Ce vendredi 26 février, le pays des Mollah doit renouveler deux assemblées et pourrait changer en profondeur, au profit du populaire président Hassan Rohani.
Les récents accords avec les États-Unis font espérer aux Iraniens que leur président, Hassan Rohani, tiendra prochainement sa promesse de campagne, à savoir la levée des sanctions internationales. Bien qu’ils n’aient pas encore pris effet, ils devraient se traduire, dès cette année 2016, par une croissance économique du pays, qui souffre actuellement d’un taux de chômage supérieur à 10%.
Rohani, le réformateur
L’arrivée au pouvoir d’Hassan Rohani a été saluée par les connaisseurs de l’Iran, comme le père Pierre Humblot, lui-même citoyen iranien, qui a passé 45 ans dans ce pays. Elle correspond à un désir d’évolution de la société iranienne exprimée par une majorité des citoyens. La popularité de Rohani devrait donner un bon score aux réformateurs. Par ailleurs, le vote des femmes jouera en leur faveur, comme l’explique l’homme d’Église : “Elles sont lassées de la police religieuse et vont voter massivement, pour que cela change !”.
Les conservateurs sont bien installés
Mais ce désir de changement se heurte à des conservateurs qui détiennent des postes clés. Le Conseil des gardiens a ainsi écarté une grande partie des candidats réformistes pour ces élections, si bien que certaines régions n’ont plus de candidats réformateurs. Ils détiennent toujours le poste du “grand chef” du système politique iranien : celui du “Guide suprême de la révolution islamique”. Le Guide en poste, Ali Khameneï, ne fait pas mystère de son anti-occidentalisme et soupçonne publiquement les États-Unis d’organiser la perte d’identité culturelle et religieuse de l’Iran, au profit de la mondialisation.
Or ce guide suprême tient sous ses ordres les Gardiens de la Révolution, les Pasdarans, une force militaire engagée en Irak et en Syrie, qui compterait 130 000 combattants. Outre sa force de frappe, cette entité contrôle des entreprises de divers secteurs, comme le bâtiment, les transports ou la télécommunication.
Des migrants en Iran
Les Pasdarans règlent aussi à leur façon les problèmes posés par l’arrivée massive de migrants afghans fuyant la misère : ils sont recrutés et envoyés en Irak pour combattre l’Etat islamique. Pour faire évoluer cette entité, il faudrait remplacer l’actuel Gardien de la Révolution. Or, celui-ci est malade, et l’élection de son successeur dépend de la Chambre des Experts, qui est justement renouvelée ce vendredi. Le père Humblot assure que parmi les ayatollahs qui pourraient succéder à Ali Khameneï, certains seraient plus favorables à une ouverture de l’Iran. Il se réjouirait par exemple, de l’élection de Mohammad Khatami à ce poste. Il fut président avant l’arrivée de Mahmoud Ahmadinejad et tenta de réformer le pays, notamment en termes de liberté d’expression et de statut des femmes.
Desserrer l’étau sur les convertis
L’élection d’un nouveau Guide suprême, qui serait réformateur, pourrait être une bouffée d’air pour les convertis, très nombreux en Iran, qui quittent l’islam au profit d’une autre religion, estime le Père Humblot. Il précise que si les conversions sont un sujet tendu en Iran, les institutions assurent une place aux autres religions historiques. De fait, aux minorités chrétiennes d’Iran – 75 000 Arméniens, 20 000 Assyriens et chaldéens – sont réservés trois sièges au Parlement – deux pour les Arméniens et un pour les Assyriens. Par ailleurs, un siège est réservé aux juifs – 25 000 en Iran – et un aux zoroastriens.