Quelle folie peut bien amener certaines personnes à tout quitter pour leur foi jusqu’au péril de leur vie ?Je viens de passer deux jours à Amman (Jordanie) avec des personnes déracinées pour avoir refusé d’abandonner le christianisme. Depuis, je n’arrête pas de me demander pourquoi certains choisissent de tout abandonner pour leur foi.
Je n’avais jamais vu le Jourdain et, honnêtement, je ne pensais pas que voir l’endroit où Jésus avait été baptisé me toucherait. En marchant le long du chemin qui menait au lieu du baptême du Christ, j’avais les yeux pleins de larmes. J’ai dû me faire violence pour ne pas craquer.
C’était bouleversant. Le Christ, Dieu et homme, s’était tenu là : Jean L’avait baptisé ici. Le ciel s’était alors ouvert, et Dieu le Père avait parlé et le Saint Esprit était apparu. C’était réel. Et je pouvais vraiment le sentir.
Soudain, tout s’est mis en place. Je pouvais voir le chemin de Jean dans le désert, parce que je l’avais moi-même effectué. Et, pour la première fois de ma vie, ma foi était devenue perceptible. Je pouvais sentir la présence de Dieu comme jamais auparavant.
Nous sommes allés déjeuner. J’ai soudain compris que les réfugiés chrétiens rencontrés à Amman avaient vécu ce que je venais juste de vivre et qui vous coupe de la réalité, et pour toujours, et vous écarte de ce qui n’est finalement qu’une distraction par rapport à la réalité : le travail, les voitures, le sport.
En allant en Jordanie, là où Jésus avait été baptisé, et en me familiarisant avec ce sens de la réalité divine, je commence seulement à comprendre pourquoi les gens sont prêts à mourir, à se déplacer, pour le Christ.
Hormis la messe, nous, Américains et Européens, n’avons pas cette relation quotidienne avec le divin.
La foi devient réelle, d’une façon totalement différente, lorsque l’on marche dans le désert dans les pas de Jésus accompagné de Pierre et de ses disciples ; que l’on met les pieds dans l’eau du Jourdain et comprend et réalise qui était là avant nous ; que quelqu’un vous met un fusil sur la tempe et vous demande de renoncer à votre foi.
Ne vous méprenez pas ; cela ne veut pas dire que nous ne pouvons connaître cette réalité d’autres manières. Elle est singulière. Elle m’a changé à tout jamais.
Cela peut paraître étrange, mais les réfugiés que j’ai rencontrés ont été un cadeau pour moi. J’ai lu et suivi leur calvaire, mais je n’avais pas vraiment compris. Aujourd’hui je comprends.
Ils sont un signe visible de l’Amour de Dieu pour nous et de leur amour pour Dieu…
Nous avons davantage besoin des réfugiés qu’ils n’ont besoin de nous. Ils ont besoin d’aide matérielle, de pouvoir rentrer chez eux et nous devons au moins prier comme des saints pour que Dieu leur vienne en aide ; nous devons dire la vérité à ceux qui sont au pouvoir, et qui ne peuvent ignorer leur calvaire.
Mère Teresa a parlé de la pauvreté matérielle, et de la pauvreté spirituelle pire encore. Nous avons ce dont les réfugiés ont besoin, mais ils ont la seule chose qui a réellement de l’importance : une relation d’amour avec Jésus Christ – si complète et si forte qu’ils sont prêts à tout sacrifier pour Lui rester fidèles.
J’écris depuis les rives du Jourdain, humble et changé. Si ce n’est pas le Jourdain qui en est la cause, ce peut être ce qui s’y est passé.
Trouvez le moyen d’aller en Jordanie. Vous en reviendrez changé à tout jamais.