Le célibat sacerdotal doit garder la place d’honneur qu’il occupe au sein de l’Église catholique.Les spéculations et ballons d’essais vont bon train au Vatican et pointent tous vers une volonté du pape François d’ouvrir le débat sur le célibat ecclésiastique. Certes, l’Église compte déjà des prêtres mariés, dont de nombreux sont d’admirables personnes qui réalisent un formidable travail pastoral. La question d’élargir cette pratique à l’Église d’Occident, et d’accroître par là-même le nombre de prêtres concernés, se poserait donc.
Il s’agirait, selon les tenants de cette proposition, de palier le manque de clergé en de nombreux endroits du monde en ordonnant des viri probati, c’est-à-dire des hommes mariés à la foi éprouvée, d’âge mûr.
Rien de nouveau à cela. Le sujet fait surface régulièrement depuis le Concile Vatican II qui date de plus de 50 ans. Tel que l’a récemment souligné le cardinal Pietro Parolin, actuel secrétaire d’État au Vatican, il serait désormais délicat d’objecter à une discussion « positive et constructive » sur ce sujet. Un avis que semble partager le pape François.
Je souhaiterais exposer ici les trois raisons pour lesquelles il conviendrait de s’assurer que le célibat sacerdotal soit maintenu et garde sa place d’honneur au sein de l’Église catholique de demain.
- Tout d’abord, la disponibilité.
Un prêtre non marié a, tout du moins en théorie, la capacité de se donner plus librement aux autres, là où un homme marié a le devoir de consacrer en priorité son temps et son attention à son épouse et sa famille.
Cela va sans dire, les hommes mariés peuvent également être d’une générosité sans fin, bien au-delà de leurs familles. Pourtant, le cardinal Parolin a été tout à fait réaliste en faisant récemment allusion au fait que le célibat permettait au prêtre de « voyager léger » dans sa volonté « d’atteindre autant de personnes que possible, avec pour seul bagage l’amour de Dieu ».
- En deuxième lieu, le témoignage.
Malheureusement, dans un monde obsédé par le sexe tel que le nôtre, toutes les formes d’expressions sexuelles, jusqu’aux plus perverses, sont acceptées, voire encouragées. Dans de telles circonstances, le célibat offre un témoignage public absolument essentiel quant à la possibilité de s’émanciper des pulsions sexuelles.
D’aucuns rétorqueront que la pratique du célibat est tout sauf naturelle. C’est effectivement le cas si par « naturel » on entend la condition de la nature humaine blessée par le péché. Mais si l’on entend plutôt la nature telle que restaurée par l’action de grâce dans un cœur aimant, alors c’est bel et bien la luxure qui est contre-nature. Tel qu’exposé par le cardinal Parolin, le célibat n’est pas synonyme « d’absence de relations profondes », mais un instrument de libération.
- Enfin, la raison spirituelle.
Loin d’être aisée à exprimer, elle a pourtant toute son importance. Il y a un appel à la sainteté pour les laïcs, hommes et femmes marié-e-s, tout comme pour les prêtres. Mais le célibat ajoute une dimension spéciale à la sainteté sacerdotale, à l’instar de l’amour conjugal pour les époux. Le célibat remplit ainsi toutes les dimensions de la sainteté du Corps du Christ, de l’Église, et ouvre un chemin unique et irremplaçable dans les pas du Christ.
S’il devait y avoir une discussion sur l’ordination d’hommes mariés, espérons que les arguments forts en faveur du célibat sacerdotal resteront bien en vue.
Russell Shaw est auteur et co-auteur de 21 ouvrages ainsi que de nombreux articles, éditoriaux et analyses. Il fait partie du corps professoral de l’Université pontificale de la Sainte-Croix à Rome et a précédemment occupé le poste de secrétaire aux Affaires publiques de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis.