Mgr Georges Abou Khazen, vicaire apostolique d’Alep, a été interviewé par l’Aide à l’Église en détresse. Il confie son espoir d’assister à une issue diplomatique du conflit.Les habitants d’Alep souffrent de graves pénuries depuis cinq mois, provoquées, selon Mgr Khazen, par des attaques délibérées et ciblées :
“J’ignore qui en est responsable. Peut-être est-ce un groupe djihadiste, mais le résultat est le même l’alimentation en électricité et aussi en eau est coupée.
Tous les habitants d’Alep sont touchés par cette pénurie.(…) Dans cette ville, les groupes djihadistes ont occupé environ la moitié, sinon même les deux tiers des quartiers. Tous les jours, il y a quatre ou cinq morts. Certains jours, dix personnes perdent la vie. Et tout cela est l’œuvre des groupes de djihadistes.”
En plus des pertes humaines considérables, l’évêque déplore les dégâts matériels du patrimoine religieux : “Presque toutes nos églises sont endommagées, certaines d’entre elles sont complètement détruites”. Et d’expliquer : “Il y a quelques jours, l’église évangélique arménienne a été sévèrement touchée, et il y a cinq jours, notre église catholique romaine et notre centre pastoral ont également été endommagés”.
70% des chrétiens seraient partis
L’évêque a poursuivi en décrivant les graves conséquences des bombardements ininterrompus sur les habitants restants d’Alep :
“Les gens ont vraiment très, très peur de ces attaques. Ils espèrent que ça s’arrête. Il y a quelques jours, un élève, un jeune garçon de peut-être 13 ans, m’a demandé : “Pourquoi me faut-il apprendre ? Je vais mourir…”. Comprenez-vous maintenant, pourquoi tout cela est si terrible ici ?”
Selon Mgr Khazen, il n’existe certes pas de chiffres exacts mais, depuis le début des hostilités, au moins 70 % des chrétiens sont partis.
Nous espérons un cessez-le-feu
“Nous espérons qu’il y aura un cessez-le-feu ce week-end, mais je crains que de nombreux groupes qui appartiennent à Al-Qaïda ou à Daesh ne le respecteront pas. La Russie et d’autres pays agissent fortement en faveur de négociations, et de nombreux Syriens veulent que ces négociations réussissent. (…) Mais comme vous le savez, il y a des milliers et des milliers de combattants étrangers dans notre pays.”
Malgré tout cela, assure l’évêque, les communautés chrétiennes d’Alep ne perdent pas espoir. “L’espoir est pour nous comme la foi et l’amour. Nous ne pouvons pas vivre ni sans l’un, ni sans l’autre. Dieu est tout-puissant, Dieu est notre Père. Pensez-donc à l’Ancien Testament, comment Il a sauvé les réchappés du peuple !”