Tous les catholiques qui s’avancent pour recevoir la communion sont-ils vraiment en état de grâce ?
“Nous devons être humbles et réalistes, pour reconnaître que, parfois, notre manière de présenter les convictions chrétiennes et la manière de traiter les personnes ont contribué à provoquer ce dont nous nous plaignons aujourd’hui. C’est pourquoi il nous faut une salutaire réaction d’autocritique.”
Pape François, Amoris Laetitia, § 36
À chaque fois que revient la discussion sur la possibilité pour des catholiques divorcés et remariés de recevoir la communion, deux questions question me hantent : quelle est la proportion de catholiques qui se présentent pour recevoir la communion en état de péché grave ? Et pourquoi la hiérarchie ecclésiastique ne parle-t-elle pas de ce problème, qui concerne indubitablement un très grand nombre de personnes ?
En d’autres termes, combien de catholiques qui reçoivent la communion regardent des films porno, pratiquent la contraception, ont avorté, sont infidèles, bref, vivent d’une façon incompatible avec l’enseignement moral de l’Église ? Et pourquoi l’attention s’est-elle focalisée sur les catholiques divorcés et remariés alors que “le nez au milieu de la figure” – à savoir le fait que la plupart des catholiques ne suivent pas l’enseignement moral de l’Église – ne reçoit aucune attention ? En outre, quelle est l’origine de ce problème ?
J’ai fait toute ma scolarité dans des établissements catholiques dans les années 1960 et 1970 mais, à l’instar de nombreux jeunes de ma génération, je n’ai pratiquement rien appris des enseignements de l’Église. À la fin de ce parcours, j’étais agnostique – terme poli pour désigner les non-croyants – et avais adopté le mode de vie de la culture dominante, comme beaucoup de catholiques aujourd’hui.
Certes, il y avait de graves carences de catéchèse, heureusement corrigées en grande partie sous les pontificats de Jean Paul II et de Benoît XVI, mais le problème, pour moi, c’est que je n’avais pas rencontré Jésus. La rencontre personnelle avec le Christ est depuis toujours au cœur de la foi chrétienne, et je crois que c’est pour cette raison que le pape François nous invite inlassablement à rencontrer la Miséricorde et l’Amour de Dieu.
En réalité, combien de catholiques se contentent-ils de célébrer les rituels et les fêtes sans pour autant laisser Dieu changer leur vie ?
Tel était mon cas jusqu’au jour où un ancien catholique m’a invité à un office évangélique. En ce jour béni, j’ai véritablement pu laisser entrer Jésus dans mon cœur et cela a changé ma vie. Je sais que beaucoup de catholiques se sont tournés vers les Églises évangéliques parce qu’ils n’arrivaient pas à établir une relation personnelle avec Dieu, ce qui est une véritable tragédie. Certains, comme moi, ont retrouvé le chemin de l’Église catholique, principalement par désir de l’Eucharistie.
Le directeur du département de l’université de Théologie où j’enseigne m’a confié que mes cours ont changé la vie de certains de mes étudiants, parce que je leur parle du Dieu d’amour et de miséricorde, du Seigneur qui par sa puissance infinie souhaite transformer nos cœurs et nos vies.
Dans mon enseignement, je transmets le message Jean Paul II :
Suivre le Christ est le fondement essentiel et original de la morale chrétienne. (…) Il ne s’agit pas seulement ici de se mettre à l’écoute d’un enseignement et d’accueillir dans l’obéissance un commandement ; plus radicalement, il s’agit d’adhérer à la personne même de Jésus, de partager sa vie et sa destinée, de participer à son obéissance libre et amoureuse à la volonté du Père.
Pape Jean Paul II, Veritatis Splendor, § 19
Rester attaché à la personne de Jésus, telle est l’essence de la foi catholique, la vérité fondamentale qui doit être communiquée aux catholiques d’aujourd’hui pour que l’Eglise soit en mesure de résoudre les dilemmes moraux auxquels elle est confrontée – la communion des catholiques divorcés et remariés n’étant qu’un parmi tant d’autres.