. En revanche, bien plus préoccupante est la situation des ressortissants si une évacuation devait rapidement se décider. Un président accroché au pouvoir, des élections truquées, un rival qui fait appel à l’aide internationale pour empêcher le bain de sang : le scénario est malheureusement déjà connu. Ces arguments pourraient faire mouche et provoquer une réaction internationale. Mais le risque d’enlisement est très élevé.
Préparer une évacuation des ressortissants et de la 6e BIMa par voie maritime, en cas de dégradation du niveau de sécurité, est une bonne option à court terme. Actuellement la situation, quoique précaire, reste contenue. Mais si ces affrontements s’intensifient, il est peu probable que la communauté internationale ne réagisse pas. Et si elle décide d’agir, ce sera dans une zone où la présence de la France est indispensable. Il faudra réussir à ne pas y engager nos troupes pour éviter une nouvelle ouverture de théâtre.
Le seul espoir plausible est un retour rapide à une pseudo paix sociale.