Le franciscain Francesco Patton fera son entrée solennelle à Jérusalem le 6 juin, non sans “craintes et appréhensions”, a-t-il confié aux médias.L’élection du nouveau Custode de Terre Sainte a créé la surprise. Il est franciscain, comme le veut la tradition depuis le XIIIe siècle, mais n’appartient pas à la province et n’a même jamais séjourné plus longtemps que le temps de quelques pèlerinages dans aucun des pays qui en font partie. Francesco Patton, un Italien de 52 ans, licencié en sciences de la communication, remplace un autre Italien, Pierbattista Pizzaballa, chargé de la garde des lieux saints de Jérusalem pendant douze ans mais qui était déjà en service dans la province depuis 1999.
Cet homme, que la presse régionale qualifiait de “bergoglien” avant même sa nomination – “le plus bergoglien des candidats”, affirmaient ses confrères – fera le 6 juin prochain son entrée solennelle comme gardien du Saint-Sépulcre et du mont Sion. Dans les pas de saint François d’Assise, son fondateur, et du pape François, il veut être “à la hauteur” de leurs noms qui est aussi le sien et résonne comme un programme de vie : “Être un bon artisan de ponts, de dialogue et de paix”.
Fin d’un suspens qui crée la surprise
“C’est la fin du suspens après un long processus électoral”, commente le site Terrasanta.net basé à Milan. Mais si Francesco Patton est considéré un “novice” sur la connaissance de cette région, il ne l’est pas n’est pas “dans les responsabilités à l’intérieur et à l’extérieur de l’Ordre franciscain. Et son sens pastoral et ecclésial, ainsi que son humilité et son caractère profondément franciscain sont loués dans tous les articles qui parlent de lui.”
Le territoire de la Custodie s’étend sur plusieurs pays : Israël, Palestine, Liban, Syrie, Jordanie, Chypre et Rhodes, et au Caire le couvent du Mouski, le Custode est donc en lien avec les patriarches, évêques et Nonces apostoliques de ces pays. Tenu pour être la première mission de l’Ordre des frères mineurs, fait aussi partie de l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte (AOCTS) qui réunit tous les évêques et vicaires épiscopaux catholiques de rites latin et orientaux.
Deux premiers défis l’attendent : “Se mettre à niveau sur la connaissance de la région, de ses conflits, de leurs enjeux pour le christianisme aujourd’hui au Proche-Orient, dont la Custodie est un acteur majeur” et “apprendre à connaître les quelque 300 frères de la Province pour leur apporter comme supérieur le souffle qui leur permet de vivre de façon toujours plus franciscaine leur mission ici”, souligne Marie-Armelle Beaulieu.
Face à une réalité “complexe et délicate”
Le nouveau Gardien de Terre Sainte y met déjà du cœur. Le 21 mai dernier, en Syrie, le Collège de Terre Sainte d’Alep a été touché par deux missiles, faisant deux morts et plusieurs blessés. Il a aussitôt réagi en faisant part de sa “grande tristesse” sur les ondes de Radio Vatican, et appelant à prier et jeûner pour tous ceux qui, sur le territoire syrien, subissent le conflit. À cette occasion, il a confirmé que “les frères franciscains présents sur place y resteraient jusqu’au bout, afin de prendre soin des personnes qui leur ont été confiées”. La structure, qui était jusqu’ici réputée comme l’un “des rares endroits encore sûrs” à Alep, accueille une vingtaine de personnes âgées dont les maisons ont essuyé des bombardements.
La situation actuelle du Moyen-Orient nécessite de la part du Custode qu’il suive en effet l’actualité sociale et politique de ces pays afin de décider des priorités de la mission des frères franciscains partout où ils sont présents. Aussitôt après l’annonce publique de sa nomination, il a confié à Radio Vatican ses “craintes et appréhensions”, face à une “réalité complexe et délicate” qui se présente à lui, mais “importante” pour l’Ordre et pour l’Église.
Aux communautés chrétiennes, Francesco Patton a annoncée une arrivée “sur la pointe des pieds”, selon ses propres termes. Il leur a demandé “de l’accueillir et de l’aider dans l’exercice de son service pour le bien des personnes qui y vivent et de toutes celles qui s’y rendent pour leurs études, en pèlerins ou par pure curiosité”, mais surtout et avant tout de l’accueillir “en simple frère”.