Parmi les 29 morts de l’attentat terroriste du 15 janvier dans la capitale du Burkina Faso, six humanitaires québécois et trois collègues de travail d’une entreprise française.Lancé dans une surenchère mimétique avec l’État islamique, Al-Mourabitoune, un groupe lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), lui aussi en difficulté sur le terrain face aux troupes françaises, s’est vengé en frappant des civils, des étrangers en majorité, dans la nuit de vendredi à samedi à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso : 29 personnes, sept Burkinabés et une quinzaine d’étrangers, ont été tuées et une trentaine d’autres blessées dans l’attaque de l’hôtel Splendid et du restaurant Cappuccino, des établissements prisés des Occidentaux et des soldats français de l’opération Barkhane au Sahel. Déjà plusieurs fois visé l’an dernier par des attentats islamiques d’une moindre ampleur, le Burkina Faso observe un deuil national de trois jours.
Trois collègues et amis
Parmi les victimes décédées, trois amis, trois collègues de travail d’une société de transport basée dans le Val d’Oise en France – deux Français et un Portugais. Ayant achevé leur mission, ils devaient rentrer dimanche. Ces trois époux et pères de famille ont été fauchés vendredi soir par les terroristes au restaurant le Cappuccino alors qu’ils fêtaient leur prochain retour. Leurs familles et leurs collègues sont sous le choc et en témoignent (Le Parisien , FranceTVinfo).
Six humanitaires québécois
L’émotion est aussi très vive au Québec où six humanitaires, dont quatre de la même famille, ont perdu la vie. Gladys, Yves et leurs enfants Charlelie et Maude, une famille originaire de Lac-Beauport, dans la région de Québec, se trouvaient au Burkina Faso depuis un mois pour participer à la construction d’une école pour le compte de la Congrégation des sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours. Ils étaient accompagnés de deux amis québécois, eux aussi bénévoles, morts avec eux au cours de l’attaque, rapporte Radio Canada.
“Un petit Italien de 9 ans, Michel Santomenna, et sa mère, l’épouse du propriétaire du café-restaurant Cappuccino, l’une des cibles des assaillants, ont également été tués”, rapporte Le Journal de Montréal.
Un nouveau méfait du « Borgne »
Responsable de ce carnage, le chef djihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar, dit “le Borgne”, “l’un des hommes les plus recherchés du Sahel”, “donné pour mort à de multiples reprises”, rappelle France 24 : “Ce n’est pas la première fois que Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Aboul Abbas, vise des Occidentaux sur le continent africain. L’homme, rendu célèbre avec des opérations aussi sanglantes que spectaculaires dans le Sahel, a revendiqué l’attentat meurtrier, le 20 novembre 2015, contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako (20 morts dont 14 étrangers et deux assaillants abattus). La formation djihadiste se trouvait également derrière le premier attentat meurtrier contre des Occidentaux à Bamako, le 7 mars 2015, au bar-restaurant La Terrasse (cinq morts : trois Maliens, un Français et un Belge)”.
“Après l’horreur et l’émotion, le temps du bilan et des questions”, écrit La Dépêche : “Seuls trois djihadistes tués ont été identifiés pour le moment. Mais selon certains témoignages, il pourrait y avoir eu jusqu’à une quinzaine d’assaillants, vendredi. Hier, le ministre de la Sécurité intérieure Simon Compaoré a confirmé que “les djihadistes (étaient) allés prier dans une mosquée derrière l’hôtel” avant l’attaque. Ils “sont arrivés avec trois véhicules. Et ce sont eux qui y ont mis le feu pour brouiller les indices”, a-t-il précisé. “Le ratissage continue, 129 hôtels ont été fouillés”, a-t-il également indiqué. Du côté du Splendid Hôtel, les enquêteurs techniques étaient à l’œuvre ainsi qu’au café-restaurant Cappuccino, principales cibles des djihadistes. Douze enquêteurs français — six gendarmes et six policiers — sont également arrivés hier en renfort. En état de choc, 18 millions de Burkinabè redoutent maintenant les conséquences économiques de cet acte terroriste sur leur pays, déjà très pauvre”.
Un avertissement prémonitoire
Un blogueur avait annoncé l’imminence d’une telle attaque, révèle Rue 89 : “Un blogueur burkinabè, Boukari Ouédraogo, dont le blog “le messager d’Afrique depuis Ouagadougou” est hébergé par la plateforme Mondoblog, a écrit une note prémonitoire le 25 août 2015, après un premier incident”. Il écrivait notamment : “Presque chaque jour, les forces de sécurité, gendarmerie annoncent l’arrestation de malfaiteurs. Ils sont souvent présentés à la presse. En général, il s’agit de récidivistes. Mais, aussitôt arrêtés, ils sont immédiatement libérés”. Il pointait aussi le dénuement des forces de sécurité burkinabées : “Il suffit de faire un tour dans n’importe quel commissariat ou gendarmerie du pays, l’on constate qu’il n’y a souvent pas de véhicules d’intervention. Les bandits sont souvent mieux armés. Le personnel est insuffisant”.