Nul ne sait comment se terminera le synode. Ni surtout comment il finira le lendemain dans les quotidiens du monde entier. Il ne reste qu’à attendre les conclusions que les pères synodaux rendront au pape et ses décisions. À quelques jours de la fin des travaux, nous en connaissons déjà les deux grilles de lecture les plus faciles : la victoire des défenseurs de l’orthodoxie doctrinaire, les “résistants” au pape François ; et la victoire de ceux qui veulent s’ouvrir, les partisans de la pastorale de la miséricorde, les proches du Saint-Père.
Victoire ou défaite des conservateurs ou des progressistes
Pour donner un fondement à ces “lectures”, chacun dépouillera les documents finaux pour trouver la phrase sur laquelle baser son analyse. Et pas seulement la presse, les vaticanistes et ceux qui se considèrent comme tels parce qu’ils ont écrit un article sur l’obélisque de Saint-Pierre ou sur la colonnade du Bernin. Les hommes d’Église, connus ou non, le feront aussi et peut-être également quelques pères synodaux. Peu importent ces scénarios médiatiques tellement éloignés du véritable synode.
C’est une autre dimension qui nous intéresse, dont on parle bien peu : l’image de l’Église et du synode auprès des fidèles simples et non érudits, qui ont eu du mal à suivre, même sommairement, ces trois semaines (attendu qu’ils l’aient fait). Pour eux la question est simple : le Pape a convoqué les représentants de tous les Épiscopats du monde pour parler de la famille. La doctrine, la pastorale, la miséricorde et la vérité sont des sujets qui ne leur parleront pas.
L’impression sera certainement simpliste : l’Église, le Pape et les évêques sont-ils proches de leur vie quotidienne ou éloignés ? Vivent-ils tous dans le même monde que nous ou sur une autre planète ? Est-ce l’Église de ma vie quotidienne ou celle des colloques, des documents et décisions réservés aux “spécialistes” ?
Après le synode, leur vision sera simple et schématique, vraie ou fausse, mais ce sera leur “vérité” et leur “perception”. Et cette réalité n’est pas à sous-estimer. Certes, l’Église ne vit pas et ne prend pas ses décisions en fonction de l’opinion publique, mais il est également vrai que l’Église ne peut faire abstraction de ce que pensent les hommes et les femmes de son image, son mystère et son magistère.
Cette vision peut rapprocher ou éloigner, faciliter ou compliquer une rencontre, un dialogue, le fait de vouloir être et rester ensemble pour le Christ et avec le Christ.
Verrons-nous une Église samaritaine, un hôpital de campagne, sans portes, avec ses pasteurs parmi les gens et non enfermés parmi les livres, parchemins et codes, une Église courageuse qui ne craint pas de risquer pour pouvoir embrasser l’homme et ses souffrances ? Aurons-nous une Église qui ose descendre aux côtés de ceux qui souffrent, une église d’une humanité infinie ? Une Église humble, faisant autorité et non pas arrogante, triomphante et hautaine ? Une Église qui se donne sans conditions comme le Maître Lui-même ? ou une Église calculatrice, prudente, tactique, mesquine ? “Mon” Église ou l’Église de “quelques uns” seulement ?
Ainsi, l’après-synode est risqué si l’on donne à cette opinion publique des images ou perceptions insidieuses au lieu de ces tant attendues réponses authentiques au “monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi”, comme l’écrivit Benoît XVI dans sa Declaratio.
Ce n’est pas Jésus et son Évangile qui sont en jeu mais l’âme et l’apparence de sa sainte Épouse, l’Eglise.
Nous espérons et attendons patiemment.