Un membre de la commission pontificale pour la protection des mineurs et “L’Osservatore Romano” saluent la qualité et les intentions d’un film jugé “convaincant”.Le film Spotlight, qui vient d’être sacré meilleur film à la 88e cérémonie des oscars, et l’appel au Pape par son producteur après la remise du prix “donnent un nouvel élan” au travail de transparence entrepris par le Vatican, commente sur les antennes de Radio Vatican le jésuite allemand Hans Zöllner, psychothérapeute, membre de la commission pontificale pour la protection des mineurs, mis en place par le pape François en mars 2014. L’Osservatore Romano, le quotidien du Saint-Siège, salue de son côté un film “convaincant” sur la volonté de l’institution de défendre son image face à “une horrible réalité”, et en rien “anticatholique”.
Un signal positif pour l’avenir
“Ce film a donné voix aux survivants. Et l’Oscar amplifie cette voix, en espérant qu’elle devienne une chorale qui résonnera jusqu’au Vatican… Pape François, il est temps de protéger les enfants et de rétablir la foi”, avait déclaré dimanche Michael Sugar, en retirant le prix et s’adressant au Souverain Pontife. Cet appel doit être vu comme “un signal positif”, commente l’éditorialiste du quotidien Saint-Siège, car il montre qu’ “il y a encore de la confiance dans l’institution et dans un Pape qui poursuit le nettoyage entamé par son prédécesseur”. À propos de Benoît XVI, la journaliste regrette seulement que “la lutte longue et tenace” entreprise quand il était encore Mgr Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, puis comme Pape, n’ait pas été mentionnée.
De son côté, Hans Zöllner, confirme l’impact du film et du message lancé la nuit des Oscars sur la volonté de poursuivre un travail commencé à la fin des années 90, lorsque le cardinal Ratzinger s’était en effet rendu compte que l’Église ne pouvait plus ni tolérer ces abus ni leur couverture par des évêques. Comme Mgr Scicluna qui était à la Congrégation pour la doctrine de la foi au moment des faits rapportés dans Spotlight et avait réagi très positivement à la sortie du film en Italie, une semaine avant les Oscars, il se souvient du jour le Saint-Père avait convoqué tous les cardinaux américains et leur avait dit : “Chacun doit savoir qu’il n’y a pas de place dans le sacerdoce et dans la vie religieuse pour quiconque pourrait faire du mal aux jeunes”. Puis le pape François a pris la relève et poursuivi sur la même ligne, renforçant encore plus la législation de l’Église en ce sens, et mettant en place une commission ad hoc.
Encourager la transparence
Si la lutte anti-pédophilie au sein de l’Église s’est renforcée au fil des années, beaucoup reste encore à faire pour mettre fin à ces abus. Comme écrit Lucetta Scarafia, dans son éditorial pour L’Osservatore Romano, “les prédateurs ne portent pas forcément l’habit ecclésiastique et la pédophilie ne dérive pas nécessairement du vœu de chasteté, mais il est désormais clair que, dans l’Église, trop de gens se sont plus préoccupés de l’image de l’institution que de la gravité de l’acte”.
Tous conviennent que le film Spotlight est un bon outil pour alimenter débats et réflexions et encourager la transparence là où prévalait il n’y a encore pas si longtemps “l’instinct de protéger l’institution du scandale”, comme relevé par le cardinal George Pell, auditionné ces jours-ci par la commission d’enquête royale australienne pour ses réactions face aux crimes pédophiles dans les années 70-80.