Emmenés par George Weigel, le biographe de Jean-Paul II, des intellectuels catholiques américains appellent à voter contre le candidat républicain. Leur lettre ouverte publiée par The National Review ne s’oppose pas aux préoccupations légitimes de ses partisans, mais attire l’attention sur la duplicité du personnage. Son élection mettrait directement en péril les causes chères aux catholiques américains.
Au cours des dernières décennies, écrivent-ils, le parti républicain a été un véhicule — imparfait, comme toutes les institutions humaines, mais utile — de soutien aux causes qui sont au centre des préoccupations sociales des catholiques aux États-Unis :
- La protection juridique des enfants à naître, des handicapés physiques et mentaux, des personnes âgées et vulnérables, et des victimes de ce que saint Jean Paul II appelait la “culture de mort” ;
- La défense de la liberté religieuse contre les agressions sans précédent menées au sein de l’administration par des fonctionnaires qui se sont fait les ennemis de la conscience ;
- La reconstruction de la culture du mariage, comprise comme l’union conjugale entre mari et femme ;
- Le rétablissement du gouvernement comme pouvoir constitutionnel limité, selon la conception catholique du principe de subsidiarité.
Aucun parti politique n’incarne parfaitement la doctrine sociale catholique, précisent les auteurs, et le parti républicain les a frustrés bien souvent. Mais il y a eu des réussites, et le début de l’actuelle campagne présidentielle avait laissé espérer des perspectives de progrès dans la défense et la promotion des causes soutenues par les catholiques au sein du parti républicain.
Une politique dégradante
Ces perspectives sont désormais en grand danger, pour deux raisons :
- “Donald Trump est manifestement inapte à être président des États-Unis. Sa campagne a conduit la politique américaine à de nouveaux niveaux de vulgarité. Son exploitation des peurs et ses préjugés ethniques et raciaux sont offensants pour toute sensibilité véritablement catholique, écrivent encore les amis de George Weigel. Trump a promis d’ordonner aux militaires américains de torturer les terroristes suspects et d’assassiner les familles de terroristes — actions condamnées par l’Église et qui font honte à notre pays.”
- “Il n’y a rien dans sa campagne ou ses affaires précédentes qui laisse penser qu’on puisse lui faire confiance et qu’il partage véritablement les engagements des catholiques en faveur des droits de la vie, de la liberté religieuse et de la conscience, à la reconstruction de la culture du mariage, ou au principe de subsidiarité.”
Il est compréhensible, disent-ils, que de nombreux Américains bien intentionnés, y compris parmi les catholiques, soient attirés par la campagne de Trump, qui affronte des questions légitimes, soulevant de réelles préoccupations : la stagnation des salaires, un gouvernement manifestement incompétent, des dépenses publiques effrénées, l’échec de la politique migratoire, les inepties de la politique étrangère, l’étouffoir du “politiquement correct”…
La lettre poursuit : “Il existe en effet de nombreuses raisons d’être préoccupé par l’avenir de notre pays, et d’être en colère contre les dirigeants politiques et les élites en général. Nous exhortons nos compatriotes catholiques et tous nos concitoyens à considérer cependant qu’il y a des candidats à l’investiture républicaine qui feraient probablement mieux que M. Trump pour traiter ces questions sensibles, sans vulgarité, sans ignorance et sans démagogie”.
Les signataires de la lettre ouverte ne voient aucune élévation politique (“greatness”) dans la “proposition Trump”. Sa campagne traduit plutôt une dégradation de la politique et de la culture américaines. D’où leur appel à soutenir des candidats “véritablement réformistes”.
“An Appeal to Our Fellow Catholics”, à retrouver ici.