Après une rencontre avec les autorités civiles puis les divers responsables religieux du pays, le Souverain Pontife a célébré à l’université de Nairobi la première grande messe de son voyage en Afrique. Plus de 25 000 agents de police, dont la plupart membres d’unités paramilitaires, et 3 000 casques bleus, assurent la sécurité du pape François, arrivé mercredi 25 novembre à Nairobi, au Kenya, pour sa première visite en Afrique. Le Souverain Pontife reste 48 heures sur le sol kenyan, avant de poursuivre son voyage vers l’Ouganda puis la Centrafrique. Un périple de six jours que le Pape entreprend sous le signe de la “réconciliation” et du “pardon”, alors pas question pour lui de renoncer aux contacts avec le peuple, avec les gens pauvres de la rue : malgré les rumeurs de possibles attentats, il tourne en voiture découverte, distribuant sourires et caresses autour de lui, comme un jour ordinaire d’audience générale, place Saint-Pierre.
“Le dialogue interreligieux n’est pas un luxe !”
Au Kenya, encore traumatisé par les récents massacres commis par des islamistes à l’université de Garissa, près de la frontière somalienne, en avril 2015, le Pape s’est encore une fois insurgé contre les violences commises au nom de Dieu qui ne servent qu’à “semer la discorde et la peur, et déchirer le tissu de notre société”, alors que “le Dieu que nous cherchons à servir est un Dieu de paix”, un Dieu qui invite les hommes à “vivre dans la paix, dans l’harmonie et le respect réciproque”, a-t-il rappelé haut et fort, ce jeudi matin, devant les responsables religieux des différentes communautés du pays, musulmans, hindous, religions traditionnelles, anglicans et autres Églises chrétiennes du pays, à Nairobi.
À tous ces responsables, le Pape a rappelé l’importance du dialogue interreligieux qui “n’est pas un luxe, a-t-il dit, pas quelque chose de supplémentaire ou d’optionnel… mais quelque chose dont notre monde, blessé par des conflits et des divisions, a besoin plus que jamais”. Il leur a demandé de renforcer “les liens qui existent déjà entre” eux et d’être “des artisans de paix” afin que “tous les hommes et toutes les femmes se considèrent comme des frères et des sœurs, pacifiquement unis dans et à travers leurs différences”.
Contre le radicalisme, faire levier sur les jeunes
Et ce dialogue doit être mis “au service du bien commun” en commençant par faire levier sur les jeunes, “la plus précieuse des ressources” pour une nation, avait dit le Souverain Pontife hier après-midi en rencontrant les autorités kenyane. Comment ? En se souciant de leurs problèmes et de leurs aspirations, et promouvant parmi eux un plus grand esprit de “cohésion et intégration”, “la tolérance et le respect des autres”, les qualités nécessaires pour construire “un ordre démocratique solide”.
Les jeunes sont l’une des priorités du pape François lors de cette première étape en Afrique. “Je veux leur parler… en rencontrer le plus possible, encourager leurs espérances et leurs aspirations”, a-t-il dit aux autorités kenyanes. Convaincu que “les protéger, investir sur eux et leur tendre une main secourable, sont la meilleure façon de leur assurer un avenir digne de sagesse et digne des valeurs spirituelles chères à leurs aînés, valeurs qui sont le cœur et l’âme d’un peuple”.
Dans un pays miné par la corruption, le Pape a mis en garde les dirigeants contre “les germes” du “désespoir et de la pauvreté”, animés par “la peur, la méfiance et la frustration” qui “nourrissent la violence, le conflit et le terrorisme”, et appelé les jeunes, dès le lendemain, à “rejeter tout ce qui conduit au préjugé et à la discrimination, des choses qui – nous le savons – ne sont pas de Dieu” et portent “au radicalisme”.
Sur la santé des familles
Près d’un million et demi de croyants assistaient ce jeudi matin à la grande messe du Pape, sur le campus universitaire de Nairobi. Dans son homélie, François a demandé aux familles de “résister aux pratiques qui favorisent l’arrogance chez les hommes, qui blessent ou méprisent les femmes, qui ne soignent pas les anciens et menacent la vie des innocents qui ne sont pas encore nés”, pour le bien de la cellule familiale, et sa solidité, menacée aujourd’hui par “l’avancée de nouveaux déserts créés par une culture de l’égoïsme et de l’indifférence envers les autres”.
La santé de toute société, a insisté le Pape, dépend toujours de la santé des familles. “Pour leur bien et celui de la communauté, a-t-il affirmé, la foi dans la Parole de Dieu appelle à les soutenir dans leur mission à l’intérieur de la société”, où les familles chrétiennes, a-t-il rappelé, ont pour mission spéciale de “faire rayonner l’amour de Dieu et répandre partout l’eau vivifiante de son Esprit”.
Quelque 9 000 prêtres et membres du clergé, ainsi que 60 cardinaux, archevêques et évêques de toute l’Afrique de l’Est étaient présents à la liturgie, suivie également sur grand écran par des dizaines de milliers de personnes à Uhuru Park, le parc de la Liberté, lieu symbolique du pays.
Ce jeudi après-midi, François devait rencontrer des prêtres, religieux, religieuses et séminaristes, dans une école, la Saint-Mary’School.