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Monseigneur Rey de retour en Syrie

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Charlotte d'Ornellas - publié le 01/04/16
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Pour la seconde fois depuis le début de la guerre, l’évêque de Fréjus-Toulon est parti à la rencontre des chrétiens de Homs.“Chevaliers de la table ronde, goûtons-voir si le vin est bon !” Le patriarche Grégoire III Laham connaît les paroles par cœur, et entraîne toute la délégation toulonnaise guidée par monseigneur Rey jusqu’en Syrie. Dans le patriarcat grec-melkite catholique de Damas, l’ambiance est à la joie des retrouvailles.

“Il est ressuscité”, annoncent quelques drapeaux blancs accrochés aux arbres qui longent la ruelle qui y mène. Dans la pièce, le patriarche est entouré du nonce apostolique, de l’archevêque syriaque catholique, de l’archevêque de Bamberg et représentant la conférence épiscopale allemande, de l’archevêque arménien catholique, de l’archevêque arménien apostolique, du représentant du patriarche syriaque orthodoxe, de l’archevêque maronite et enfin de monseigneur Rey, évêque français de Fréjus-Toulon.

La Syrie a besoin de l’amour de la France

Accompagné de 45 personnes, l’évêque français est de nouveau en Syrie. Le but ? Consolider le jumelage entre son diocèse et celui de Homs, prévu en août dernier et signé à Toulon en novembre lors d’une visite de monseigneur Arbach, archevêque grec-melkite catholique de Homs.

C’est une fois de plus l’association SOS Chrétiens d’Orient qui a aidé monseigneur Rey à revenir en Syrie. Le patriarche rend un bel hommage à l’association : “c’était à nous de crier SOS, ce sont eux qui l’ont fait !”

À Damas, c’est donc une Église souriante et reconnaissante qui accueille la délégation : “Décidément, la France occupe nos journées”, plaisante le patriarche au lendemain de la visite de cinq députés français, “mais vous connaissez mieux votre Notre Père”, taquine-t-il à la sortie de la messe. Les représentants de toutes ces églises se sont réunis autour du Patriarche pour une messe solennelle dans l’église du patriarcat, au terme de laquelle un dîner est partagé.

L’accueil est chaleureux, et pour cause. “Nous sommes infiniment reconnaissants de cette visite de solidarité au peuple Syrien qui s’est senti si abandonné pendant cinq ans”, explique le Patriarche Laham, particulièrement en forme pour accueillir ses “amis français”. “Ils sont un symbole qui nous rappelle que la France est avec nous !” sourit le patriarche habituellement critique envers la politique menée par le gouvernement français. “Nous espérons que cet exemple chrétien offert par le diocèse de Toulon poussera le peuple, l’Église et les gouvernants français à comprendre que la Syrie, elle, aime la France !” répète cet énergique prélat, infatigable lorsqu’il s’agit de convaincre les chrétiens de rester en Syrie. “La Syrie a besoin de l’amour de la France”, poursuit, nettement plus ému, le patriarche Syrien qui suppliait encore récemment la jeunesse syrienne de faire preuve de “patience” et de ne pas quitter son pays.

Messe Damas - Patriarche - Mgr Rey - évêques

Messe à Damas en compagnie du patriarche Laham, de Mrg Rey et des évêques © Charlotte d’Ornellas

Notre retour à Homs est une victoire

Grégoire III Laham se félicite du jumelage conclu entre les diocèses de Toulon et de Homs, qu’il qualifie volontiers de “ville martyre” : les combats y ont été féroces, les églises sont terriblement endommagées et certains habitants peinent encore à revenir, notamment en raison du coût exorbitant des travaux à effectuer.

À quelques dizaines de kilomètres de la capitale syrienne, le spectacle est effectivement impressionnant. L’entrée de la vieille ville de Homs laisse entrevoir des immeubles criblés de balles et des plafonds effondrés, signes d’intenses bombardements. Les pierres évoquent la mort mais la vie a pourtant repris le dessus dans cette ville ravagée. Les gravas ont quasiment disparu des rues, certains commerces ont ouvert à nouveau, les restaurants alpaguent les “touristes” français en ouvrant des yeux ronds. “Mais vous êtes vraiment français ?”, lance l’un d’eux avant d’ajouter “vous êtes une bénédiction, voir des étrangers revenir ici est une si bonne nouvelle pour notre pauvre Syrie”, ajoute-t-il en serrant hâtivement les mains étrangères qui se tendent vers lui.

Les enfants qui s’approchent timidement sont le signe du retour de nombreuses familles dans ces quartiers dévastés, et les couleurs attirent désormais l’œil plus encore que les impacts de balles. “Back to Homs” est fièrement écrit sur un mur. “Ils ont voulu tout détruire mais notre retour est notre victoire sur ces sauvages”, commente une passante fière et heureuse d’être déjà rentrée. Ses enfants l’ont poussée à “revenir à la maison”. “Nous vivons pauvrement mais nous sommes chez nous, et ils avaient raison, cela n’a pas de prix”, raconte-t-elle en souriant. Elle avait décidé de quitter Homs pour Damas après quelques semaines “invivables” passées sous contrôle rebelle. “Nous avions peur”, résume cette mère de famille chrétienne.

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L’intérieur de la cathédrale d’Homs © Charlotte d’Ornellas

“Une difficile marche avec le Christ”

Les églises dévastées l’an dernier, ont retrouvé leurs couleurs d’autrefois et les échafaudages de fortune supportent des ouvriers déterminés à effacer les traces de cette guerre si douloureuse.

Au cœur de la cathédrale Notre-Dame de la Paix, un “alléluia” résonne bruyamment. À l’issue d’une messe célébrée dans ce bâtiment en ruine, les prêtres et évêques présents se pressent pour verser leur pelle de béton dans le trou béant qu’ont laissé les rebelles. C’est monseigneur Rey qui commence sous les youyous des femmes syriennes, puisque son diocèse participe activement à la reconstruction de l’édifice.

La cathédrale servait de quartier général aux islamistes, qui ont quitté la ville après un accord négocié par l’ONU et accepté par le gouvernement syrien en 2014. Ils avaient pourtant laissé un bien cruel souvenir : une bombe cachée sous la cathèdre (le siège de l’évêque situé à droite de l’autel, Ndlr), responsable de la destruction presque totale de la cathédrale. Mais ici comme ailleurs, les Homsites refusent d’attendre avant de reconstruire. À l’intérieur comme à l’extérieur de la ville, les maisons, églises, universités, usines… se reconstruisent à une vitesse impressionnante. Le paysage n’est déjà plus le même qu’en août dernier, date de la première visite d’une délégation toulonnaise.

“C’est ma deuxième visite en Syrie [pendant la guerre, NDLR], et ce qui me marque encore, c’est l’espérance sur les visages de votre communauté”, a confié monseigneur Rey pendant la messe. Monseigneur Arbach a répondu avec humilité, appellent de ses vœux la poursuite de ce jumelage qui “permet de poursuivre ce chemin de vie et de liberté”. “Nous sommes conscients de notre rôle dans une Syrie qui nous demande aujourd’hui une difficile marche avec le Christ”, répète le prélat Syrien. Son confrère français écoute attentivement. Sa seule présence est la marque de sa fidélité, il avait en effet promis de revenir quelques mois plus tôt, dans cette même cathédrale. Les 45 personnes qui l’accompagnent sont des religieux, étudiants, entrepreneurs, professionnels, et tous s’appliquent à imaginer la suite de ce jumelage, toujours plus concrètement.

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