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Les musulmans font bloc contre “la barbarie terroriste”

FRANCE, Paris: A man holds a placard reading I'm muslim but I'm not a terrorist as people gather on place de la Republique to pay tribute to the victims of Paris attacks, on November 17, 2015. - CITIZENSIDE/SAœD ANAS

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 20/11/15
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Abdel Tadmaya, Bassem Bralki, Rozah, ne veulent pas faire le jeu des terroristes … Depuis les attentats du 13 novembre, ils se mobilisent, crient leur colère contre les djihadistes. Un texte solennel de condamnation du terrorisme par les musulmans sera lu dans les 2 500 mosquées de France ce vendredi 20 novembre.

Trahis dans leur religion

Après les attentats meurtriers du 13 novembre à Paris, les Français ont plus que jamais besoin de s’unir ensemble et de faire bloc contre le terrorisme. Abdel Tadmaya, de confession musulmane, a les yeux bandés, les bras ouverts. Dans un grand geste de paix et d’amour, il propose aux passants, venus comme lui se recueillir place de la République, de les serrer dans ses bras. Il se sent trahi dans sa religion. À côté de lui, une pancarte avec le message suivant : “Je suis musulman et on dit de moi que je suis terroriste. Je vous fais confiance. Et vous ? Alors faites-moi un câlin”. Bouleversés, les passants n’hésitent pas, se serrent contre lui et le remercient de ce geste magnifique qui, depuis lundi, tourne en boucle sur les réseaux sociaux.

https://www.youtube.com/watch?v=lRbbEQkraYg

Appels à traquer les imposteurs

De son côté, l’association des Étudiants musulmans de France (EMF), active dans toute la France, a réalisé un clip montrant des étudiants filmés avec une pancarte “#NousSommesTousUnis“. Ils condamnent sans réserve les attentats. Sans réserve comme ce “grand coup de gueule” poussé par ce jeune électricien de Lyon, Bassem Bralki, 35 ans, dans un langage aussi fleuri que sa colère est grande contre les djihadistes :

“Je m’adresse à tous les muslims, à tous les musulmans de France. Protégeons notre belle religion. Allons traquer ces imposteurs qui se font passer pour des musulmans en tuant des gens (…) C’est nous muslims qui allons à la mosquée, nous musulmans qui prônons les valeurs de la République, c’est à nous de faire le ménage. C’est à nous de traquer ces fils de p***. C’est à nous de voir, de dire à la moindre chose louche, t’en réfères aux autorités, t’es pas une balance… Rebellons-nous ! Rebellons-nous ! Montrons à tous ces gens, même si on n’a rien à se justifier parce que les plus intelligents sauront que l’islam ce n’est pas ça. (…) Ça suffit de ces pseudo muslims … qui sont là et qui salissent deux milliards de musulmans.”

Sa vidéo, postée sur Facebook, a été vue plus de 5 millions de fois en deux jours. Bassem n’en revient pas. Il compte mettre à profit sa nouvelle notoriété “en allant porter sa parole dans les mosquées et tenter d’éviter que des jeunes de quartier se radicalisent”, confie-t-il à BFM TV.

Contre les amalgames

Depuis les attentats, les actes islamophobes se multiplient, en tout une vingtaine, relève le ministère de l’Intérieur. L’Observatoire national contre l’islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM) dénonce violences physiques ou dégradations à répétition, menaces, insultes, lettres et paroles haineuses, notamment à Marseille et Toulouse… Rozah est Française et musulmane, elle trouve horrible de ressentir le besoin de se justifier. Le Nouvel Obs lui donne la parole, voici quelques extraits :

“(…) Je ne suis pas, je ne peux pas être de ceux que j’abhorre. Ceux qui, hier, ont  terrorisé ma famille en Algérie. Ceux qui, aujourd’hui, nous terrorisent ici et nous menacent tous. Ce n’est pas la musulmane qui s’exprime ici, mais la Française (…). Se savoir parfaitement innocent d’un crime mais s’attendre à en payer le prix : réflexions désobligeantes des lendemains, insultantes injonctions à la ‘désolidarisation’, angoisse du futur. (…) J’ai peur, mais je veux pas, comme après Charlie, céder et cacher cette visibilité qui fait partie de moi. Je refuse de m’interdire d’être ce que je suis. J’ai ma place ici. Désolée/pas désolée pour ceux que cela chagrine : la France fait partie de moi et je fais partie de la France. Ma France s’appelle Thomas, Hugo, Priscilla, Vincent ou Marion… Elle s’appelle aussi Asta, Kheireddine, Halima ou Mohamed-Amine. Ils sont tous partis de la même façon. Ce sont les Français, toutes confessions et origines confondues, qui aujourd’hui sont en deuil. C’est la France telle qu’elle est aujourd’hui qui saigne (…).”

Lever toutes les ambigüités

Et alors qu’à travers le territoire français l’offensive contre les mosquées “radicales” a commencé, un “texte solennel” condamnant le “terrorisme” a été diffusé vendredi, jour de prêche, dans les quelque 2 500 mosquées de France. Ce texte, précise le Conseil français du culte musulman (CFCM), condamne “sans ambiguïté” toute “forme de violence ou de terrorisme” et proclame l’attachement “indéfectible” des musulmans de France “au pacte républicain et aux valeurs qui font la France”.

Le terrorisme est “la négation même des valeurs de paix et de fraternité que porte l’islam”, écrit le CFCM. Avec plusieurs références coraniques et des hadiths, le message est clair : condamner tout en dénonçant les amalgames. L’initiative du CFCM a été accueillie positivement par l’Union des organisations islamiques de France, qui exhorte à “s’élever contre la barbarie et l’obscurantisme” et “refuser que des illuminés ignorants doublés de délinquants jettent l’opprobre sur l’islam et les musulmans” (Radio Vatican).

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