Pour tenter d’endiguer le départ de jeunes gens séduits par le djihad, le gouvernement donne la parole à des parents de terroristes. La famille aurait-elle plus de poids que la laïcité ? Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, près de 2 000 jeunes, Français ou vivant en France, ont été recrutés par les filières djihadistes. Un quart d’entre eux ont quitté la France pour rejoindre les combattants de l’État islamique en Syrie et en Irak où plus de 130 ont trouvé la mort. Il y a aussi “des centaines, voire des milliers de jeunes concernés par la radicalisation, c’est un défi considérable pour la société qui nécessite qu’on mobilise les familles”, a précisé Manuel Valls mercredi 7 octobre sur RTL. Il y aurait en effet 3 000 signalements de candidats potentiels au djihad en France, dont 23% concernent des mineurs parmi lesquels une majorité de jeunes filles.
Quatre spots de témoignages des familles
Pour tenter d’endiguer la radicalisation de jeunes français, le gouvernement, après avoir créé le site internet www.stop-djihadisme.gouv.fr, vient de lancer quatre spots télévisés dans lesquels ce sont les familles qui témoignent de leur désarroi et de leur souffrance après le départ inopiné d’un de leurs fils, filles, frères ou sœurs.
Il s’agit de “produire un contre-discours”, a expliqué le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve en présentant cette campagne. Voilà qui est nouveau et surprenant. On avait cru comprendre que c’était la laïcité qui pourvoyait à l’éducation en France pour assurer “le respect absolu de la liberté de conscience”, selon la retentissante déclaration du précédent ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon. Et sûrement pas la famille, car, avait-il poursuivi dans une envolée digne des grands ancêtres de 1793, “pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix” (JDD, 1er septembre 2012).
Rattrapé par le principe de réalité
Mais voilà, plusieurs milliers de jeunes Français ont fait le choix d’embrasser la cause de l’État islamique qui leur a apparemment parlé plus fort que l’éducation laïque, gratuite et obligatoire supposée les émanciper de la religion et… de la famille. Et sur qui compte aujourd’hui le gouvernement socialiste pour ramener les brebis égarées au bercail ou dissuader les autres de le quitter ? Sur la famille. C’est ce qui s’appelle être rattrapé par le principe de réalité.