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Comédie, palinodie et tragédie, une semaine de société spectacle

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Philippe Oswald - publié le 13/05/16
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Du recours au 49.3 au suicide en direct sur les réseaux sociaux, en passant par le concert annulé de Black M à Verdun, la comédie humaine, du rire aux larmes. Du bonheur aussi, grâce à Luchini !Rebelote ! Après la loi Macron, la loi El-Khomri. Pour la deuxième fois du quinquennat, Manuel Valls a dû recourir à l’article 49 alinéa 3 (49-3) de la Constitution pour faire adopter un projet de loi, faute d’une majorité suffisante à l’Assemblée nationale.

Que dit, au fait, ce fameux article 49-3 ? “Le Premier ministre peut, après délibération du conseil des ministres, engager la responsabilité du Gouvernement devant l’Assemblée nationale sur le vote d’un projet de loi (…). Dans ce cas, ce projet est considéré comme adopté, sauf si une motion de censure, déposée dans les vingt-quatre heures qui suivent, est votée…” Si la censure est votée (il faut la majorité absolue des 577 députés), le gouvernement doit démissionner, explique le Huffington Post.

Frondeurs mais pas suicidaires

Il était prévisible que les députés socialistes “frondeurs” n’allaient pas se suicider en renversant la majorité. Il aura opportunément manqué deux voix à la motion de censure du PS pour faire tomber le gouvernement. “En échouant à deux signatures près pour que leur motion de censure soit jugée recevable, ils ont flirté avec la ligne rouge sans la mordre. Un membre de la direction PS s’en amuse : “En politique, “quand on dit on a tout tenté”, c’est qu’on n’a pas voulu renverser la table”, rapporte Libération. Qui avertit néanmoins : “Il faut déjà s’attendre à un nouveau bras de fer lors de la seconde lecture du texte à l’Assemblée.” Du genre : “Retenez-moi ou je vais faire un malheur !” ?

Ce nouvel épisode marque “une absence insupportable de ligne politique”, estime le président du PCD, Jean-Frédéric Poisson, dans une tribune du Figaro : “Quatre versions successives du texte, petit à petit bouleversé par des centaines d’amendements du rapporteur et du gouvernement, rendent désormais parfaitement illisible la volonté gouvernementale, ainsi que sa conception du droit du travail et des relations sociales…”

“Le 49.3 est un déni de démocratie”

Destiné à “sauver les meubles” du locataire de l’Élysée, ce recours au 49-3 fait désordre : l’opposition n’a pas manqué de rappeler la vertueuse indignation d’un certain François Hollande, alors premier secrétaire du PS, lorsque le gouvernement dirigé par Dominique de Villepin avait eu recours au même article en 2006. Un épisode qu’exhume LCP : “Le 49.3 est une brutalité, le 49.3 est un déni de démocratie, le 49.3 est une manière de freiner ou d’empêcher le débat parlementaire” avait tonné alors François Hollande…

Comme on pouvait s’y attendre, les nouvelles manifestations contre la loi Travail, bien qu’en forte baisse, ont dégénéré d’emblée, témoigne BFMTV. Elles ont donné lieu à 80 interpellations de casseurs dans toute la France et fait une vingtaine de blessés rien que dans la capitale : “4 manifestants, 10 personnes du service d’ordre de la CGT, deux militaires de l’opération Sentinelle et quatre policiers et gendarmes”, selon la préfecture de police de Paris.

Le concert de Black M à Verdun annulé

La comédie tourne à la palinodie avec le concert de Black M en marge des commémorations du centenaire de la bataille de Verdun, concert heureusement annulé : “La décision a été prise hier soir (12 mai) à la mairie de Verdun lors d’une réunion de la majorité” annonce Vosges Matin qui précise : “depuis hier, les soutiens si clairs auparavant, se sont évaporés au fur et à mesure que la polémique enflait. “Finalement, j’ai été lâché”, déclare l’édile. [Notamment] par le secrétariat d’État aux Anciens Combattants, qui expliquait dans un communiqué que le concert avait été voulu par la ville. Alors que le concert avait été proposé par l’État lors d’un comité interministériel et accepté de façon collégiale.”

Black M pour honorer nos poilus, la provocation dépassait les bornes : “En cause, souligne Le Figaro, plusieurs paroles polémiques (…) une expression à caractère antisémite, dans la chanson Dans ma rue (…) : “Les youpins s’éclatent et font des magasins” (…). Autre phrase qui choque: “Je me sens coupable quand je vois ce que vous a fait ce pays de kouffars [NDLR: mécréants en arabe]”, chante-il dans Désolé, le tube du groupe Sexion d’Assaut (…) par ailleurs très critiqué pour des paroles homophobes et sexistes.”

L’affaire Denis Baupin

À propos d’agressions et de harcèlements sexuels, c’est via les media France Inter et Mediapart  mais non par une plainte en justice, qu’a été déclenchée l’affaire qui a contraint le député(ex-EELV)  Denis Baupin, mari de la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, à démissionner de son poste de vice-président de l’Assemblée nationale. Huit femmes, dont quatre écologistes, l’accusent publiquement de les avoir sexuellement agressées ou harcelées. “Ce qui scandalise l’opinion, c’est que le parti écologiste se veut féministe et qu’on redécouvre donc la tartufferie de certains de ses dirigeants qui ne font pas ce qu’ils réclament des autres” relève Frédéric Aimard dans France Catholique. “Denis Baupin s’était fait photographier, avec du rouge aux lèvres, dans le cadre d’une campagne “Mettez du rouge” censée indiquer le soutien des hommes à la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2016.”

Quelles suites judiciaires ? s’interroge Le Monde : “Sur la base des dates associées aux récits des victimes, la majorité des faits dont M. Baupin est accusé pour l’heure sont donc prescrits. Seuls deux des huit témoignages diffusés lundi 9 mai pourraient encore faire l’objet de poursuites…” Mais le parquet de Paris s’est autosaisi : “Le procureur a ouvert une enquête sur “des faits susceptibles d’être qualifiés d’agressions sexuelles, harcèlements sexuels, appels téléphoniques malveillants”(…) L’enquête devra notamment recueillir les témoignages des victimes et de “tout témoin utile”, et “vérifier les dates et lieux de la commission des faits allégués”. Elle est également susceptible de se saisir de témoignages de nouvelles victimes présumées.”

Encore une manifestation de la société spectacle qui , d’une part, condamne en faisant fi de la présomption d’innocence, de l’autre incite à tous les débordements, déplore le juriste Gabriel Robin dans Boulevard Voltaire : “Les relations intimes ne sont plus envisagées dans leur dimension physique, mais selon les figurations qu’en renvoient les différents moyens de communication omniprésents dans notre quotidien, des médias aux réseaux sociaux, en passant par la publicité. Nous sommes constamment abreuvés d’images sexuelles explicites, qui ôtent à la sexualité sa dimension suggestive, et donc son érotisme. (…) L’époux du ministre du Logement, pourtant un homme éduqué, élu de la République, semble soumis à un imaginaire directement inspiré des films pornographiques de diffusion massive (…) Paradoxalement, ou non, cette mise en scène permanente d’une hypersexualité débridée fait face à un excès inverse, l’hygiénisme féministe, qui a progressivement diabolisé la masculinité.”

Océane met en scène son suicide

Le plus tragique de la société spectacle semble avoir été atteint avec un suicide annoncé et filmé en direct sur l’application de vidéos Periscope : “Ce mardi 10 mai vers 16 h 30 à Égly dans l’Essonne, Océane, 19 ans, s’est suicidée en filmant en direct son geste sur l’application de vidéo Periscope. La jeune femme a diffusé cinq vidéos au total qui ont depuis été supprimées sur l’application mais dont des extraits restent visibles sur d’autres sites internet dont YouTube et Dailymotion” rapporte Le Midi libre. “Océane (…) confie à la caméra que sa vidéo “n’est pas faite pour faire le buzz” mais “pour faire réagir les gens, ouvrir les esprits”. “Ce qui va se passer risque d’être très, très choquant. S’il y a des gens qui sont mineurs, ne restez pas” prévient la jeune femme.”

“Periscope permet de diffuser gratuitement avec un smartphone un flux vidéo en direct, relayé par Twitter et visible par tous, explique Le Parisien. La vidéo reste accessible pendant 24 heures puis disparaît. Ni les images ni les commentaires en direct ne sont contrôlés au préalable …”

“Bien qu’il soit délicat de connaître les motivations exactes de son passage à l’acte, il est certain que cette manière de faire s’apparente à une mise en scène” analyse Michael Stora, psychologue clinicien, dans L’Obs. En l’annonçant des heures à l’avance, Océane “souhaitait que son geste soit vu par un maximum de personnes, qu’il y ait un maximum de témoins. Nous avons ici affaire à une forme d’exhibitionnisme mortifère.” Mais, ajoute-t-il, cela soulève aussi la question de la non-assistance à personne en danger et du choix de Periscope de proposer une application en direct (…). Pourquoi ne pas mettre en place quelques minutes de différé ? Même la télé-réalité y a recours. (…) Periscope est un outil incroyable, géré par des gens qui ne se rendent pas compte de sa puissance et de sa potentielle dangerosité.”

La confession de Fabrice Luchini

Mais terminons par du bon, du très bon, du jubilatoire –”du lourd !” comme aime à le dire Fabrice Luchini– avec cette superbe interview de l’acteur par Luc Adrian dans le numéro 2000 (comme le temps passe !) de Famille Chrétienne. L’acteur y met à nu son âme dans une quasi confession, touchante et profonde. Citons sa conclusion, au terme d’un étonnant dialogue sur la Providence, la joie, la grâce où l’interviewé et l’interviewer échangent leurs rôles : “Fabrice Luchini : Vous les cathos, vous avez trouvé une idée géniale : si on se laisse aimer, si on accepte de se perdre, de plonger dans cette immensité d’amour, on peut élargir l’horizon de notre vie et être sauvé. C’est ça, non ? – Luc Adrian : C’est cela même, Fabrice. Vous avez presque tout compris – plus que moi… Sauf que ce ne sont pas les cathos qui ont inventé ça, c’est Lui.”

 

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