Au cours de la Vigile pascale, l’archevêque de Ouagadougou a alerté sur les dangers de la dictature de la pensée unique en Afrique.À l’instar des fidèles chrétiens de l’Église universelle, ceux de l’Église Famille du Burkina Faso ont célébré Pâques dans la foi et la ferveur. Au cours de la Vigile pascale, le cardinal Philippe Ouedraogo, archevêque de Ouagadougou, a lancé un appel aux chrétiens à résister avec courage et foi, à la dictature de la pensée unique qui souffle sur le continent africain en générale et en particulier au Burkina Faso.
La dictature de la pensée unique : “la culture de la mort”
“Dans la joie et la louange, nous célébrons Pâques dans un contexte mondial marqué par la violence et le terrorisme, l’insécurité préoccupante, la précarité, la pauvreté des populations laborieuses, le chômage des jeunes, etc. Face à ces drames humains, notre joie pascale ne pourrait-elle pas être considérée comme béate ou idyllique ?”, s’est-il d’abord interrogé dès l’entame de son homélie de circonstance, avant de répondre qu’à la Pâques, les chrétiens célèbrent l’espérance. Une source d’espérance, mais aussi l’occasion de raviver en eux “la grâce baptismale afin d’être des amoureux du Christ et de l’Évangile tout en étant des témoins du Ressuscité”.
Reprenant un des points clés du message final des évêques de la Conférence Épiscopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest (CERAO) à l’issue de leur deuxième Assemblée Générale sur la famille et le mariage qui s’est tenue à Accra, au Ghana, le cardinal Ouedraogo annonçait que la famille chrétienne est le premier lieu de témoignage de la vie nouvelle du Christ. De fait, a-t-il précisé, “nous assistons à une véritable dictature de la pensée unique qui voudrait imposer et généraliser l’avortement, les méthodes artificielles de limitation des naissances et promouvoir des unions homosexuelles, ou encore l’euthanasie”. Une pensée unique qu’il a qualifiée de “véritable culture de la mort”.
Mais quand bien même l’Église prend acte et respecte la pluralité des visions en matière éthique, a-t-il poursuivi, “il est hors de question pour elle de renoncer tant soit peu à son point de repère ultime qu’est Jésus-Christ, ainsi que les valeurs consignées dans l’Évangile et le magistère officiel”. Par conséquent, “à l’instar des premiers témoins de la résurrection, il faut qu’ensemble, les chrétiens manifestent fortement leur attachement indéfectible aux valeurs évangéliques, fassent la différence et rament même à contre-courant de cette culture de la mort”.
C’est un truisme de dire que nos familles chrétiennes de nos jours, sont le théâtre de bien de maux : “perte de la foi et du sens de la prière en famille, incompréhensions, manque de dialogue et d’écoute mutuelle, haine, divisions, problèmes d’éducation des enfants”. S’impose alors la nécessité d’une conversion profonde pour faire de nos familles chrétiennes des “communautés de vie et d’amour”.
“Le mariage est un état de vie, une voie de sainteté chrétienne”
Poursuivant son exhortation, l’archevêque de Ouagadougou a rappelé que “l’homme et la femme sont créés à l’image et à la ressemblance de Dieu ; ils sont différents et complémentaires du point de vue de l’humanité. Ils sont appelés à s’unir, à devenir une seule chair, chacun étant une aide pour l’autre” (Gn 2, 18-25). De ce fait, comme le note si bien l’exhortation apostolique Familiaris Consortio du pape Jean Paul II, “le mariage des baptisés est une véritable vocation, le symbole réel de l’Alliance nouvelle et éternelle, scellée dans le sang du Christ” (F.C, n. 13). Une position fortement affirmée par l’exhortation apostolique post-synodale Ecclésia in Africa pour laquelle le mariage est un état de vie, une voie de sainteté chrétienne, une vocation qui doit conduire à la résurrection glorieuse (E.I.A, n. 83). Ce qui vaut à dire qu’il est “un lieu privilégié de témoignage évangélique, une véritable Église domestique, une communauté qui croit et qui évangélise (…) ” (E.I.A, n. 92). En cela la Sainte Famille de Nazareth est le prototype et l’exemple de toutes les familles chrétiennes, le modèle et la source spirituelle pour toutes les familles chrétiennes (F.C, n. 75).
Enfin, le cardinal Philippe n’a pas oublié les couples qui sont en situation irrégulière vis-à-vis de l’Église. Ainsi, il a invité les pasteurs “à accompagner avec miséricorde, patience et discernement toutes les personnes en difficultés : les fidèles qui vivent en concubinage ou ont contracté simplement un mariage civil, les divorcés remariés… et les chrétiens retombés dans la polygamie”.