Relativement épargnée jusque-là par la crise de la fécondité qui mine l’Europe, la France reste la moins mal lotie mais présente des signes de faiblesse depuis le début de l’année.L’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) enregistre un net fléchissement de la natalité des Français depuis le début de l’année dans son “Portrait social 2015”. Entre janvier et septembre, 569 000 bébés ont vu le jour, 16 000 de moins qu’en 2014 sur la même période, soit une baisse de près de 2,75 %.
Les lauriers sont fanés
Certes, la France reste largement en tête des pays européens dans lesquels l’effet de la crise économique se fait durement sentir, principalement l’Espagne, la Grèce et le Portugal. Avec deux enfants (1,99) par femme (ou pour mieux dire, 199 naissances pour 100 femmes en âge de procréer), “la France semble faire figure d’exception : elle est le seul pays d’Europe à avoir une fécondité stable et élevée depuis 2006”, souligne l’Insee dans son rapport. Il n’empêche que les Françaises n’ont jamais aussi peu enfanté depuis 1999 (559 900 bébés étaient nés entre janvier et septembre). À titre de comparaison, en 2014, 820 000 Français sont nés.
Notons aussi que l’indice de fécondité de 1,99 qui vaut à la France cette première place en Europe reste en-deçà du seuil de renouvellement des générations : 2,1 (soit 210 enfants pour 100 femmes en âge de procréer). Il ne faut donc pas s’illusionner sur ce titre de “champions d’Europe” qu’on décerne habituellement aux Français (TF1) à propos de sa natalité : elle n’est pas catastrophique comme chez nos voisins (par exemple, 1,4 enfant par femme en Allemagne), mais elle reste insuffisante pour nous protéger de l’hiver démographique. A fortiori si la baisse enregistrée depuis le début de l’année persiste ou s’aggrave.
Choc fiscal et coups de rabot
La crise économique et le chômage n’encouragent pas à mettre des enfants au monde. Et le matraquage fiscal des familles par le gouvernement, notamment la baisse du quotient familial, aura contribué à cette chute de la natalité. “Selon l’Insee, les réformes des prestations et des prélèvements intervenus l’an dernier ont induit une perte de 220 euros sur un an pour le niveau de vie moyen de 19 millions de Français. Soit un choc fiscal pour 8 foyers sur 10” (RTL). “Pour l’Unaf (Union nationale des associations familiales), les coups de rabot successifs, depuis 2012, commencent à faire sentir leurs effets : modulation des ‘allocs’, baisse du plafond du quotient familial, réforme du congé parental, etc.” (La Croix).
Par ailleurs, avec un taux record de naissances hors mariage de 56%, la France accuse le coup de la désaffection pour l’institution matrimoniale et du brouillage entretenu par les “lois sociétales”.