Les “Libres penseurs” qui exigeaient le retrait de la statue du Pape polonais ont perdu une bataille devant la Cour administrative d’appel de Nantes.
“En 1905, ma mère avait 10 ans. Avec une canne, elle faisait sauter les chapeaux des laïcards qui rentraient dans les églises pour en faire l’inventaire”, s’amuse Paul Anselin, ancien maire de la ville. Fidèle à la tradition familiale, il continue un petit combat contre ceux qu’il appelle les “intégristes de la laïcité”. C’est sous son mandat que fut installée la statue de Jean-Paul II, en 2006.
L’œuvre monumentale (7,5 m) avait provoqué l’ire de “la fédération de la Libre Pensée”, soutenue par deux habitants de la commune de Ploërmel. “Des communistes, assure M. Anselin, je comprends qu’ils en veuillent à Jean Paul II. “Quant aux représentants locaux de la fédération, l’ancien maire soupçonne qu’une “cabine téléphonique” suffirait pour en réunir tous les membres.
“Atteinte à la laïcité”
La fédération demandait en 2012 au nouveau maire de la ville de faire retirer la statue pour “atteinte à la laïcité”. Celui-ci avait refusé, et les “Libres penseurs” ont porté l’affaire devant les tribunaux. Le tribunal administratif de Rennes avait requis le retrait de la statue, mais ses défenseurs ont fait appel et la Cour administrative d’appel de Nantes leur a donné raison. La fédération de la Libre Pensée n’a cependant pas dit son dernier mot : elle portera l’affaire devant le Conseil d’État, promet son avocate, Me Aline Vérité.
“Des laïcards et des communistes”
Paul Anselin se réjouit de cette décision qu’il appelle “le plus beau cadeau de Noël qu’on puisse nous faire”. Cet ancien militaire est conscient d’avoir gagné une bataille, pas la guerre. Il envisage une solution qui mettrait fin au corps du délit : le collectif des défenseurs de la statue pourrait acheter le terrain où se trouve le monument. Mais pour le moment, le combat contre ceux qu’il appelle “les laïcards de la Libre Pensée” continue. Il n’est pas surpris de les voir en référer au Conseil d’État.
Pas si drôle
La guéguerre de Ploërmel aurait tous les ingrédients d’une bonne comédie si les tribunaux français n’étaient pas aussi engorgés… On imagine facilement que les juges auraient mieux à faire.