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Cette lettre touchante envoyée à Messi ne vous laissera pas indifférent

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Pablo Cesio - publié le 08/07/16
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“Ne laisse pas croire à mes élèves que dans ce pays seuls les premiers comptent.”

“Tu ne liras jamais cette lettre. Mais je te l’écris tout de même, non pas en tant que hincha (supporteur en argentin) de football, mais en tant qu’enseignante argentine, cette profession que j’ai choisie et qui me passionne autant que toi la tienne.”

C’est avec ces mots que débute la lettre d’une maîtresse d’Entre Rios (Argentine), qui tout comme des millions d’Argentins s’est manifestée pour soutenir le footballeur Lionel Messi. Ce dernier a en effet annoncé sa démission de la sélection nationale après la défaite de son pays dans la compétition de la Copa América 2016.

Il ne s’agit pas d’un message footballistique, ni d’un rejet envers la décision prise par Messi, mais à travers ces lignes pleines d’émotions, l’institutrice fait référence à un thème central, l’attitude face à la vie qui servait d’exemple à des milliers d’enfants.

“Je vais t’écrire pour que tu m’aides dans un défi bien plus complexe que tous ceux auxquels tu as fait face jusqu’à présent. Je désire que tu m’aides dans la mission difficile que représente la formation des conduites et des attitudes de ces enfants qui te voient comme un héros du foot et comme un exemple à suivre”, détaille-t-elle.

“S’il te plaît, ne renonce pas. Ne leur fais pas croire que dans ce pays, seuls comptent le fait de gagner et d’être le premier”, poursuit-elle.

“Ne leur montre pas que tous les succès du monde récoltés en une vie ne suffiront jamais au regard des autres, et pire encore, ne leur fais pas sentir qu’ils doivent vivre en se conformant aux autres. Ne leur transmets pas le message erroné selon lequel, après tant d’adversités dépassées, après tant de responsabilités assumées depuis un si jeune âge et après avoir lutté contre tant d’obstacles physiques pour atteindre tes rêves, tout cela s’éteint et disparaît face aux critiques des envieux, qui au fond ne désirent qu’être comme toi”, ajoute-t-elle.

L’institutrice d’Entre Rios va encore plus loin et l’interpelle : “Si toi, qui as toujours eu une famille autour de toi pour t’accompagner, qui possèdes un patrimoine confortable et le soutien de tant de gens, tu ne réussis pas, de quelle manière pourraient-ils, eux, se croire capables de continuer à avancer malgré tant de batailles à livrer qui s’ajoutent jour après jour ?”.

“Ne permets pas que mes enfants et mes élèves retiennent que finir deuxième est une défaite, que la valeur des personnes se mesure à l’aune du remplissage d’une vitrine, que la perte d’un match n’est rien d’autre qu’une déchéance”, ajoute-t-elle dans un autre passage.

“Mes élèves ont besoin de comprendre que les plus nobles héros, qu’ils soient médecins, soldats, professeurs ou joueurs de football, sont ceux qui donnent le meilleur d’eux-mêmes pour le bien-être des autres”, conclut-elle.

Les réactions ne se sont pas fait attendre et les messages de soutien à Messi se sont multipliés en l’espace de quelques heures, portés par des sentiments qui vont bien au-delà du simple ballon de foot.

Voici la lettre dans son intégralité :

Lionel Messi,

Tu ne liras sans doute jamais cette lettre. Mais je te l’écris tout de même, non pas en tant que hincha (supporteur en argentin) de football, mais en tant qu’enseignante argentine, cette profession que j’ai choisie et qui me passionne autant que toi la tienne.

Je pourrais t’écrire sur les merveilles de ton talent dans le sport le plus apprécié dans notre pays, sur le plaisir qui m’anime de faire partie d’une de ces générations qui peut te voir déployer la magie dans tes chaussures, sur l’admiration que tu suscites dans tous les enfants du monde entier. Mais tout cela ne serait que la répétition de phrases toutes faites. Ainsi, je vais t’écrire pour que tu m’aides dans un défi bien plus complexe que tous ceux auxquels tu as fait face jusqu’à maintenant. Je désire que tu m’aides dans la mission difficile que représente la formation des conduites et des attitudes de ces enfants qui te voient comme un héros du foot et comme un exemple à suivre.

J’aurais beau mettre tout l’amour et le dévouement dans mes tâches, je n’aurais jamais cette merveilleuse fascination que mes élèves ressentent pour quelqu’un comme toi. Et aujourd’hui, ils verront leur idole baisser les bras. Je te prie de ne pas complaire les médiocres, tous ceux qui ne parviennent pas à atteindre leurs buts et qui frustrés, vouent leurs rancœur à un joueur de foot ; tous ceux qui estiment et considèrent sur tout et tout le monde, puisque cela est si facile et ne leur coûte rien. Et ceci, c’est une maîtresse qui te le dit, car malgré l’espace abyssal qui nous sépare, je me bats contre cette légère coutume argentine de croire que le travail d’un autre est simple, que mettre des buts dans une cage est aussi simple que de bâtir une maison ou élever l’avenir d’une personne. Ce besoin maladif de toucher à tout avec les oreilles, de se faire juges insensés rendant avec mépris et arrogance, une sentence sur l’acharnement d’un autre ; n’accordant de la valeur qu’aux victoires, réduisant les erreurs à des seuls échecs ; ces mêmes erreurs qui font de nous des êtres humains en apprentissage continu.

S’il te plaît, ne renonce pas. Ne leur fais pas croire que dans ce pays, il n’y a que gagner et être le premier qui compte. Ne leur montre pas que tous les succès du monde récoltés en une vie ne suffiront jamais au regard des autres, et pire encore, ne leur fais pas sentir qu’ils doivent vivre en se conformant aux autres. Ne leur transmets pas le message erroné selon lequel, après tant d’adversités dépassées, après tant de responsabilités assumées depuis un si jeune âge et après avoir lutté contre tant d’obstacles physiques pour atteindre tes rêves, tout cela s’éteint et disparaît face aux critiques des envieux, qui au fond ne désirent qu’être comme toi.

Moi je ne leur parle pas du Messi qui joue prodigieusement au foot, mais de celui qui s’exerça en réalisant des milliers de tirs au but pour donner à son ballon la trajectoire parfaite, inatteignable pour n’importe quel gardien. Je leur parle du Messi qui étant enfant, comme eux, supporta toutes les blessures et les estocades et resta debout en marche vers sa passion ; je leur parle du Messi qui aide d’autres enfants avec leurs propres difficultés avec tout l’argent qu’il a gagné. Je leur parle aussi du Messi, de l’homme qui a fondé une famille et se bat tous les jours, dans le rôle le plus important qui est celui d’être un bon père. Je leur parle de Messi, celui qui peut se tromper et rater un penalty, car nous sommes tous des personnes avec nos failles. Tout cela leur montre que même le plus grand de tous les temps est imparfait.

Si toi, qui as toujours eu une famille autour de toi pour t’accompagner, qui possèdes un patrimoine confortable et le soutien de tant de gens, tu ne réussis pas, de quelle manière pourraient-ils, eux, se croire capables de continuer à avancer malgré tant de batailles à livrer qui s’accumulent jour après jour ?

Ne renonce pas, ne raccroche pas ton maillot aux couleurs de notre Patrie, car en l’endossant tu deviens un Argentin de plus, nous représentant tous ; nous tous n’espérons pas des médailles et des coupes pour nous sentir immensément fiers que tu sois l’un des nôtres. Ne permets pas que mes enfants et mes élèves retiennent que finir deuxième est une défaite, que la valeur des personnes se mesure à l’aune du remplissage d’une vitrine, que la perte d’un match n’est rien d’autre qu’une déchéance.

Mes élèves ont besoin de comprendre que les plus nobles héros, qu’ils soient médecins, soldats, professeurs ou joueurs de football, sont ceux qui donnent le meilleur d’eux-mêmes pour le bien-être des autres, tout en sachant que s’ils y parviennent, la victoire sera celle de tous, mais que s’ils échouent, l’échec sera leur. Et surtout, il y a de l’héroïsme et du courage, quand on lutte et surpasse les défaites avec valeur et intégrité, et cela, même lorsque l’univers nous explique que nous n’y arriverons pas.

Et un jour, la plus grande des victoires est à eux : celle d’être heureux et d’être eux-mêmes, sans rien réclamer et sans rappeler tous les démons du passé qu’ils ont vaincus pour y arriver.

Ils parlent tous de ballons, moi je crois en la force de ton cœur.

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