L’appel de Mgr Shevchuk, primat de l’Église grecque-catholique. Dans le pays, trêve dans l’escalade de la guerre mais l’urgence humanitaire est sévère.L’hiver est aux portes du pays, une préoccupation de plus pour la situation des réfugiés : l’archevêque majeur de Kiev, Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk, présent à Rome pour les travaux du synode ordinaire sur la famille, est revenu sur la grave crise humanitaire qui afflige l’Ukraine depuis l’annexion de la Crimée par les Russes en 2014, après un référendum très contesté.
La machine politique dure à relancer
Des centaines de milliers de personnes ont dû quitté la péninsule mais aussi la région du Donbass, dans le Sud-Est de l’Ukraine, tombée aux mains des rebelles séparatistes pro-Russes. Les accords de Minsk, en septembre dernier, ont abouti à une pause dans l’escalade de la guerre et à un premier retrait des armes lourdes de chaque côté de la ligne de front.
Mais, dans le reste du pays, la vie politique a du mal à se remettre en marche, tout comme la vie économique qui ne cesse de décliner, subissant les contrecoups de 17 mois de conflit entre forces ukrainiennes et séparatistes pro-Russes ayant fait plus de 8 000 morts, selon l’ONU.
Le 25 octobre dernier, l’Ukraine a organisé ses premières élections locales depuis la chute du président Viktor Ianoukovitch, mais sans grand enthousiasme de la part du peuple ukrainien qui s’est rendu peu nombreux aux urnes et peine à espérer en des jours meilleurs.
L’Église catholique en première ligne
L’Église grecque-catholique ukrainienne est en première ligne pour répondre à ce qui représente pour Mgr Shevchuk “la plus grave crise humanitaire jamais vue en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale”. “Les paroisses, raconte l’archevêque de Kiev, ont été les premières à ouvrir leurs portes aux familles sans demander à quelle religion ou quelle confession celles-ci appartenaient”. La souffrance est la même pour tout le monde – catholiques, orthodoxes, musulmans – et sans distinction ethnique – tartares, hongrois, polonais, russes – tous unis autour de cette idée que l’Ukraine forme une seule et même nation et que son intégrité doit être respectée.
Les Ukrainiens ont besoin plus que jamais de solidarité
Les évêques, au cours du synode sur la famille, ont fait part de leur grande inquiétude face à une situation dont la gravité est telle que le pape François, ponctuellement, lance des appels de détresse à la communauté internationale, afin que celle-ci apporte son soutien et son aide matérielle et spirituelle aux populations éprouvées. La dernière fois fut à New York, dans son discours aux Nations unies, en septembre dernier, rappelle Mgr Shevchuk.
À tous ceux qui pensent qu’il n’y a plus de problème en Ukraine, l’archevêque répond : “C’est faux, les Ukrainiens ont besoin plus que jamais de l’aide de tous !”. L’occasion pour lui de remercier Caritas Internationalis et Caritas Italie, mais également toutes les familles ukrainiennes qui ont apporté leur solidarité aux réfugiés. Ces mêmes familles, rappelle-t-il, qui ont su protéger leur foi sous le communisme et sauver l’Église durant les persécutions. Aujourd’hui l’Église ukrainienne se sent redevable à leur égard. Pour elle, défendre la dignité et sauver la famille d’aujourd’hui est “un devoir”, conclut le primat de l’Église grecque-catholique en Ukraine.