L’Afrique subsaharienne où la pauvreté s’enracine, reste à la traîne selon le dernier rapport de la Banque mondiale.L’extrême pauvreté devrait reculer cette année à un niveau sans précédent et frapper moins de 10% de la population mondiale, selon un rapport de la Banque mondiale (BM), publié dimanche. Selon les projections de la BM, quelque 702 millions de personnes, soit 9,6% de la population mondiale, vivent sous le seuil de la pauvreté, que l’institution a d’ailleurs relevé de 1,25 à 1,90 dollar par jour pour tenir notamment compte de l’inflation. “Ces prévisions prouvent que nous sommes la première génération de toute l’histoire de l’humanité en mesure de mettre fin à l’extrême pauvreté”, se félicite Jim Yong Kim, le président de l’institution, une semaine avant la prochaine assemblée générale de l’institution à Lima, au Pérou, avec le Fonds monétaire international (FMI).
“Une croissance économique dynamique” et l’augmentation d’investissements dans des domaines comme la santé, l’éducation, et dans les mécanismes de protection sociale auraient permis d’éviter à des millions de personnes “de retomber dans la pauvreté”, précise la BM.
Mais certaines régions n’arrivent pas à suivre le rythme
La Banque mondiale prévoit une nette baisse de la pauvreté en Asie et en Amérique latine et dans les Caraïbes, mais s’inquiète pour les régions d’Afrique subsaharienne où l’extrême pauvreté devrait encore frapper cette année 35,2% de la population. “La concentration croissante de la pauvreté dans le monde en Afrique subsaharienne est extrêmement inquiétante (…). La région dans son ensemble n’arrive pas à suivre le rythme de réduction de la pauvreté du reste du monde”, souligne l’institution. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, impossible de disposer de données fiables en raison des conflits sévissant dans les principaux pays de la région.
Beaucoup reste à faire
Mettre fin à la pauvreté d’ici 2030 : l’objectif visé est “particulièrement ambitieux, surtout en cette période de ralentissement de la croissance, de volatilité des marchés financiers, de conflits, de chômage des jeunes et d’impact grandissant du changement climatique”, reconnaît Jim Yong Kim. Le président de la BM espère néanmoins que l’annonce de ce recul de la pauvreté insufflera “un nouveau dynamisme”, encourageant les organismes internationaux à “privilégier plus que jamais les stratégies à l’efficacité avérée”. Pour l’heure, parmi les turbulences à craindre, la Banque mondiale signale spécifiquement l’impact du prochain resserrement de la politique monétaire américaine, qui pourrait conduire les investisseurs à quitter en masse les pays à faible revenu au risque de les priver de ressources vitales.
Une des premières à réagir au rapport de la BM, l’organisation Oxfam, a estimé que le chiffre global “restait intolérablement élevé”. “Beaucoup reste à faire”, a déclaré Nicolas Mombrial, le directeur de l’organisation à Washington. Pour lui, “la mobilisation de nouvelles ressources et un changement politique radical sont nécessaires”.