Le manque de structure de l’islam en France pose la question de la formation des imams, qui peuvent être soumis à des influences étrangères. “Dans plusieurs pays du Maghreb, des extrémistes musulmans veulent noyauter l’islam français”, s’alarme Saïd Oujibou, ancien musulman, devenu pasteur évangélique. Ce Franco-Marocain décrit une France qui ne prend que très progressivement la mesure de l’importance de la formation des imams.
Pas d’obligation de formation
Le Conseil français du culte musulman encourage les imams à suivre des formations, mais sans pouvoir les y contraindre pour le moment. La France a une tradition de laïcité, héritée du christianisme : “Rendez à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu”, pervertie en une supposée neutralité à l’égard de tout fait religieux. L’État ne devrait pas intervenir dans les affaires religieuses, mais l’islam, profondément politique, pose un problème spécifique à cette forme d’État.
Salafisme et Charia
Les imams salafistes, dont la présence est avérée en France depuis les années 1990, ont reçu leur instruction en Arabie saoudite. S’ils suivent les enseignements de ce courant de l’islam, qui prône le retour aux “origines” de leur religion, ils militent pour l’instauration de la Charia, c’est-à-dire la loi islamique, à laquelle tous les musulmans doivent être soumis. Or, sur le territoire de la République française, cette législation qui existe dans d’autres pays comme l’Arabie saoudite ou le territoire contrôlé par Daesh, entre en confrontation avec les lois de la République.
Bientôt des imams certifiés ?
Les attentats du 13 novembre 2015 posent douloureusement la question de l’islam radical, et le nouveau président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) Anouar Kbibech, a décidé de créer une sorte de label délivré par le CFCM pour certifier la “tolérance” et “l’ouverture” des imams. Une initiative certainement utile, mais qui intervient dans un chantier complexe : les imams, en France, ont des influences étrangères diverses, et sont souvent en désaccord sur des questions théologiques. De plus Anouar Kbibech reconnaît qu’il est tout à fait impuissant pour résoudre le problème des “imams itinérants” qui vont de mosquées en mosquées et qui viennent de pays étrangers. Autre problème insoluble à ses yeux, la “mosquée de poche”, à savoir les prêches les plus extrémistes disponibles avec un simple téléphone portable !