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Urbanisme : Quand le monde devient immonde

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Théophane Leroux - publié le 10/02/16
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Ou l’urgence de retrouver le sens du beau.Il devient de plus en plus difficile d’aller dans un village quelconque sans devoir traverser des zones industrielles, résidentielles récentes où les maisons semblent avoir été clonées, ou simplement des routes parsemées de panneaux publicitaires.

Tous les dix ans, c’est l’équivalent d’un département qui est englouti par le béton. À l’heure où l’écologie est si souvent invoquée, il n’est venu à personne l’idée de se pencher sur ce problème. Or, outre le fait qu’elle dégrade l’environnement, cette pratique influence aussi nettement notre vie quotidienne. Et en mal. Le pape François s’en était d’ailleurs ému dans son encyclique Laudato Si’ : “Les habitants de cette planète ne sont pas faits pour vivre en étant toujours plus envahis par le ciment, l’asphalte, le verre et les métaux, privés du contact physique avec la nature”.

Les dangers de la loi Macron

Or, les choses ne s’arrangent pas vraiment. Peu semblent l’avoir remarqué, mais la dernière loi Macron, qui n’a a priori pas grand-chose à voir avec nos paysages. pourraient pourtant radicalement les changer en facilitant grandement l’implantation dans les petites villes de panneaux publicitaires mesurant 3×4 m ! Mais son application s’opposant à la loi sur l’environnement du 13 mai 2015, le législateur a glissé dans le décret cette perle de la littérature bureaucratique : “La surface totale des publicités de 12 m2 ne peut en tout état de cause dépasser 16 m2“. Veuillez comprendre : “La protection du paysage doit s’effacer devant les impératifs de la publicité”.

Le facteur le plus important de cette évolution est sans doute le processus de gentrification des villes. Pour faire simple, il s’agit d’un processus dû au fait que les personnes les plus riches occupent les centres villes, faisant ainsi monter les prix. Les classes moins aisées partent alors en périphérie, c’est-à-dire dans des quartiers moins côtés, ou en proche ou lointaine banlieue. Pour pouvoir loger ces personnes, on construit alors ces lotissements où les maisons sont les mêmes pour tous. Il n’y a aucun commerce, il faut prendre sa voiture pour se rendre dans la “zone économique” la plus proche (mais qui est souvent lointaine) parsemés de hangars et de supermarchés. Il est bien sûr hors de question de travailler dans ces grands ensembles : beaucoup de villages proches de villes plus importantes deviennent alors des cités dortoirs.

“Tout est lié”, écrivait encore le Pape dans son encyclique. Le problème n’est pas uniquement dû à une perte du sens du beau, mais aussi à des contraintes économiques et sociales que l’on ne peut balayer d’un revers de main. Force est de constater cependant que cette vision de la ville nous mène tout droit vers le meilleur des mondes : un monde où tout est balisé, uniformisé, et où la seule contrainte est de consommer au maximum. Le Souverain Pontife s’en prend directement à cette vision des choses : “S’il est vrai que l’architecture reflète l’esprit d’une époque, les mégastructures et les maisons en série expriment l’esprit de la technique globalisée, où la nouveauté permanente des produits s’unit à un pesant ennui”, écrit-il. Il est urgent de retrouver de belles villes et de beaux paysages, pour y vivre mieux.

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