Sans grandes conséquences pour les uns, jugée scandaleuse par d’autres, dans l'ensemble beaucoup souhaitent à présent relativiser la mésaventure du nouveau nonce apostolique en Côte d'Ivoire. Les réactions suscitées ces jours-ci, et rapportées par Le Monde Afrique, par l'image montrant Mgr Joseph Spiteri, porté par quatre hommes dans un hamac - une sorte de chaise à porteur - pour se déplacer au milieu de la foule le week-end de la Pentecôte (14 mai dernier), ont en tout cas alimenté une polémique dont les réseaux sociaux ont le secret. Pittoresque et chaleureuse ou nécoloniale, la coutume illustrée par ce cliché a fait couler beaucoup d'encre avant d’être retiré du premier compte Facebook où il avait été diffusé.
Une photo "cliché" ?
"Aucun acte colonial ici… Je le répète, chez nous, à Fresco, on peut porter en hamac celui que nous estimons", tente de justifier l’ancien ministre ivoirien des Sports et maire de Fresco (dans le Sud-Ouest du pays), Alain Lobognon. D’autres en revanche se disent scandalisés comme cet enseignant d’histoire-géographie à Abidjan, Séraphin Blé, qui ironise : "Il ne restait plus que le fameux casque blanc au nonce pour que nous soyons à nouveau les pieds joints dans l’époque coloniale… Qu’un roi soit porté, c’est bien une tradition de chez nous et nous comprenons cela. Mais porter un prêtre blanc dans un hamac à cette époque-ci, c’est à croire que nous sommes encore nostalgiques de cet humiliant passé".
Mais des voix se sont rapidement élevées pour calmer le jeu : "Tout le monde sait que, en Afrique, quand on reçoit un hôte de marque, on lui montre qu’on est enchanté de le recevoir. Le nonce est un peu comme le Pape et, quand il rend visite à une communauté, cette dernière veut marquer cela d’une pierre blanche", explique un citoyen. Point de vue partagé par les paroissiens : "Il n’y a eu ni culte de la personnalité, ni un quelconque culte du Błanc. C’est juste un grand honneur exprimé par nos frères catholiques d’accueillir ce haut dirigeant religieux", soulignent-ils. Ces personnes se refusent d’interpréter cette marque de reconnaissance autrement.
"Accuser le nonce de néocolonialisme c'est aller trop loin" confirme l'un des correspondants en Afrique d'Aleteia. "Je connais un peu cette partie de la Côte d'Ivoire qui a des traditions typiques et atypiques et l'accueil de l'hôte en fait partie. Cette histoire illustre bien ce qu'est l'Afrique une et plurielle et ce que sont les Africains, en dépit des polémiques que cela peut créer." Quoi qu'en dise la presse prompt à juger de la soudaine servilité des villageois, "les paroissiens de Fresco ont certainement bien réfléchi à leur affaire, et le nonce a lui aussi sans doute été mis au courant du cérémonial de son accueil. Cherchons à connaître aussi bien l'opinion des paroissiens que celle du nonce."
Silence à la nonciature
Contacté par Le Monde Afrique, le chancelier de la nonciature apostolique du Vatican à Abidjan entendait s’entretenir avec le nonce avant toute réaction publique. Ce dernier a été nommé par le pape François en 2013, pour succéder à Mgr Ambrose Madtha, décédé dans un tragique accident de la circulation, le 8 décembre 2012.