L’affaire d’une église brûlée, montée en épingle par les médias locaux, aggrave le climat pour les chrétiens.L’église de Baath, à 40 km au nord de Lahore venait d’être repeinte quand l’incendie s’est déclenché. Selon une enquête rapide de la police, le feu aurait été causé par un court-circuit, mais le pasteur Yaqoob Saroya, qui a la charge de cette communauté, n’y croit pas. Il assure avoir relevé des traces de mains et de pieds sur le mur de l’église.
Emballement médiatique
La diffusion sur Facebook d’une vidéo de l’église en train de brûler a déclenché une série de fausses rumeurs. Le révérend Yaqoob Saroya regrette, sur Asianews, que les médias aient suggéré que l’incendie ait été déclenché à la suite d’un différend entre les communautés musulmane et chrétienne locales. Plusieurs organes de presse pakistanais, se fiant aux rumeurs glanées sur les réseaux sociaux, ont fait la présentation suivante des événements : des musulmans auraient demandé aux chrétiens de couper le haut-parleur de l’église pour qu’ils ne perturbent plus leurs prières. Les chrétiens auraient refusé et des extrémistes musulmans auraient mis le feu à l’église.
Solidarité des musulmans locaux
Selon le pasteur de cette communauté, l’incendie est bien un acte criminel, mais il n’a rien à voir avec les voisins musulmans qui habitent Baath. “Il y a des extrémistes dans le pays qui font tout leur possible pour aggraver les tensions”, reconnaît-il, mais il défend ardemment ses voisins musulmans, assurant qu’une de leurs familles a aidé les chrétiens à éteindre le feu. Un notable de Baath, Abdul Hameed, a assuré en personne que les musulmans cherchaient le coupable, pour que justice soit rendue aux chrétiens.
Contexte de tension
À Lahore, 17 personnes avaient péri le 15 mars 2015 dans l’explosion perpétrée par deux kamikazes pakistanais. Le Pakistan a été classé au 6e rang des pays où les chrétiens sont les plus exposés à la répression par l’Index mondial 2016 de l’ONG protestante Portes Ouvertes.