Le théologien italien commente les paroles du pape François et le geste des musulmans marquant leur solidarité et compassion après l’assassinat du père Hamel.
Le Pape ne fait pas “d’angélisme”. Sa réponse à la violence des terroristes islamistes est au contraire une “réponse forte et convaincue”, et la décision des musulmans de manifester leur solidarité aux chrétiens après le meurtre barbare du père Jacques Hamel est un geste “nouveau et important”, commente au micro de Vatican Insider, le théologien italien Bruno Forte, archevêque de Chieti-Vasto, en évoquant la visite, dimanche, de croyants musulmans dans les églises, notamment de France et d’Italie, pour honorer la mémoire du vicaire de Saint-Étienne-du-Rouvray, cinq jours après son assassinat.
Solidarité musulmane
Dimanche, à Rouen, ils étaient une centaine de musulmans à se presser aux portes de la cathédrale, bondée de fidèles, pour rendre hommage au père Hamel. Ces derniers répondaient à l’appel du Conseil français du culte musulman (CFCM) aux responsables de mosquées, imams et fidèles à rendre visite aux églises qui leurs sont proches pour exprimer leur “solidarité et compassion”. Pour Mgr Bruno Forte, “ce geste indique clairement que la communauté musulmane tient à témoigner publiquement sa proximité aux chrétiens frappés par des épisodes barbares comme celui qui est arrivé au père Hamel”. Il illustre ce que le pape François a dit : “La violence commise au nom de Dieu, en abusant de Son nom, n’est jamais justifiée. La vraie guerre sainte – ou djihad – est une lutte contre soi-même sur le mal, pour que triomphe le bien”.
À ceux qui réclament une réponse forte contre l’islam face au terrorisme djihadiste, le Pape répond qu’il ne s’agit pas d’une guerre de religion et demande aux jeunes de ne pas céder à cette logique, leur rappelant que la haine ne sera jamais vaincue par plus de haine. Mgr Forte commente : “Je suis profondément convaincu que le Pape donne ici le seul et unique message capable de porter du fruit dans ce monde. Répondre à la violence par la violence, nous dit le Pape, ne fait qu’augmenter la haine et la mort. Par contre, répondre par la miséricorde et le pardon permet de bâtir un monde plus juste et plus fraternel”.
Un Pape évangélique et non défaitiste
Face aux événements comme ceux de Nice, Munich, et Rouen, le Pape – et tous ceux qui comme lui rejettent la violence comme réponse à la violence – est accusé “d’angélisme”. Un terme que réfute le théologien italien : “C’est faire passer le Saint-Père pour un défaitiste, alors que ce qu’il propose est au contraire une attitude forte et convaincue, de ceux qui savent que la force, la violence, la fermeture, finissent toujours par ne produire que souffrances et morts”. Mgr Bruno Forte, dans son sillage, réaffirme au micro d’Andrea Tornielli, que seul “le dialogue, le pardon offert et reçu, à plus ou moins longue échéance, peut construire la concorde et un monde meilleur”. Et d’insister alors : “La réponse du Pape est donc loin d’être passive ou dictée par le défaitisme, la peur, le quiétisme ou une sous-estimation du problème. C’est une réponse forte, sans faire appel à la force, une réponse évangélique destinée à porter ses fruits”.