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Naufrage scolaire, sabotage social et rififi dans les partis

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Philippe Oswald - publié le 09/05/16
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L’absurde et le morbide des nouveaux manuels scolaires, la grande misère des banlieues et les divisions des Républicains ou du Parti socialiste ont marqué la semaine dernière en France.“C’est toujours douloureux de voir un naufrage, même quand on pouvait le prévoir”, confie François-Xavier Bellamy dans un entretien publié par le Figaro du 4 mai 2016 et sur son blog. En cause, les manuels diffusés par les éditeurs pour la rentrée prochaine. Un fruit amer de la réforme du collège voulue par Najat Valaud-Bellkacem et les experts de l’Éducation nationale, “sans aucune concertation” avec les enseignants et, bien sûr, les parents.

Manuels scolaires : “G1 truc a te dir”

Le résultat ? “Une tragédie”, dénonce François-Xavier Bellamy. La dite réforme est gouvernée par l’utilitarisme le plus primaire, “décliné jusqu’à l’absurde. Les sciences humaines servent à écrire un journal de classe (…) L’enseignement scientifique aboutit à comprendre une actualité people datée et morbide, en mesurant l’intensité du courant qui a traversé Claude François électrocuté dans sa baignoire. La littérature sert à réaliser une affiche contre les discriminations, à produire le clip d’une chanson de Renaud, ou à écrire une lettre de rupture à sa copine à partir d’un texto dysorthographique…” Concrètement, cela donne : “Sa va dps samedi ? G1 truc a te dir jcroi kon devré fer 1 brek…” (Manuel scolaire 5ème, 4ème, 3ème, éditions Nathan).

C’est un “florilège d’horreurs, de stupidités et de contresens (…) au-delà même de ce que je pouvais imaginer”, se désole Jean-Paul Brighelli dans Le Point. Émoustillés par la proposition insensée d’EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) sur le décès accidentel de Claude François, des enseignants goguenards ou sadiques s’en sont donné à cœur joie : “L’un imagine de faire calculer aux élèves, vu le coefficient d’eau du corps humain (SVT), le temps qu’il a fallu pour carboniser Jeanne d’Arc (histoire). Un autre, quitte à utiliser l’électricité, suggère de retracer les péripéties de la guerre des courants électriques (histoire), et comment le pacifique Edison tenta de discréditer le courant alternatif que promouvait le génial Tesla (physique) en électrocutant des animaux de plus en plus gros – chien, cheval, éléphant, et finalement un homme, ce qui inaugura la première chaise électrique aux États-Unis (SES). Un dernier insiste pour faire imaginer aux élèves le dialogue supposé (français) entre le bon docteur Guillotin et le roi Louis XVI…”

Bernard Pivot a lui aussi déploré ce “nivellement par le bas” sur BFMTV et RMC, vendredi matin. Le président de l’Académie Goncourt a également pointé le choix de l’anglais pour la chanson présentée par la France au concours de l’Eurovision et pour l’hymne de l’équipe de France pour l’Euro-2016 : “I was made for loving you”. “Pourquoi pas en Chinois pendant qu’on y est ?”

Banlieues : 50 milliards dépensés pour rien

La situation de nos banlieues défavorisées, où vivent plus de cinq millions de personnes, ne paraît guère meilleure que celle de notre enseignement. C’est “un rapport implacable sur les conditions de vie” que vient de publier l’Observatoire national de la politique de la ville, rapporte RFI. “Plus de chômage, plus d’échec scolaire, moins de médecins, moins d’infirmières”. “Cet observatoire indépendant regrette le manque d’effet des politiques de rénovation urbaine mises en œuvre depuis plus de dix ans. Environ 50 milliards d’euros ont été attribués, principalement dans le domaine du logement, mais sans résultat notable” résume RFI. On a tout lieu de craindre que les mesures annoncées par le gouvernement reviennent à dépenser de nouveau à fonds perdu : “Le gouvernement entend (…) soutenir les associations de quartiers ou encore renforcer les moyens donnés aux établissements scolaires prioritaires”. Et voici l’addition : “À cet effet, ce sont cinq nouveaux milliards d’euros qui ont été débloqués sur dix ans avec l’objectif avoué d’apporter davantage de mixité sociale dans ces zones.”

Haro sur les familles “aisées”

Pendant ce temps, les familles que le gouvernement considère comme “les plus aisées” connaissent une chute de 50% à 75% du montant des allocations familiales, selon un premier bilan de la Caisse nationale d’allocations familiales que répercute Le Figaro : “Depuis le 1er juillet 2015, date de la mise en œuvre de la modulation des allocations familiales selon les revenus, 455 100 allocataires ont été impactés. Soit 9,3% du total des bénéficiaires des allocations familiales”. “En 2017, la Caf estime que 240 000 familles devraient être touchées par les réductions et 51 000 devraient en perdre le bénéfice compte tenu de la modification des plafonds de ressources.” S’attaquer aux familles et donc, inéluctablement, à la natalité, en confondant politique familiale et politique sociale n’est certainement pas de nature à redresser notre pays. Une précédente mesure du gouvernement en la matière avait consisté à réformer le congé parental en imposant un partage de la prise du congé parental d’éducation entre les deux parents. “Résultat : depuis son entrée en vigueur, la PreParE (la prestation partagée d’éducation de l’enfant) a bénéficié à 120 475 foyers, dont…96% de femmes” …dont le congé a été réduit pour “punir” leurs maris de ne pas avoir décroché.

Du rififi dans les partis

Mais le seul “crime contre la famille” que redoute le gouvernement, c’est celui des frondeurs, si l’on en croit le député socialiste Laurent Baumel dont les propos sont rapportés par Le Parisien. Avec les communistes et l’extrême gauche, ces socialistes dissidents menacent de mettre le gouvernement en minorité sur la loi El Khomri au point que Manuel Valls brandit à nouveau l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter la loi sans vote.

Parmi ceux qui ne leur disent pas merci –à la loi travail et à ses opposants, au gouvernement, à leur hiérarchie– il y a les policiers, après que 300 d’entre eux ont été blessés ces derniers mois, rapporte Metronews : “Face à ce qu’il appelle “la haine anti-flic”, le syndicat Alliance s’interroge sur les consignes de non-intervention reçues face aux casseurs lors des manifestations contre la loi Travail et appelle à manifester le 18 mai prochain.” “Ce qui est incompréhensible, explique le syndicat Alliance, c’est le temps que l’on doit attendre avant d’intervenir. Pourquoi attendre une heure face à des casseurs identifiés qui détruisent des vitrines, saccagent des panneaux publicitaires et nous provoquent ?”

La polémique n’a pas épargné les Républicains lancés dans leurs élections primaires, constate Le Républicain lorrain. “Mardi soir, Nicolas Sarkozy a fait entériner par le bureau politique des Républicains l’obligation du vote papier lors des primaires de novembre, pour les Français de l’étranger.” Problème : “obliger les expatriés (…) à rejoindre un bureau de vote situé parfois à des milliers de kilomètres, empêchera de facto la plupart des électeurs de se déplacer.  (…) Saisie par Alain Juppé, Hervé Mariton, Bruno Le Maire et François Fillon, la Haute autorité de la primaire présidée par Anne Levade a désavoué dès mercredi Nicolas Sarkozy, en relevant “les difficultés propres à l’organisation d’un scrutin papier pour les 1,2 million de Français de l’étranger.”

Macron, Jeanne d’Arc, même combat !

Dernière surprise en date : celle de l’escapade et du discours d’Emmanuel Macron à Orléans, dimanche 8 mai. Invité par le maire LR de la ville pour les 587es fêtes johanniques, le ministre de l’Économie “a fait l’éloge de Jeanne d’Arc pour passer quelques messages”, rapporte le JDD : “La Pucelle a “fendu le système” et “a su rassembler la France”, (…) Elle était un rêve fou, elle s’impose comme une évidence”, a lancé l’ex-conseiller du président François Hollande. (…). Elle a su rassembler la France pour la défendre, dans un mouvement que rien n’imposait. Tant d’autres s’étaient habitués à cette guerre qu’ils avaient toujours connue. Elle a rassemblé des soldats de toutes origines. Et alors même que la France n’y croyait pas, se divisait contre elle-même, elle a eu l’intuition de son unité, de son rassemblement”. Si l’on ironise avec un sourire plus ou moins jaune à droite, l’offensive de Macron à Orléans, un mois après le lancement de son mouvement “En marche”, met un comble à l’exaspération dans les rangs socialistes.

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