Les dirigeants politiques soulignent “l’engagement et la ténacité” de l’institution catholique face à ce fléau qu’elle a décidé de combattre quoi qu’il lui en coûte.Six ans se sont écoulés depuis que les scandales liés aux abus sexuels ont éclaté dans l’Église catholique allemande. Six ans durant lesquels l’Église a cherché à comprendre comment avaient pu se passer de tels drames et à réfléchir aux moyens d’en éviter de nouveaux. Si tout ne s’est pas fait le plus simplement du monde, l’Église est sur la bonne voie. Elle a mis en place en Allemagne une ligne directrice pour détecter les abus et élaboré une démarche de prévention régulièrement actualisée. Les pasteurs sont davantage accompagnés avec des conseils et des aides plus régulières.
L’Église, victime dans la chair de sa chair la plus précieuse
Il y a eu ces derniers jours un congrès de la conférence des évêques allemands visant à mettre en place de nouvelles pastorales qu’impliquent les abus sur enfants, comme le racontent nos confrères de katholisch.de. La volonté est désormais claire : on ne mettra plus jamais ce thème entre parenthèses. Quand bien même la pédophilie toucherait toutes les institutions en contact avec des enfants, l’Eglise se doit d’être exemplaire. La mise en place d’une ligne de téléphone où l’on peut témoigner a permis de prendre conscience que les victimes vivaient au cœur même de l’Église. Les victimes proviennent en effet de familles pieuses et pratiquantes et elles restent souvent proches de l’Église au cœur même de ces drames.
Il n’est donc absolument plus envisageable de penser “protéger l’Église” de ce genre de scandale. Cette vision provient d’une très mauvaise compréhension de ces drames. Faut-il rappeler qu’il n’y a pas simplement d’un côté l’Église et de l’autre les victimes ? Car les victimes sur lesquelles devraient veiller les prêtres sont tout autant catholiques et tout autant l’Église que leurs agresseurs. En effet, l’Église, ce n’est pas simplement le clergé, mais tous les baptisés qui vivent en son sein la foi en Jésus Christ. C’est le Corps du Christ dans son intégralité. Ainsi, pour comprendre en profondeur le drame spirituel de ces abus, il faut comprendre que c’est l’Église elle-même en tant qu’institution qui blesse et agresse l’Église dans ce qu’elle a de plus fragile et de plus saint: ses enfants, la chair de sa chair.
Pour les victimes, au drame humain s’ajoute un drame spirituel
Karlijn Demasure, directrice du nouveau Centre pour la protection de l’enfance rattaché à la Grégorienne, l’université pontificale jésuite, explique qu’un drame aigu se joue dans la conscience des victimes vis-à-vis de la question du bien et du mal. “Dieu prend-Il vraiment soin de moi ? Et si oui, pourquoi ai-je souffert ainsi ? Le voulait-Il ?” Elle explique ainsi qu’il est primordial de leur permettre de trouver un nouvel accès à Dieu et de détruire la fausse image que le traumatisme a laissée en eux. Ils ont en effet tendance à se sentir coupables et peuvent se croire responsables du drame qui leur est arrivé.
Une déclaration commune source d’espérance
Johannes-Wilhelm Rörig, mandaté par le gouvernement allemand afin de lutter contre la pédophilie au niveau national, a affirmé être impressionné par les efforts effectués par l’Eglise et “par son engagement et sa ténacité dans la lutte contre la pédophilie”. Quand bien même quelques résistances doivent encore être dépassées, “l’Église est aujourd’hui non plus le lieu de ces actes odieux mais un endroit où l’on sait accueillir, soutenir et aider les enfants et les jeunes personnes”. Il a ainsi rédigé, avec Stephan Ackerman, le responsable de la commission de la Conférence épiscopale allemande qui traite des abus sexuels sur mineurs dans l’Église catholique, une déclaration commune qui souligne les avancées faites au sein de l’Église catholique allemande en vue de protéger les enfants d’agressions sexuelles et de faire de l’Église un lieu exemplaire et digne de la confiance des parents.