C’est une première dans l’histoire des jeux Olympiques. Ils sont dix et après avoir survécu à la guerre, ils viennent chercher la victoire.Au-delà de la compétition sportive qui s’annonce, le message de la délégation de réfugiés est porteur d’espoir et d’humanité. Ils font partie de ces pays marqués par la crise et la guerre que le Comité international olympique (CIO) n’a pas reconnu. C’est donc en qualité d’athlètes indépendants qu’ils défileront derrière la bannière olympique en avant-dernière position, succédés par les Brésiliens.
Ambassadeurs pour la paix
Parmi l’équipe de sportifs, deux viennent de Syrie, cinq du Soudan du Sud, deux du Congo et un d’Éthiopie en natation, athlétisme et judo : six hommes et quatre femmes. S’ils viennent pour jouer leur place d’athlète et montrer leurs performances, ils représentent aussi les 60 millions de réfugiés à travers le monde. Leur entraîneur “veut croire qu’ils joueront un rôle essentiel à leur retour pour leur pays dont ils deviendront des ambassadeurs pour la paix”, rapporte Africanews.
Le judoka congolais Popole Misenga s’adresse aux autres réfugiés.
“Mon message pour eux serait de ne pas perdre espoir et de continuer à croire, d’avoir la foi dans leur cœur. Nous avons traversé beaucoup de souffrance au Congo, et c’est encore le cas aujourd’hui. C’est le cas de tous les réfugiés dans le monde qui souffrent de la perte de leurs familles, des guerres, des morts. Quand je pense que je suis maintenant un athlète olympique, c’est vraiment étrange. C’est réel ; ce n’est pas un rêve, mais la vérité, la réalité.”
Des athlètes de la survie
Chez certains, le courage a déjà été prouvé bien avant les épreuves de Rio. En effet, la nageuse syrienne de 18 ans Yusra Mardini avait nagé pour sa survie il y a à peine un an lors d’une traversée dangereuse vers l’île de Lesbos. L’embarcation était chargée et défectueuse. “L’eau commençant à pénétrer à bord, Yusra et sa sœur ont sauté à l’eau et tiré le bateau à la nage pendant trois heures et demie jusqu’à ce que tout le monde soit sauf”, explique le quotidien Sud Ouest.
L’autre nageur syrien, Rami Anis, qui a fui son pays pour ne pas être enrôlé dans l’armée, déclare : “Nous représentons des personnes qui ont perdu leurs droits fondamentaux et font face à des injustices”. Enfin, pour la Congolaise Yolande Mabika, réfugiée au Brésil, l’enjeu des JO “n’est pas seulement un combat sportif, c’est une lutte pour la survie”, celle de leur pays, de leurs racines et de leurs compatriotes. Leurs pays d’adoption les ont tous soutenus pour leur permettre de s’entraîner dans les meilleures conditions. Signe concret d’encouragement et de reconnaissance.
Une guerre contre la crise
Si Olympe est le dieu de la guerre, celle menée par le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, ne s’arrête pas à la loi du plus fort. Il est à l’initiative de l’invitation aux migrants de participer à l’événement et a pour but “d’envoyer un message d’espoir à tous les réfugiés de la planète” et de “permettre au monde de mieux se rendre compte de l’ampleur de cette crise”. Il va plus loin en ajoutant vouloir envoyer “un signal à la communauté internationale, à savoir que les réfugiés sont des êtres humains et sont un enrichissement pour la société. Ces athlètes réfugiés montreront au monde qu’en dépit des tragédies inimaginables qu’ils ont vécues, ils peuvent eux aussi, à l’instar de tout un chacun, mettre leur talent, leurs compétences et leur force d’esprit au service de la société”.
Compte tenu de la situation internationale, le Comité a débloqué un fonds d’urgence spécial de deux millions de dollars afin de mettre en route des projets d’aide par le sport en collaboration avec les comités nationaux olympiques du monde entier. Plus de quinze d’entre eux ont eu recours à ce fonds. En collaboration avec des agences des Nations unies des perspectives sont lancées pour aider davantage de réfugiés. Ces vingt dernières années, le CIO a déjà contribué au rétablissement et au développement des jeunes réfugiés dans de nombreux camps et installations. Des milliers de réfugiés ont ainsi bénéficié des programmes sportifs et des équipements offerts.
Les 31e jeux Olympiques se dérouleront du 5 au 21 août. Environ 10 500 athlètes de plus de 200 pays participeront dans 28 disciplines, pour lesquelles 98 remises de médailles seront organisées.
Nous souhaitons aux dix réfugiés de vivre, plutôt que survivre, pleinement ce fabuleux événement.