Au terme de la visite officielle en Israël du Premier ministre français, Mgr Twal espère une réelle “bonne volonté des Politiques” pour relancer le processus de paix.Il déplorait le fait que la France ait été “trop longtemps” mise à l’écart des négociations internationales, et aujourd’hui il se réjouit de la “voir à nouveau active pour combattre les extrémismes”. Le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, a reçu lundi 23 mai, à Jérusalem le Premier ministre français, Manuel Valls, en visite officielle en Israël et dans les Territoires palestiniens, du samedi 21 au mardi 24 mai. À la veille de la conférence de Paris (le 3 juin) sur une relance du processus de paix, le Patriarche espère que la République Française aura “le courage de dire la vérité pour le bien de tous”. Manuel Valls l’a assuré de sa bonne volonté et a évoqué le sort des communautés chrétiennes d’Orient.
Après l’échec des Américains…
La rencontre, précise le siège de la plus haute autorité catholique latine d’Orient, s’est inscrite dans la préparation de l’initiative française sur le processus de paix au Moyen-Orient, qui sera lancée par la Conférence de Paris le 3 juin 2016. Démarche jugée “d’autant plus opportune” que la situation en Terre Sainte et au Moyen-Orient ne cesse de se détériorer. “Plus centrale que jamais dans celle, plus large, de la situation régionale”, estime le Patriarche, la problématique israélo-palestinienne exige une réelle “bonne volonté des Politiques” pour résoudre un conflit qui dure depuis soixante-huit ans.
Depuis l’échec d’une tentative américaine, en avril 2014, de relancer le processus de paix, et alors que les vagues de violences et de répression ne cessent, depuis octobre, de secouer les territoires palestiniens, la France tente à son tour de jeter au moins les bases d’une première conférence internationale. À la réunion interministérielle du 3 juin, palestiniens et israéliens ne sont pas conviés, pour “éviter tout blocage” lié à des positions antinomiques . Sauf que, côté israélien, le Premier ministre Netanyahou a déjà rejeté l’initiative française, invitant Paris à accueillir plutôt des négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens.
Le Patriarche attend courage et bonne volonté
Dans son discours, le Patriarche a exprimé l’espoir que “la République Française aura le courage de dire à nos amis israéliens, à nos frères aînés, la vérité pour le bien de tous”. Selon lui, il faudrait arriver à ce que les deux parties condamnent “toutes les violences et tous les actes terroristes” quels qu’ils soient. Ceci équivaudrait à condamner “tout usage excessif de la force, les injustices, les murs de séparation ou d’annexion, les expropriations injustes de territoires et les libertés de mouvement et de culte bafouées”. Pour Mgr Fouad, “le courage de parler en faveur de la vérité et de la justice” est la seule voie possible pour permettre au pays de trouver la paix. “Nous sommes condamnés à vivre ensemble : mieux vaut vivre en bons voisins que de vivre en éternels ennemis (…) Le futur est du côté des artisans de paix et non du côté des bâtisseurs de murs”, a-t-il commenté et conclu.
Manuel Valls entre deux feux
Prenant la parole à son tour, le Premier ministre français Manuel Valls a assuré le Patriarche que “le sort des communautés chrétiennes d’Orient préoccupe la France”. Et reconnu les effets néfastes de l’ “affaiblissement de leur présence, pourtant signe de diversité et de modération dans la région” du aux “actes de terrorisme anti-chrétiens commis en Israël”, qui les poussent à s’exiler. Il a également assuré que la France est consciente d’avoir “hérité de l’histoire une responsabilité particulière” faisant mention des quarante communautés catholiques latines françaises présentes en Terre Sainte qui bénéficient de la protection de l’Hexagone.
Sur l’initiative française de renouer les fils du dialogue entre palestiniens et israéliens, Manuel Valls, tout en réaffirmant les liens d’amitié qui unissent la France et Israël, a souligné sa conviction que “la poursuite de la colonisation ruine l’établissement d’un État palestinien viable, alors même qu’il n’y a qu’une solution : deux États pour deux peuples”.