Après deux nominations féminines à la direction des médias, pour la première fois, une femme dirigera les Musées du Vatican.Une femme dirigera pour la première fois les Musées du Vatican à compter du mois de décembre prochain, a fait savoir l’agence I.media. Il s’agit de l’Italienne Barbara Jatta, 54 ans, actuellement responsable du Cabinet des estampes à la bibliothèque vaticane, qui remplacera donc l’ancien ministre italien de la Culture, Antonio Paolucci, nommé par Benoît XVI en 2007, et arrivé au terme de son troisième mandat.
La date du passage de témoin n’est pas encore officielle mais selon des informations communiquées à l’ensemble des responsables des Musées du Vatican, celui-ci devrait avoir lieu le 4 décembre prochain, après six mois comme directrice adjointe aux côtés du directeur actuel. Diplômée en Lettres à Rome en 1986 avec une thèse en Histoire du dessin, de la gravure et des arts graphiques, Barbara Jatta s’est spécialisée en Histoire de l’art en 1991. Après une expérience dans la restauration de documents graphiques et plusieurs années dans l’enseignement, elle est entrée en 1996 à la Bibliothèque vaticane comme responsable du Cabinet des estampes.
Au cours de ces dernières années, Antonio Paolucci a multiplié les partenariats avec d’autres institutions culturelles, à travers le monde. Il a également été témoin de l’intérêt croissant des touristes pour les cinq galeries et 1400 salles du “musée du Pape”. Avec désormais près de six millions de visiteurs par an, les Musées du Vatican font partie des cinq musées les plus visités au monde. Y avoir mis aujourd’hui une femme à sa tête confirme la volonté du pape François d’accroitre la présence féminine dans les rouages de l’Église. “Une question de complémentarité entre l’homme et la femme”, pourrait-on l’entendre dire, au travail comme à la maison.
Benoît XVI, le promoteur
La participation accrue des femmes est désormais une réalité au Vatican. Encouragée par Benoît XVI qui, durant ses huit années de pontificat (2005-2013), s’est toujours montré attentif à la question de la responsabilité des femmes dans l’Église. S’appuyant sur les Écritures, il promouvait une participation renouvelée des femmes au gouvernement de l’Institution, sans toucher à la question du sacerdoce, dans le sillage de son prédécesseur, saint Jean Paul II, et de son vibrant hommage aux “femmes vaillantes” du christianisme (cf. Mulieris Dignitatem, 1988).
Et voilà que le pape François marche dans leurs pas, concrètement et rapidement, en confiant aux femmes des postes-clés du Saint-Siège, comme la communication, l’art et autres. En février dernier, c’est d’ailleurs à une femme que le Saint-Père a confié les rênes du tout nouveau département de théologie et pastorale créé au sein du Secrétariat pour la communication, le dicastère chargé de donner un nouveau visage au monde de la communication vaticane. Madame Natasa Govekar, originaire de Slovénie, est spécialisée en missiologie. Sa nomination “est une façon d’affirmer que la pastorale n’est pas l’apanage des seuls prêtres, mais implique des pratiques et des façons d’être Église aujourd’hui”, avait expliqué Mgr Dario Vigano, préfet du Secrétariat, au moment de l’annonce.
De plus en plus de femmes à des postes-clés
Mais au Vatican, le nombre de femmes occupant des postes de responsabilité est plus élevé qu’on le croit. La Curie compte actuellement deux sous-secrétaires femmes : une religieuse italienne, Nicoletta Spezzati à la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de vie apostolique, et une laïque, italienne également, Flaminia Giovanelli, au Conseil pontifical Justice et Paix. La première femme à avoir occupé un poste de dirigeant au Vatican remonte à Paul VI. Il s’agit de l’Australienne Rosemary Goldie, décédée en 2010, qui a été vice-secrétaire du Conseil pontifical pour les laïcs de 1967 à 1976. La première femme sous-secrétaire a été une religieuse salésienne, Sœur Enrica Rosanna, nommée en 2003 par Jean Paul II.
Le pape François vient également de nommer une femme parmi les membres de l’Académie pontificale des sciences sociales, rapporte Vatican Insider : l’Espagnole Ana Marta Gonzalez, professeur de Philosophie morale à l’université de Navarre, à Pampelune, nommé en même temps que l’Australien Gregory Reichberg, directeur de la Research School University d’Oslo.
Selon des statistiques publiées par Radio Vatican, entre 2004 et 2014, le pourcentage des femmes travaillant au service du Pape est passé de 13% à 19%, à l’intérieur de la Cité du Vatican. Leur présence au Saint-Siège, l’administration de l’Église universelle, a également augmenté et représente actuellement plus de 18% du personnel. En 2011, 288 femmes travaillaient au sein de la Curie, soit 17% du nombre total.