Le professeur Emile Katti dirige l’Hopital Al Rajaa à Alep en Syrie. quotidiennement, il soigne des blessés de guerre dans des conditions difficiles. “Pour l’eau potable, ça va, nous avons creusé un puits qui nous donne de la bonne eau”, se réjouit Emile Katti, de l’hôpital Al Rajaa, c’est-à-dire “l’espérance”. L’édifice, qui dépend de la Custodie de la Terre sainte, n’a jamais si bien porté son nom que depuis ces six ans de guerres : c’est l’un des derniers de la ville qui tienne encore debout, seul ultime recours pour les malades et les blessés piégés.
Au cœur de la bataille
Alep est le champ de bataille primordial en Syrie, perpétuellement disputé entre forces loyalistes et divers groupes rebelles, en particulier Al Nosra, filiale d’Al Quaïda. Les chrétiens, soupçonnés de soutenir le gouvernement de Bachar Al Assad, sont une cible privilégiée. Le professeur Katti témoigne pourtant que les djihadistes ne sont pas parvenus à briser l’unité syrienne. Dans son hôpital, la majorité de l’équipe médicale que ce professeur chrétien dirige, sont des musulmans. Les patients quant à eux proviennent de toutes les ethnies et religions. Ils peuvent rarement payer leurs traitements… Il reste dans la zone d’Alep contrôlée par les autorités, autour de deux millions et demi d’habitants civils, surtout les gens qui sont attachés a leurs pays comme le professeur, et les pauvres qui n’ont pas les moyens de voyager. En tant que chirurgien franco-syrien, il reçoit régulièrement des propositions pour exercer son métier en France, mais il refuse toujours : “Il faut garder une présence chrétienne dans ce pays ! Il faut aider les Syriens à rester chez eux ! Les Syriens aiment leur pays, et seraient heureux de rester dans leur pays”, assure-t-il. “L’urgence, c’est d’arrêter ceux qui soutiennent les terroristes, de mettre enfin un terme à cette sale guerre”, enjoint-il.
“Les amis de Fabius ont reçu de nouveaux joujoux”
La situation sur place est dangereuse. Lors de ses trajets aller-retour vers le Liban, le professeur a vu sa voiture être percée d’une balle “avec un calibre 13 mm. Je n’étais pas visé, mais ce n’est pas passé loin… Jamais je n’ai roulé aussi vite de ma vie !”détaille-t-il. Il doit aussi la vie à la vigilance des démineurs : “Ils ont retiré une mine de la route juste avant que je ne passe dessus avec ma voiture”, se souvient-il. Enfin, une roquette de gros calibre a atterri à 200 mètres de l’hôpital, sans éclater, par bonheur. Récemment, les rebelles ont fait l’acquisition d’engins encore plus destructeurs : “Les Saoudiens ont donné aux amis de Fabius de nouveaux joujoux”, explique le professeur, faisant référence à la phrase de Laurent Fabius, selon laquelle les rebelles du front Al Nosra “faisaient du bon boulot”.
Ils manquent de tout
La centrale électrique qui dessert Alep est détenue par ce front Al-Nosra, qui coupe perpétuellement l’approvisionnement de la ville. Dans l’hôpital d’Al Rajaa, ces coupures de courant donnent lieu à des situations dramatiques : la vie, et celle des blessés de guerre en particulier, dépend souvent de la rapidité de réaction de l’équipe médicale. Dans les cas de blessure par balle à la tête, par exemple, il faut opérer immédiatement avant la survenue d’un œdème… Or, les blessés arrivent en masse : “Le 3 mai 2016, se souvient Emile Katti, nous avons reçu une cinquantaine de blessés, touchés par des éclats d’obus. Cinq étaient déjà morts, beaucoup étaient dans un état qui nécessitait une intervention immédiate.”
Un scanner fait la différence entre la vie et la mort
Pour localiser les balles ou les éclats d’obus, l’équipe médicale ne dispose que d’un scanner, vieux de plus de vingt ans, et qui tombe régulièrement en panne. Ils le réparent perpétuellement, avec des solutions de fortune. Le Pr Katti confie prendre en photo sur son téléphone les messages d’erreur de la machine avant de les envoyer à des collègues français pour réparer la machine… Il n’y a plus d’ingénieurs médicaux à Alep, et tout le monde est contraint de bricoler. Mais l’état du vieux scanner est tel qu’il risque de lâcher complètement, et l’équipe s’est mise en quête d’un appareil plus récent. Ils ont fait appel à la Fondation Raoul Follereau, qui les aide à récolter les fonds. Le Professeur détaille : “Un scanner neuf coûte environ 450 000€. Dans notre situation, nous avons fait le choix d’un scanner d’occasion, entièrement révisé par une entreprise spécialisée. Celui-ci coûte 135 000 €. Seuls, nous ne pouvons réunir cette somme. C’est pour cette raison que nous faisons appel à vous : le nouveau scanner est prêt, il ne nous manque que les fonds.”
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