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Des chrétiens survivent encore dans la capitale de Daesh

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Sylvain Dorient - publié le 11/02/16
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Des familles chrétiennes n’ont pas fui Raqqa, le chef-lieu de l’État islamique en Syrie, subissant taxes et humiliations. Marie Thibaut de Maisières, qui est partie en Syrie avec le comité belge des Chrétiens d’Orient nous rapporte le témoignage d’un jeune homme chrétien de Raqqa, David. Au cours de l’entretien, elle découvre que ses parents sont retournés dans la ville-symbole de l’État islamique, pour payer le djizîa, l’impôt des dhimmis, comme ils doivent le faire chaque mois. Cette histoire conforte les récits des militants de Raqqa is being slaughtered silently, selon lesquels 25 familles de chrétiens ont fait le choix de rester malgré tout. David lui-même explique : “Je suis né à Raqqa, je ne me verrais pas vivre ailleurs”.

La conversion ou l’impôt

Il y a peu de chance pour que les quatre églises de la ville abritent encore des célébrations, selon les témoignages qui nous parviennent. Les croix et les représentations sacrées ont été brûlées dès 2013. Les chrétiens ne peuvent pas sonner les cloches, porter de signes religieux ostensibles, etc. Mais ils n’ont pas fait l’objet d’une expulsion systématique, contrairement aux musulmans chiites, dont les mosquées ont été brûlées, et qui n’ont eu le choix qu’entre l’exil ou la mort. Resté sur place, David a vu un de ses voisins partir au marché aux esclaves en compagnie de sa première femme, pour s’acheter une esclave domestique yézidie. Il voyait après cela cette dernière étendre tous les jours le linge de la famille au balcon. Il a aussi vu un homme enfermé dans une cage, sous le soleil syrien, pour ne pas avoir respecté le jeûne du ramadan. Quant aux soldats syriens, de toute confession, ils ont été décapités, “ou pire” selon l’expression de David.

“Daesh accusent les musulmans d’être infidèles, que diront-ils de nous ?”

Les militants qui continuent à écrire depuis le territoire de l’État islamique pour Raqqa is being slaughtered silently rapportent l’angoisse quotidienne des chrétiens qui doivent passer des barrages tenus par des djihadistes. Ils n’ont rien à se reprocher, même selon les standards délirants de Daesh, mais ils savent que la situation peut à tout moment tourner, et que leur fragile statut de dhimmis, contraints, humiliés, mais protégés, peut tomber à tout moment.

La crainte de la fin

Les chrétiens arméniens, syriens de nationalité, que Marie Thibaut de Maisières a rencontrés parlent de revenir vivre dans leur pays, “dès que Daesh sera chassé”. Pour eux, ce jour arrivera, et les récentes offensives de l’armée arabe syrienne soutenues par l’aviation russe les confortent dans leur certitude. En revanche, si le jour de la chute de l’État islamique arrivait, la période de la fin de ce pseudo califat pourrait être critique pour les minorités qui restent, envers et contre tout, sur leurs terres ancestrales. Si les djihadistes étaient vaincus militairement, ils pourraient reporter leur rage meurtrière sur les minorités, facilement accessibles et sans défense.

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