Le 11 février 2016, date anniversaire de la première apparition de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous à Lourdes, le lointain diocèse de Vijayawada, à l’Est de l’Inde, a fêté l’événement en grande pompe. Le père Chinapa, recteur du sanctuaire, a raconté à CBCP News la ferveur des pèlerins, apportant des fleurs aux pieds de la statue de la Vierge ou brisant des noix de coco devant elle selon une tradition indienne. Le long du parcours, pour escalader la colline sur laquelle se trouve la statue de Notre-Dame de Gunadala, du nom du quartier où elle se dresse, de nombreux coiffeurs étaient présents. Se raser la tête est en effet pour les Indiens un signe de soumission, de repentance ou de reconnaissance.
Beaucoup de non-chrétiens parmi les pèlerins
Le père Chinapa constate que de nombreux hindous se mêlent aux chrétiens, convaincus de la valeur de cette statue qui fut apportée depuis Lourdes en 1928 par l’Institut pontifical des missions étrangères. La présence de ces croyants fervents aux pieds de la statue représente un signe encourageant pour la minorité chrétienne, échaudée par les déclarations brutales de certains fanatiques du BJP, le parti hindouiste au pouvoir, qui rêvent ouvertement d’un pays débarrassé des chrétiens et des musulmans (Aleteia).
Les hindous viennent jusqu’à Lourdes
Arthur Gosset, volontaire aux piscines des Sanctuaires de Lourdes depuis dix ans, constate qu’un nombre étonnant d’hindous fait le trajet inverse de la statue de Notre Dame de Gunadala. "Ils sont de plus en plus nombreux, constate-t-il. Entre 20 et 25% des personnes qui souhaitent se baigner dans les eaux de Lourdes sont des hindous, et l’été dernier cette proportion atteignait 50% des enfants !" Arthur Gosset détaille : "Ils tiennent à s’immerger complètement, et beaucoup d’entre eux nous demandent la permission d’embrasser la statue de la Vierge".
La plongée dans les eaux lourdaises ressemble au rituel de l’immersion dans le Gange, et ces hindous ne voient pas de contradiction entre la Vierge Marie et leur propre religion. Le cardinal nigérian Francis Arinze, préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, explique à Marie de Nazareth qu’ils la voient probablement comme une nouvelle manifestation de Mahadevi, "la grande déesse" respectée et vénérée par tout le peuple indien comme une sainte femme qui répond à leurs prières pour des besoins matériels ou spirituels. Mais, précise-t-il, "si l’on venait à leur parler, de manière convaincante, de la réelle grandeur de Notre Dame comme la Mère Immaculée du Rédempteur, ils pourraient alors lui témoigner du respect et de la vénération qui lui sont réellement dus".