Ni l’un, ni l’autre assure Besim Atbalgim du Centre culturel mésopotamien de Locarno, en Suisse. Seulement des volontaires.Parallèlement à l’exode des chrétiens de Syrie, de plus en plus de chrétiens européens partent combattre les islamistes de Daesh entre l’Irak et la Syrie. “Une dizaine, peut-être une vingtaine de jeunes Européens partis défendre le peuple chrétien en Syrie” et qui ne sont “ni des mercenaires, ni des fanatiques”, assure Besim Atbalgim du Centre culturel mésopotamien de Locarno, en Suisse. Ces jeunes n’ont, pour la plupart, jamais eu d’arme entre les mains, ni suivi un quelconque entraînement militaire.
Une promesse et un slogan pour les attirer
Ces chrétiens, comme les centaines d’autres bénévoles étrangers “fils d’émigrés chrétiens libanais et Syriens de la deuxième génération”, issus pour la plupart d’Espagne, d’Argentine et du Brésil, partent rejoindre “les unités de mobilisation populaires”, une coalition de milices majoritairement chiites qui leur a promis une formation militaire et humanitaire en échange d’une promesse : assurer avec eux la protection des chrétiens persécutés, sous le slogan : “Notre destin est commun et nous devons combattre ensemble” pour les convaincre à se rallier à eux.
Parmi ces milices, la plus prisée est l’organisation armée “Dwekh Nawsha” – expression araméenne qui signifie “futurs martyrs” – active surtout dans le Nord de l’Irak, qui appuie l’armée kurde et défend les villages chrétiens menacés par l’État islamique. L’association chrétienne dispense des conseils en recrutement sur sa page Facebook. Son ambition : recruter le plus de monde possible – anciens militaires, étudiants, militants d’associations chrétiennes ou de simples citoyens – pour multiplier les chances de stopper la folle expansion de Daesh et de briser ses plans d’extermination à l’encontre des populations chrétiennes, mais aussi kurdes et yézidies, et des musulmans chiites.
Un front hétérogène contre la barbarie
Difficile de distinguer la croix du “croissant de lune” chiite, reconnaissent les analystes. Mais la présence de ces combattants – trop souvent assimilés à une nouvelle génération de “croisés” fanatiques – doit être ramenée à sa juste dimension, estime Riad Yar Bkrli, membre du parti d’opposition turc Assyrian organization dans des propos rapportés par Milanopost, le quotidien online milanais d’information et de culture.
L’opposant accuse certains sites d’information turcs et occidentaux de vouloir impliquer les chrétiens dans la guerre en Syrie, alors que ces derniers cherchent à s’entraîner pour remplir – aux côtés de forces de protection comme la Force de protection populaire (kurdes) – un rôle non pas “de guérilla” mais de “défense et protection” contre la barbarie de l’organisation État islamique (EI).
Le chrétien d‘origine turc Lahdu Obil lui fait écho : “Depuis 2 000 ans nous savons qu’au Moyen-Orient, pour survivre il faut se battre. Arrêtons de fuir. Nos gens se sont organisés pour se défendre avec l’aide de jeunes Européens provenant de Suisse, d’Allemagne, voire même de Suède”. Lahdu Obil est le président de l’Union syriaque européenne, à Bruxelles, mouvement formé d’une douzaine d’associations de chrétiens émigrés du Moyen-Orient.
Baiji, ville symbole de la résistance
Et commencent à filtrer surtout en Espagne et en Amérique du Sud – grâce aux réseaux sociaux – les témoignages de réels succès de guerre, comme à Baiji et ses environs, une petite localité très stratégique, à quelque 200 km au nord de Bagdad, “libérée des coupeurs de têtes”, commente le Milanopost, grâce à l’armée régulière irakienne et à ces “Unités de mobilisation populaire”, après plusieurs changements de main et de durs combats depuis l’offensive de l’EI en Irak en juin 2014.
La ville de Baiji se trouve dans la province centrale de Salahuddin, le fief de l’ancien président Saddam Hussein. Les forces irakiennes affirment y avoir découvert, début octobre, 19 fosses communes contenant les corps de 365 combattants de Daesh.
Neutraliser les djihadistes coûte que coûte
Face à l’extermination – 250 000 depuis 2011 – et l’expulsion des chrétiens du Moyen Orient – environ 30 000 de la seule plaine de Ninive, au Nord de l’Irak – ces chrétiens européens misent tous leurs espoirs sur cette grande coalition de défense armée pour neutraliser les djihadistes. “C’est notre dernière occasion : si on échoue ce sera la fin du christianisme en Irak”, déclare John Michael, un citoyen britannique d’origine assyrienne, enrôlé dans ces milices.
Raison pour laquelle les chrétiens assyriens de la diaspora ne cessent d’organiser des campagnes de financement et de collecte de fonds, en particulier aux États-Unis, en Australie et en Suède, pour les chrétiens armés en Irak. Leur participation, est selon eux, le seul moyen pour – non pas “exacerber les tensions religieuses” en montant toute une armée contre l’EI, comme cela leur est souvent reproché – mais intervenir là où la communauté internationale a jusqu’à présent failli.
“Fais le signe de croix et il ne t’arrivera rien. La Vierge nous protège”, murmure un milicien, son chapelet autour du cou et un kalachnikov en bandoulière à l’entrée de Maaloula la martyre qui panse ses plaies, un an après sa libération des griffes de Daesh.