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Encore une semaine de folie fellinienne en France

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Philippe Oswald - publié le 02/04/16
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Avec son cortège de manifestations, d’hésitations et de renoncement au sommet, la situation française évoque de plus en plus un film de Fellini : “Et vogue le navire” ou “Répétition d’orchestre”.Qu’il s’agisse d’un orchestre en état d’insurrection (“Répétition d’orchestre”, 1978) ou d’une croisière en folie ( “E la nave va”, 1983), le grand cinéaste italien Federico Fellini excellait à peindre avec cruauté une société dans laquelle le divorce est consommé entre la tête et le corps. C’est malheureusement la situation dans laquelle la France se débat et s’enfonce.

Le naufrage de la déchéance de nationalité

François Hollande l’a annoncé mercredi 30 mars, il renonce : plus de déchéance de nationalité pour les terroristes, donc plus de révision constitutionnelle sur l’état d’urgence… “Le président de la République a voulu monter un coup politique, mais personne ne l’a suivi. Il justifie son échec en mettant en cause la droite sénatoriale qui n’a pas voulu sauver la révision. Mais en réalité, c’est une partie de la majorité (…) qui a refusé de voter le texte. Ce projet de loi n’est en fait qu’une vaste opération de camouflage qui se termine en camouflet” explique le 31 mars Hervé Gattegno sur RMC/BFMTV.

Relayant les accusations du président, les ministres Manuel Valls, Stéphane Le Foll, et le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis sont montés au créneau pour accuser la droite d’avoir fait capoter le projet, en brandissant le cas du terroriste français Salah Abdeslam. Mauvaise pioche, cet argument ne tient pas, relève le Huffington Post : “Même en cas de révision de la Constitution, le déchoir de sa nationalité n’aurait pas pu être possible. La raison ? Un principe fondamental du droit pénal : la non-rétroactivité des peines. Il suppose qu’une personne ne peut pas être condamnée à une peine qui n’existait pas au moment où les faits ont été commis.” La mise en accusation de la droite est d’autant moins crédible que beaucoup, à gauche, ont salué le renoncement de François Hollande comme une victoire, à commencer par Christiane Taubira qui a pointé sur son compte Facebook “la fin d’un douloureux égarement” et a salué une annonce qui permet “de retrouver l’urgence des combats qui vaillent”, relève Le JDD.

“L’Élysée est sous le choc” assure Europe 1 : “L’abandon de la déchéance est vécu à l’Élysée comme le coup de grâce d’un chemin de croix de quatre mois. Révision constitutionnelle enterrée, remaniement mal orchestré, loi El Khomri mal maîtrisée. Trois échecs, et un seul responsable : François Hollande.” Cependant, “François Hollande a ressuscité au moins dix fois depuis ses débuts en politique : monsieur 3%, président en scooter en une d’un tabloïd, président insulté par Leonarda, etc. En politique on n’est jamais mort, et surtout pas François Hollande.”

Mais ça commence à faire beaucoup… ou très peu si l’on regarde le dernier sondage de popularité du président, rapporte I-télé : “Depuis le début de l’année, le président de la République est passé de 25 à 12% d’opinions favorables, un record d’impopularité.”

Le Président peut-il encore gouverner ?

La question n’est même plus de savoir si François Hollande peut se représenter mais s’il peut encore gouverner, estime Guillaume Tabard dans Le Figaro : “Plus d’un an avant l’échéance de son mandat, sa présidence est plus encalminée que jamais. Ce n’est même plus seulement sa réélection, sinon sa candidature, qui paraît incertaine, c’est son action qui est compromise. Ce n’est pas le futur candidat Hollande qui risque d’être empêché, c’est l’actuel président Hollande qui est d’ores et déjà paralysé.”

S’il est le premier responsable, François Hollande n’est pas le seul coupable, souligne Koz sur son blog : “… le billard à douze bandes prend parfois des allures de boomerang. Hollande a pris la boule en pleine face. Mais il n’est pas le seul. Alors que Nicolas Sarkozy, ancien président et actuel chef du parti d’opposition, avait œuvré pour convaincre les parlementaires de voter cette révision inutile, il s’est retrouvé en minorité. (…) Bien peu parmi les politiques ont jugé utile d’aborder le fond du problème, l’utilité de la réforme, l’utilité de la constitutionnalisation. Ce que j’attends, ce que j’exige, même, en tant que citoyen français, en tant que travailleur parisien empruntant chaque matin, chaque soir, la ligne que les assassins pourraient viser, c’est que la classe politique s’unisse au plus haut : qu’elle s’unisse non pas sur des mesures d’affichage mais sur une politique de fond et de conviction.”

La loi travail s’enlise

L’intensité moyenne des manifestations contre la loi El Khomri aurait, paraît-il, rassuré l’Élysée et Matignon à l’affût de bonnes nouvelles. Sans doute déçus par l’absence de raz-de-marée le 31 mars, les manifestants ont organisé une nuit blanche, rapporte Libération : “Les opposants au projet de loi travail, après avoir fait le plein jeudi dans des manifestations qui ont rassemblé entre 390 000 (selon la police) et 1,2 million de personnes (selon la CGT), ont organisé des rassemblements nocturnes dans plusieurs villes françaises. Nom de l’opération : “Nuit debout”. De Paris à Marseille en passant par Rennes et Grenoble, ces occupations visent à prolonger le mouvement par d’autres moyens que les traditionnels cortèges.” On peut donc en conclure que ce n’était pas “le plein” escompté. L’opération devait se répéter avec deux nouvelles “journées d’action” patronnées par la CGT et l’Unef, les 5 et 9 avril, histoire de “donner des sueurs froides au gouvernement” mais aussi aux parents et aux proviseurs de lycées. Faute de sécurité, onze lycées avaient été fermés jeudi de manière préventive dans la capitale “afin d’éviter que les élèves et les personnels ne soient exposés à des débordements et à de la violence”, tandis qu’une cinquantaine d’autres, rien qu’en Ile-de-France, étaient “bloqués totalement ou partiellement” par des manifestants , rapporte Europe 1.

Que restera-t-il du texte initial si la loi est finalement votée ou imposée au 49,3 ? “De l’abandon du plafonnement des indemnités pour licenciement injustifié au dépassement du temps de travail des apprentis mineurs en passant par la définition du licenciement économique (…), les modifications apportées à la version réécrite représentent 24 pages, soit près du cinquième du texte original.” analyse Le Monde.

De toute façon, et a fortiori depuis qu’elle est amputée de mesures qui allaient dans le bon sens, telles la sécurisation du forfait jours et le plafonnement des indemnités prud’homales, “la loi El Khomri ne créera pas d’emplois” estime Guillaume Brédon, avocat à la Cour, dans La Tribune : “Le bon sens des entrepreneurs est en effet trop souvent heurté et depuis trop longtemps par la complexité mais surtout les incohérences de la législation actuelle (…) ce n’est pas en corrigeant à la marge telle ou telle scorie que la confiance reviendra dans l’esprit des entrepreneurs (… ) Il convient par conséquent de changer radicalement de logiciel en s’interrogeant sur la pertinence réelle, en termes de protection des salariés, de l’ensemble des contraintes légales pesant sur les employeurs. Sans confiance retrouvée dans le sens de toutes ces règles, aucun espoir de baisse du chômage n’est permis.”

Sur des prémisses opposées, beaucoup estiment à gauche comme à droite qu’il vaudrait mieux arrêter les frais. Ainsi Anne Hidalgo, maire PS de Paris et ancienne inspectrice du travail, invitée de France Inter : “On est parti sur des idées fausses. Ce n’est pas en libéralisant le licenciement que l’on crée de l’emploi.” Ou encore, à droite, François Fillon, au micro de RTL : “Il n’y a plus rien à maintenir. La loi El Khomri (…) est une loi qui a été vidée de son contenu par le gouvernement, de manière préventive, et qui est aujourd’hui, sauf sur un seul aspect, qui est le licenciement, une loi plus contraignante pour les entreprises que la situation d’avant. Donc la résistance du gouvernement n’a plus aucun sens.”

Terrorisme : un attentat majeur déjoué en France

Tandis que perquisitions et arrestations se succèdent en Belgique (Europe 1), on l’a échappé belle en France, selon le Premier ministre. “Le “projet d’attentat” déjoué la semaine dernière avec l’interpellation de Reda Kriket était imminent et “massif”, a confirmé jeudi Manuel Valls devant le Sénat.” rapporte BFMTV. De fait, confirme Valeurs Actuelles, une action de grande ampleur était imminente : “L’arrestation de Reda Kriket à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) puis la découverte d’un arsenal dans un appartement d’Argenteuil (Val d’Oise), deux jours après les attentats de Bruxelles et moins d’une semaine après l’arrestation de Salah Abdeslam, a “permis d’éviter la commission d’une action d’une extrême violence par un réseau terroriste prêt à passer à l’acte”, a affirmé le procureur de la République, François Molins.

Le ministre de la Ville, Patrick Kanner, a provoqué un tollé dans son camp en déclarant le 27 mars lors du «Grand rendez-vous» Europe 1-iTELE-Le Monde, qu’ “une centaine de quartiers en France” présentent “des similitudes potentielles avec Molenbeek”, le quartier de Bruxelles devenu un fief djihadiste. “Le réel est entré par effraction au gouvernement”, ironise Éric Zemmour sur RTL : “Des ministres, socialistes de surcroît, se sont enfin rendus compte que les jihadistes sont dans les quartiers où ils vivent comme des poissons dans l’eau.”

“Cela fait plus que débat”, constate Gérard Leclerc sur Radio Notre-Dame, mais “il faut écarter tout de suite une objection de type moral. Désigner certains quartiers comme viviers de trafics et de réseaux djihadistes, ce n’est pas stigmatiser toute la population qui y réside. C’est constater qu’il y a, souvent au détriment des habitants qui subissent, des zones de non-droit, où la police peine à combattre la délinquance et le trafic de drogue. Comme à Molenbeek, force est de constater que la propagation d’un islam radical est liée à la dégradation des normes de la vie sociale.”

“Il importe de déciller les yeux et de sortir de l’état de somnambulisme. Sans claire vision de la situation, sans réarmement intellectuel et moral, l’Europe restera le ventre mou de l’Occident”, estime le géopolitologue, Jean-Sylvestre Mongrenier dans Challenges.

David Cameron : “Oui, nous sommes un pays chrétien et fier de l’être”

Le réveil est possible ! En voici un signe probant : la déclaration pascale que le Premier ministre britannique, David Cameron, a adressée à ses compatriotes : “Oui, nous sommes un pays chrétien et fier de l’être”, a dit le Premier ministre David Cameron le jour de Pâques. “Au cœur de toutes les actions de gentillesse et de courage, il y a les valeurs et les croyances qui ont fait de notre pays ce qu’il est. Des valeurs de responsabilité, de travail, de charité, de compassion, la fierté de travailler pour le bien commun et d’honorer les obligations sociales que nous avons les uns pour les autres, pour nos familles, pour nos communautés. Nous chérissons ces valeurs. Ce sont des valeurs chrétiennes.” “Par cette phrase, c’est tout un pays qui relève la tête, assumant tranquillement son identité” commente Gabrielle Cluzel sur Boulevard Voltaire.

 

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