Zhang Kai, emprisonné pour s’être élevé contre la destruction des croix par le Parti est qualifié par la presse chinoise de “cerveau criminel”. Rien ne filtrait sur les conditions de détention de Zhang Kai, tenu au secret depuis le mois d’août 2015 par la police chinoise. Défenseur des communautés chrétiennes opposées à la destruction de leurs croix sous prétexte d’embellissement urbain. Il a fait sa première apparition publique sur le journal de la télévision chinoise le 25 février 2016. Il récite : “Les forces étrangères poussent les chrétiens à se rebeller contre le gouvernement et veulent renverser le système politique chinois”. Il a l’air fatigué, et on ne voit pas comment interpréter son autocritique autrement que comme un nouvel abus de pouvoir du Parti communiste chinois.
“Il encourage les gens à défier le gouvernement”
Les propos tenus devant la télévision ont été encore amplifiés par des sites d’informations pro-gouvernementaux, comme Wenzhou Online qui qualifient carrément Zhang Kai de “cerveau criminel” et “d’escroc”. Parmi les accusations relayées par la presse chinoise, Zhang Kai aurait accepté de l’argent d’associations étrangères, et encouragerait les chrétiens à s’organiser pour entraver le Parti communiste chinois. La participation d’associations, notamment évangéliques et américaines, à la défense des chrétiens chinois, ne constitue pourtant pas un délit, mais elle est assimilée, par le Parti communiste chinois, à une ingérence dans ses affaires intérieures. La triste “confession” de Zhang Kai devant la télévision reprend l’accusation ressassée contre les chrétiens depuis Mao Zedong : ils seraient des agents de l’Occident et en particulier de l’Amérique.
Le procédé des aveux télévisés
L’association Reporter sans frontières (RSF) dénonce la pratique de la diffusion par la télévision d’état CCTV et par l’agence de presse Xinhua “de prétendues “confessions” extorquées à des individus, vraisemblablement par la force”, dans un communiqué. RSF rappelle des précédents récents comme les cas de Gui Minhai et de Peter Dahlin, tous deux manifestement contraints à des “aveux télévisés”. L’association demande que l’Union européenne prenne des sanctions contre les médias chinois, pour leur complicité dans le procédé des aveux télévisés, qui sert à décrédibiliser la parole des opposants. Elle s’appuie sur un précédent : en mars 2013, le Conseil de l’Union européenne avait jugé le directeur de l’information de Press TV en Iran, pour complicité de torture.