La vocation d’une jeune religieuse revêt une nouvelle dimension après la découverte de son corps sans vie en Équateur.Samedi 23 avril, une religieuse missionnaire irlandaise, Sœur Claire Crockett, et cinq autres postulantes de la communauté espagnole des Sœurs Siervas del Hogar de la Madre (“Servantes du Foyer de la Mère”), ont perdu la vie dans le tremblement de terre de 7,8 degrés sur l’échelle de Richter qui a frappé l’Équateur.
Depuis quinze ans, Sœur Claire Crockett était toute donnée à Dieu. Entrée à 18 ans dans la congrégation, elle avait choisi comme nom de religieuse Claire Marie de la Trinité et du Cœur de Marie. Sa communauté se souvient d’elle comme d’une “sœur d’une grande générosité, dotée d’un don de sympathie très particulier et d’un charisme spécial pour s’occuper des enfants et des jeunes”.
Voici le résumé de sa vie qu’on lui avait demandé d’écrire :
Je suis née dans une famille catholique. Dans un petit coin du monde appelé Derry, en Irlande du Nord. Quand j’étais petite, c’était un endroit où les termes de “catholiques” et “protestants” avaient un sens uniquement politique. Naître dans une famille catholique ne signifiait pas nécessairement que vous alliez à la messe ou receviez une formation dans la foi catholique. Les catholiques, qui voulaient une Irlande unie, tuaient les protestants et les protestants, qui ne voulaient pas d’une Irlande unie, tuaient les catholiques. Pour moi, voilà ce que cela signifiait d’être catholique. Dieu ne jouait aucun rôle dans ma vie. Dans une société où la haine régnait, il n’y avait pas de place pour Dieu.
Toute petite, je voulais voulait être actrice. À 15 ans, j’ai fait partie d’une compagnie de théâtre ; je présentais des émissions de télévision, j’écrivais des pièces de théâtre, je gagnais des prix et à 18 ans j’ai joué un petit rôle dans un film. J’aimais faire la fête. Dès 17 ans, mes week-ends consistaient à me saouler avec mes amis. Je dépensais tout mon argent dans l’alcool et les cigarettes.
Un pèlerinage en Espagne
Un jour, une de mes amies m’a téléphoné : “Claire, veux-tu aller en Espagne gratis ?”. “Un voyage gratuit en Espagne ! Dix jours de fête et de soleil”, ai-je pensé. Bien sûr que je voulais y aller ! Tout le monde devait se réunir dans une maison la semaine suivante.
Le jour venu, je me suis rendue au lieu de rendez-vous et suis entrée dans une pièce où il y avait… des gens âgés de 40 à 50 ans, tous des chapelets à la main ! “Vous allez en Espagne ?”, leur ai-je murmuré, appréhendant la réponse qu’ils m’ont donnée avec enthousiasme quelques secondes plus tard : “Oui, nous allons en pèlerinage”.
Eh oui, chers amis, nous partions en pèlerinage durant dix jours ! J’ai essayé de m’échapper, mais mon nom figurait déjà sur le billet et je n’avais pas le choix. Maintenant, je vois la manière utilisée par la Vierge pour me ramener à la maison, à son foyer, à la maison de son Fils.
Le pèlerinage avait lieu durant la Semaine Sainte dans un monastère du XVIe siècle. Ce n’était certes pas ce que je l’avais imaginé quand je pensais aller en Espagne ! Cette rencontre avait lieu avec un groupe dénommé Foyer de la Mère et je ne voulais pas rester là. Cependant, c’est au cours de ce pèlerinage que le Seigneur m’a donné la grâce de voir comment Il était mort pour moi sur la croix. Après avoir reçu cette grâce, je savais que je devais changer : “S’il a fait cela pour moi, que vais-je faire, moi, pour Lui ?”. Il est si facile pendant une retraite ou lorsque tu peux “sentir” l’Amour de Dieu de dire : “Je ferai tout ce que Tu me demandes”… Mais quand “tu redescends sur Terre” ce n’est pas si facile !
L’appel de Dieu
Les religieuses m’ont invitée à faire un pèlerinage en Italie quelques mois plus tard. J’ai accepté et en dépit de mon comportement superficiel pendant le pèlerinage, le Seigneur m’a parlé très clairement. Il voulait que je vive dans la pauvreté, la chasteté et l’obéissance avec les religieuses. Automatiquement, je Lui ai répondu que c’était impossible. “Je ne peux pas être religieuse, ai-je répondu. Impossible d’arrêter de boire, de fumer, de faire la fête, de laisser ma carrière, ma famille.”
Si Jésus nous demande de faire quelque chose, Il nous donne toujours la force et la grâce de le faire. Sans son aide, jamais je n’aurais pu faire ce que je devais pour répondre à son appel et Le suivre. Une fois que j’ai su qu’Il m’appelait, le Seigneur m’a accordé une autre grâce alors que je tournais un film en Angleterre. Je voyais que j’avais tout, apparemment, mais en réalité je n’avais rien. Je me suis assise sur le lit de ma chambre d’hôtel et j’ai senti un grand vide. Je recevais tout ce que j’avais toujours voulu et je n’étais pas heureuse. Je savais seulement que faire ce que Dieu voulait pour moi me rendrait vraiment heureuse. Le Seigneur m’a montré comment ma folle vie blessait son Sacré Cœur. Je savais que je devais tout laisser et le suivre. Très clairement, Il me demandait de Lui faire confiance, de mettre ma vie entre ses mains et d’avoir la foi.
Maintenant je suis heureuse, religieuse consacrée au sein des Servantes du Foyer de la Mère. la manière dont le Seigneur travaille les âmes ne cesse de m’étonner, celle dont Il peut transformer la vie d’une personne et conquérir son cœur. Je remercie le Seigneur de la patience qu’Il a eue et continue d’avoir avec moi.
Je ne Lui demande pas pourquoi Il m’a choisie, j’accepte tout simplement qu’Il l’ait fait. Je dépends entièrement de Lui et de la Vierge Marie et leur demande de me donner la grâce d’être ce qu’ils veulent que je sois.
Les “Siervas del Hogar de la Madre” gèrent une école sur la côte qui a été complètement détruite par le tremblement de terre.