Sans vous faire entrer dans une forêt de plantes orientales bariolées, cette exposition vous berce dans ces “jardins des sens” qui n’en omettent pas un. On descend au métro Place Monge. Il faut longer le jardin des plantes. Il est un peu tôt, l’Institut du monde arabe n’est pas ouvert. Que faire en attendant ? Pour se rapprocher des plaisirs d’Orient, on s’accorde un thé dans le salon de faïence et de mosaïque de la grande mosquée de Paris. Thé à la menthe, bien sûr, très sucré.
10 heures, l’IMA ouvre ses portes à deux pas d’ici. Vous y êtes en quelques minutes. À l’arrivée, les quelques orangers, cyprès et oliviers disposés en extérieur vous inquiètent : rien à voir avec l’affiche flamboyante qui colore le métropolitain depuis quelques semaines. Puis le gardien vous indique que l’exposition commence à l’intérieur. Soulagement.
Havre de paix
À l’intérieur, pas de plantes, pas de rosiers damascènes, pas de jardin de Babylone. Des galeries d’explications et des tableaux magnifiques, retraçant l’histoire des jardins orientaux. Un petit panneau vous accueille :
“Cette exposition est une invitation au voyage, à la découverte, à l’émerveillement, à la contemplation de la nature et au plaisir des sens. Elle nous emmène de la péninsule ibérique au sous-continent indien, de la plus haute antiquité à nos jours. Cinq grandes sections permettent d’aborder les thèmes essentiels qui font l’originalité et la pérennité du jardin arabo-musulman : les origines, la grammaire traditionnelle, les usages, la fascination réciproque entre Orient et Occident, et le rôle des jardins dans les grandes ville d’aujourd’hui. L’eau en est le fil conducteur. Des œuvres d’art, anciennes ou modernes, illustrent le jardin oriental classique et ses diverses déclinaisons, techniques culturelles, et même spirituelles, qui dialoguent par delà les frontières et les siècles. ”
Le paradis n’est pas si loin
10 000 ans avant que vous ne lisiez ces mots, les Perses devenaient déjà les premiers dignes concurrents de Lenôtre en Orient, en cultivant les jardins suspendus. Le mot même de “paradis” nous vient en réalité du perse : le pairidaeza est un enclos de chasse, généreusement pourvu d’arbres et de fleurs. Le paradis est un jardin : fleurs et fruits vous gratifient de leurs parfums et de leurs goûts, tandis que les arbres vous rafraichissent de leurs ombrages. La nature, perdant toute hostilité, s’accorde avec son hôte avec bienfaisance. Une petite ressemblance avec le paradis terrestre que le bon Dieu offrit à nos premiers parents, non ?
Transporter dans l’architecture orientale
En déambulant dans les allées de l’exposition, vous rencontrerez, outre les tableaux et les récits, des reconstitutions multimédia des jardins rêvés de la vieille Babylone, des margelles de puits, dont les mosaïques se gardent bien de représenter un visage humain, des photographies de jardins intérieurs, avec un ensemble de lignes rigoureuses, de bruits d’eaux et d’oiseaux qui partagent un bassin de pierre ou de céramique. Des lieux que l’on trouve encore, à Damas en poussant une porte au fond d’une ruelle étroite. Ce sont les nobles ancêtres du patio et du riad marocain.
…On oublie parfois, quand on se promène dans les jardins du Trianon aux allures de Grèce antique, qu’il existe, à guère plus d’une méditerranée de nous, une civilisation qui s’est élevée sur la gloire des vainqueurs des Thermopyles.
Exposition “Jardins d’Orient” à l’Institut du monde arabe jusqu’au 25 septembre 2016
Du mardi au vendredi de 10h à 18h – Samedi, dimanche et jours fériés (sauf 1er mai) de 10h à 19h. Fermé le lundi.
Plein tarif : 12 euros/ Tarif réduit : 10 euros/ 6 euros