La croissance de la population africaine n’est pas nécessairement un problème et peut favoriser un “rajeunissement” des sociétés occidentales vieillissantes. En 2050, un quart de la population mondiale vivra en Afrique. Une fois de plus, le berceau de l’humanité s’apprête à jouer un rôle fondamental pour l’avenir de cette dernière.
Le rapport des Nations Unies “Perspectives de la population mondiale”, publié fin juillet, met en évidence cette tendance. Il indique que le nombre d’habitants sur terre va continuer à augmenter, et ce malgré un ralentissement du rythme de la croissance démographique. Même si le nombre moyen d’enfants par femme a diminué partout dans monde depuis les années 70, la pression démographique reste forte, surtout dans les 49 pays désignés par l’ONU comme étant les moins développés au monde, parmi lesquels 32 se trouvent en Afrique.
Selon le rapport, la population mondiale passera de 7,3 milliards aujourd’hui à 9,7 milliards en 2050. Plus de la moitié de cette croissance aura lieu sur le continent africain. L’accroissement de la population africaine, particulièrement en Afrique subsaharienne, n’est pas une surprise. Les 10 pays possédant les taux de fécondité les plus élevés au monde se trouvent sur ce continent. La moyenne du continent est de 4,7 enfants par femme, pour une moyenne mondiale de 2,5.
On estime qu’en 2050, le Nigeria sera le quatrième pays le plus peuplé au monde et que l’Afrique sera la seule région du monde où la population continuera d’augmenter de façon significative.
Le rapport souligne l’inquiétude de l’ONU face à cette tendance, et précise qu’ “il est essentiel d’investir dans la santé en matière de procréation et dans la planification familiale, surtout dans les pays les moins développés […]”.
Derrière ces chiffres se cachent plusieurs réalités dont certaines peuvent s’avérer être positives, si on les aborde de la bonne façon.
Premièrement, la concentration dans les pays pauvres de l’essentiel de la croissance démographique rendra plus difficile l’éradication de la pauvreté et des inégalités, la lutte contre la faim et la malnutrition, ou encore l’amélioration de l’accès aux services fondamentaux.
Deuxièmement, en plus de l’augmentation générale des taux de fécondité dans les pays pauvres, on note une augmentation de l’espérance de vie grâce aux progrès de la santé et de la sécurité alimentaire.
Troisièmement, la forte pression démographique qui s’exerce dans les pays africains doit être considérée à la lumière du vieillissement de la population en Europe. Les flux migratoires depuis l’Afrique vers le vieux continent vont s’intensifier. Ce phénomène peut avoir un impact positif sur le développement économique et social en permettant un rééquilibre de la situation sur les marchés du travail. Le rapport souligne également l’importance des fonds envoyées par les migrants vers leurs pays d’origine.
Quatrièmement, d’ici 2050, le nombre d’Africains en âge de travailler dépassera la somme des enfants et personnes âgées. Ceci sera une opportunité de croissance économique sans précédente pour le continent africain. Les gouvernements africains doivent ainsi encourager la création d’emplois, surtout dans les zones rurales, afin d’endiguer l’exode rural et de répondre aux attentes de la population active. L’investissement dans le secteur de l’agriculture et des infrastructures est essentiel. Mais c’est encore plus vrai pour l’éducation. Après avoir garanti un accès à l’école primaire à tous les enfants du continent, il faut les aider à atteindre l’enseignement secondaire ou une formation professionnelle, et favoriser ainsi la création d’une main d’œuvre mieux formée.
Il est vrai que la croissance de la population africaine doit être contrôlée pour éviter une surpopulation et les problèmes qui en découleraient. Mais ceci doit passer par un programme complet, comportant des mesures sérieuses pour favoriser l’éducation, notamment des filles et des jeunes femmes. Sans cela, la croissance démographique risque de se transformer en véritable bombe à retardement.